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Après la visite d'Obama

Les Stones à Cuba. La diplomatie du rock

Lors d'un concert gratuit devant 500000 personnes à La Havane, le groupe légendaire de Jagger et Richards a fait vibrer le rock & roll, dans le contexte de dégel des relations entre Cuba et les Etats-Unis. Augusto Dorado

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Le jour tant attendu par le public cubain, passionné de musique, est enfin arrivé : les Rolling Stones ont joué gratuitement à la Havane, devant un demi-million de spectateurs. Ceux qui n’ont eu la chance d’être présents ont pu suivre en direct depuis des écrans géants disposés aux alentours du concert. D’après les chiffres, le show a été suivi par quasiment deux millions de personnes, bien qu’il n’a pas été retransmis à la télévision. Impressionnant.

Le répertoire des Stones et la mise en scène était calqué sur le reste des concerts donnés dans le reste de l’Amérique latine dans le cadre de la tournée donnés « Olé tour 2016 ». Les Stones ont ouvert avec le classique « Jumpin’ Jack Flash » et tous les principaux morceaux ont enflammé la scène.

La diplomatie du Rock

Si la rencontre Raul Castro-Obama a ouvert une sorte de « diplomatie du base-ball » (en référence à l’un des sports les plus populaires dans les deux pays), le concert des Rolling Stones a en quelque sorte été dans la même continuité, une « diplomatie du rock ».

Les musiciens l’ont manifesté, à peine arrivés sur le sol cubain à l’aéroport José Marti : « je crois que Barak Obama a fait grande impression, a déclaré Mick Jagger. Nous sommes très contents d’être ici après lui ». Et Keith Richards de rajouter qu’il s’agissait « d’un grand homme ».

Un grande partie des médias, soit par ignorance, soit volontairement, ont déclaré que le concert des Stones était le premier concert important d’un groupe anglo-saxon. En 2001, en réalité, les Manic Street Preachers avaient déjà joué à Cuba, dans un contexte différent. Il s’agissait d’un moment de crise profonde pour le pays, alors que des centaines de Cubains cherchaient à fuir le pays en radeau. Pour le gouvernement, il s’agissait d’une façon de dénoncer le blocus américain. En plein mouvement « anti-globalisation », également, le concert des Manic Street Preachers appuyait (de manière acritique par rapport au régime castriste) l’un des peuples qui résistait aux règles de « l’économie de marché ». Le concert des Stones vendredi dernier avait un sens contraire.

Dans le contexte de dégel des relations entre Cuba et les Etats-Unis, avec les mesures d’ouverture au capital étranger et aux intérêts des entreprises nord-américaines de la part de Castro, le concert des Stones peut être vu comme la démonstration des « avantages de l’ouverture ». Même si la visite d’Obama et des Stones n’ont pas un rapport direct, nous ne pouvons pas manquer d’observer que ni l’impérialisme américain, ni Raul Castro et le PC Cubain, ni les Stones n’ont pour habitude d’offrir quoi que ce soit sans attendre quelque chose en retour.

Pendant longtemps la musique des Beatles ou des Stones a été interdite par le gouvernement cubain, qui la considérait comme une « déviation idéologique » entre la fin des années 60 et début des années 70 (période d’apogée du groupe Jagger-Richards). Pour des Cubains quinquagénaires, adolescents à l’époque, qui les voient enfin se produire sur scène aujourd’hui, c’est comme une revanche sur l’Histoire.
Malgré les postures politiques des Stones et les manœuvres du gouvernement castriste, cette « revanche sur l’Histoire » qui vaut également pour d’autres générations de Cubains pourrait être une opportunité pour lutter pour le droit inaliénable à la liberté culturelle, artistique, de pensée et d’orientation sexuelle, et pour conquérir les libertés politiques afin d’impulser une révolution politique et sociale, contre la restauration capitaliste que veulent orchestrer Castro et l’impérialisme.

Trad. ED.


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