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Sous-traitance = maltraitance

Les agents de sûreté Securitas en grève à l’aéroport de Roissy : « Si on s’arrête, plus rien ne décolle ! »

Les travailleurs de la sûreté aéroportuaire du terminal 2F de l'aéroport de Roissy sont en grève depuis le 19 janvier. En cause, la reprise du marché par un nouveau sous-traitant, Securitas, qui brade leurs conditions de travail et de salaire. Ce jeudi, ils ont envahi le CSE du donneur d'ordre ADP.

Léo Valadim

21 avril 2023

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Les agents de sûreté Securitas en grève à l'aéroport de Roissy : « Si on s'arrête, plus rien ne décolle ! »

Crédits photo : Révolution Permanente

À l’aéroport de Roissy, ce sont des centaines d’entreprises sous-traitantes qui travaillent pour le « donneur d’ordre » Aéroports de Paris (ADP). Ce fonctionnement fragmenté permet à ADP de se dédouaner des conditions de travail des personnels de ces entreprises et de les niveler par le bas en faisant jouer la concurrence entre prestataires.

C’est ainsi que le 1er avril, quand les travailleurs de la sûreté du terminal 2F – où sont accueillis les voyageurs de la compagnie aérienne KLM – ont été transférés vers une nouvelle entreprise s’emparant du « marché », ils ont vu leurs conditions de travail se dégrader fortement, notamment avec l’imposition de nouveaux plannings dans lesquels ils peuvent être prévenus de leur emploi du temps seulement quelques jours à l’avance, impactant notamment leur vie de famille.

Une situation inacceptable pour ces salariés qui travaillent dans des conditions particulièrement difficiles à l’aéroport, avec des salaires modestes et beaucoup de responsabilités sur les épaules.

Après une assemblée générale de grévistes organisée dans la matinée dans les locaux de l’Union Locale CGT, les grévistes sont allés rendre visite à la direction de ADP, donneur d’ordre, qui n’avait pas daigné répondre à leur lettre exposant leurs revendications. Si la sécurité a d’abord tenté de leur barrer la route, recevant la consigne de ne laisser entrer personne, les grévistes ont réussi à s’engouffrer dans une porte et ont pu investir la réunion du CSE qui se tenait dans les locaux.

Une fois à l’intérieur, les grévistes ont enchaîné les prises de paroles et demandé qu’un membre de la direction d’ADP vienne à leur rencontre. Le vice-président d’ADP a rejoint la réunion pour s’entretenir avec les salariés. « Il faut que ADP regarde ce que la sous-traitance fait comme mal aux agents. Des personnes qui ont 15 ans d’entreprise partent du fait des conditions de travail » y ont expliqué les grévistes, se passant le micro à tour de rôle.

Si les représentants d’ADP ont d’abord essayé de se dédouaner en reportant la responsabilité sur Securitas, et en affirmant ne pas vouloir « interférer dans le dialogue social », les grévistes leur ont rappelé que c’est bien le donneur d’ordre qui fixe les objectifs aux sous-traitants, et qu’à ce titre ADP reste le premier responsable des mauvaises conditions de travail et bas salaires.

Les grévistes ont donc exigé qu’une date de discussion entre eux, ADP et Securitas soit organisée, ce que s’est engagé à faire la direction de ADP. Le collectif, particulièrement déterminé, a été rejoint par des syndicalistes CGT ADP, qui soutiennent les revendications des salariés des entreprises sous-traitantes. Ils sont ensuite allés rendre visite à leur direction dans les locaux de Securitas, qui a refusé de les rencontrer.

Cette journée intense pour les grévistes leur aura permis de commencer à s’imposer face à la direction d’ADP qui comptait faire la sourde oreille quant aux revendications concernant leurs conditions de travail et leurs salaires – notamment une augmentation générale des salaires de 300 euros. Désormais l’objectif des grévistes est d’élargir le mouvement, notamment en faisant pression sur l’intersyndicale qui est jusqu’à présent restée extérieure au conflit, afin d’entraîner l’ensemble des salariés de la sûreté dans la grève.

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