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Racisme d'Etat

Le tueur de la rue d’Enghien avait attaqué des migrants au sabre, la police avait aussi arrêté les victimes

Le meurtrier de trois militants kurdes rue d’Enghien le 23 décembre, avait attaqué un camp de migrants au sabre en 2021. La police avait arrêté l’assaillant et les victimes ! Elle les avait placées en garde-à-vue et elles avaient été envoyées devant la justice pour violence.

Augustin Tagèl

27 décembre 2022

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Crédits photo : AFP

« Mort aux migrants ! », c’est avec ce hurlement et un sabre à la main que le 8 décembre 2021 à 7 heure du matin, William M. attaque un camp de migrants dans le parc de Bercy. Selon les témoignages recueillis et l’enquête effectuée par le Monde et par Mediapart, l’homme commence par taillader les tentes où dorment des familles, avant d’attaquer l’un des habitants du camp, lui portant des coups au dos et à la hanche. D’après le Monde, il frappe également de son sabre un mineur. D’autres migrants finissent par le maîtriser et le désarmer.

Arrivée sur les lieux, la police procède à l’arrestation immédiate de l’ensemble des personnes impliquées, agresseur comme victimes, et les places en garde à vue. Il faut dire qu’eux aussi sont habitués à lacérer les tentes des migrants, à attaquer des campements, à gazer, à passer à tabac, en prenant un malin plaisir à saisir duvet et effets personnels en plein hiver. Une responsable de l’association humanitaire Aurore, présente aux côtés des migrants du camp, témoigne pour Le Monde, qu’« après leur garde à vue, elles nous ont dit n’avoir reçu aucun soin ni avoir eu accès à un traducteur ».

Mais l’Etat et la police ne s’arrêtent pas là, puisque les migrants passent devant un juge pour « violence en bande organisée ». Finalement relâchés, les migrants sont maintenus sous le statut de témoins assisté, et non de victime, c’est-à-dire un statut intermédiaire entre témoins et mis en examen, lorsqu’il existe des indices pouvant faire croire à sa culpabilité lors de l’infraction.

Pire encore, comme en témoigne auprès de Mediapart la responsable de l’association Aurore, « dans un premier temps, la police a considéré qu’ils étaient tous sans-papiers, alors qu’il y avait deux réfugiés et un demandeur d’asile dans le lot ». Un traitement raciste qui n’étonne pas de la part des forces de police pour qui tout migrant est considéré comme un criminel à chasser et incarcérer. L’un des migrants mis en garde à vue, n’ayant pas de titre de séjour, a reçu une obligation de quitter le territoire français (OQTF), qui précise notamment qu’il se serait livré à des « violences volontaires avec arme et en réunion ».

Suite à cette attaque, la majorité des migrants n’ont pas été pris en charge, certains traumatisés psychologiquement d’avoir été tiré de leur sommeil par l’agression, ou par les violences subies.

Dans le même temps, à l’image de la répression policière qu’ont subie les Kurdes endeuillés lors de leurs rassemblements après l’attentat, les membres des associations humanitaires qui se sont rendus au camp dans les jours suivant ont été verbalisé et réprimés pour « rassemblement non autorisé », et surveillées par un déploiement massif de la BRAV-M et des CRS.

Concernant William M., la justice avait à l’époque retenu la simple infraction de « violence avec arme », et non de tentative d’homicide. Une manière évidente de minimiser les faits et de ne pas le garder en détention provisoire plus d’un an. Douze jours après sa libération, il commettra l’attentat contre la communauté Kurde.
Une situation qui illustre une nouvelle fois le rôle clé que joue l’institution policière dans la chasse aux migrants, la xénophobie d’Etat.

Ce qui apparaît clairement dans cette affaire, c’est la continuité entre des institutions dont le rôle est de maintenir l’Europe forteresse, une cabale médiatique et politique permanente contre les étrangers et les migrants, la banalisation des discours et des appels à la haine de l’extrême droite. Cela montre une fois de plus qu’il n’y a rien à attendre du bras armé de l’Etat qui ne peut que protéger ceux qui agressent les migrants.

Face à cette attaque et à cet attentat, face aux complaisances avec l’extrême droite et face à la répression, nous réaffirmerons : à bas la police ! A bas l’État xénophobe ! Solidarité aux migrants. Solidarité aux proches des victimes et à la communauté kurde.


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