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Sécheresse

Les Pyrénées Orientales ravagées par un incendie. Un avant-goût d’un été de catastrophes ?

Après une sécheresse hivernale historique, le niveau des nappes phréatiques est bas, et laisse présager un été de sécheresse. Dans les Pyrénées Orientales, la catastrophe est déjà là, avec un incendie, aujourd'hui maîtrisé, qui a ravagé plus de 1000 hectares et des approvisionnements en eau potable coupés.

Milie Venne

19 avril 2023

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Après une sécheresse hivernale historique, à l’échelle de la France, la situation est plus que critique dans les Pyrénées Orientales. La sécheresse qui touche actuellement la région est la plus importante depuis le début des relevés de Météo France en 1959 et un violent incendie a ravagé plus de 1000 hectares de végétation. Une situation qui laisse présager un été de catastrophes aussi bien au niveau de la disponibilité de l’eau que des incendies, et face à laquelle le gouvernement fait une fois de plus peser la responsabilité individuelle.

Le déficit de pluie est particulièrement préoccupant dans la région, comme le souligne Romaric Cinotti, référent feux de forêt à Météo-France. Les relevés indiquent une précipitation de 230 mm sur l’année écoulée contre 626 mm en moyenne au Cap Béar, station la plus proche de l’incendie. Le docteur en agrométéorologie Serge Zaka évoque un climat désertique pour la région du fait du déficit hydrique de -73%.

C’est dans ces conditions qu’un violent incendie, aujourd’hui maîtrisé, s’est déclaré le 16 avril ravageant 930 hectares en France et 130 du côté espagnol, l’Espagne étant elle aussi touchée par de fortes sécheresses. Ainsi, 300 personnes ont été évacuées, dimanche, dans les communes de Cerbère et Banyuls-sur-Mer. Toujours selon Serge Zaka, cet incendie est le plus important dans la région pour le mois d’avril depuis le début des archives en 1973.

Deux jours plus tôt, du fait des conditions exceptionnelles, les 3500 habitants de quatres villages du département se sont vus privés d’eau potable en raison du niveau exceptionnellement bas du forage qui en assurait l’approvisionnement. Un forage pourrait également être creusé en urgence. Une situation qui a bien entendu un impact sur la vie de la population, mais également pour les agriculteurs qui risquent de perdre des cultures.

Ces situations tendent à se multiplier à mesure que les cycles de l’eau se dérèglent et que les températures augmentent sous l’effet du réchauffement climatique, mais également avec l’émergence de ce fait de phénomènes brutaux, notamment les « sécheresses éclairs ».
Ces dernières sont plus rapides, intenses et imprévisibles.

Si la situation est particulièrement critique dans les Pyrénées Orientales, elle est également alarmante à l’échelle nationale. Le Bureau de Recherches Géologiques et Minières explique ainsi que « 75% des niveaux des nappes restent sous les normales mensuelles (58% en mars 2022) avec de nombreux secteurs affichant des niveaux bas à très bas.A partir d’avril, les épisodes de recharge devraient rester ponctuels et peu intenses, sauf événements pluviométriques exceptionnels. Pour les prochains mois, la recharge 2022-2023 déficitaire risque d’impacter l’ensemble des nappes. De nombreux secteurs présentent un risque avéré de sécheresse durant la période estivale. » Cette sécheresse estivale serait d’après ces prévisions encore plus importante qu’en 2022 pour tous les bassins agricoles français, comme le relève Serge Zaka.

Face à cette situation critique, il a semblé bon à Darmanin, qui a profité de la catastrophe pour faire une session com’, de déclarer ce 16 avril que 9 incendies sur 10 sont d’origine humaine, déclarant que « Chaque petite impolitesse fait naître des feux importants et des désastres écologiques. ». Une rhétorique déjà usée à l’occasion des incendies de cet été, qui a pour but d’en appeler à la responsabilité individuelle. Mais surtout de mettre les symptômes d’une crise environnementale profonde au compte de « pyromanes » et autres « délinquants ». Un alibi parfait permettant de renforcer les forces de répression sous couvert d’écologie, à l’image des annonces autour des 3000 « gendarmes verts » de cet été.

Et si Darmanin voulait trouver des pyromanes responsables de la situation de crise actuelle, il pouvait rester à l’Elysée. Après avoir réprimé dans le sang la mobilisation à Sainte Soline qui milite justement pour une gestion rationnelle de l’eau au vu de la crise écologique, lui et son gouvernement jouent les écolos avec le « Plan Eau ». Un plan qui n’a pas d’autre objet que de protéger l’agro-industrie, offrir des projets entrepreneuriaux au patronat français et surtout faire payer la crise aux familles les plus précaires.

Le gouvernement déploie tout son arsenal, jusqu’à la répression policière la plus féroce, pour protéger les intérêts de ceux qui nous ont placé dans cette situation de crise écologique et de sécheresses à répétition. Alors que la situation empire à une vitesse vertigineuse, il y a plus que jamais urgence à se mobiliser pour mettre un frein net aux destructions engendrées par le patronat avec la complicité du gouvernement, et pour une gestion rationnelle des ressources, en adéquation avec les rythmes naturels et les besoins des personnes.


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