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Gilets jaunes

Les "casseurs" en manif : un mythe qui ne date pas d’hier

Depuis le début du mouvement flotte le mot de "casseurs". On voit avec la radicalité qui ne faiblit pas que le mot, soufflé par le gouvernement et parfois repris par les Gilets Jaunes, n'a pas le même sens des deux côtés de la barricade.

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Le mouvement des Gilets Jaunes depuis ses débuts est marqué par une colère profonde et une radicalité massive qui s’exprime en retour. Dès l’acte II, les Gilets Jaunes ont résisté aux CRS, monté des barricades et manifesté malgré l’interdiction en cours . A partir de là le gouvernement et les médias dominants ont mis en route la rhétorique des « casseurs ». BFM TV à l’offensive passait en boucle des images de la manifestation en expliquant que des casseurs y étaient infiltrés. Mais ce moyen de délégitimer un mouvement n’est pas nouveau, en effet la notion de "bons" et de "mauvais" manifestants se retrouvent dans de nombreux moments de lutte de classe, en 2016, pendant la loi travail par exemple, le gouvernement cherchait déjà à diviser le mouvement avec cette logique. Mais l’utilisation du mot "casseur" remonte en réalité à 1832. Ludivine Bantigny explique dans un article pour L’autre Quotidien que le gouvernement a alors besoin de faire taire la contestation montante et, trouvant la figure du " casseur", l’assimile à ce moment-là aux républicains qui luttent contre la monarchie. C’est là que le manifestant qui lutte pour des droits se retrouve transformé pour la première fois en "casseur" dont la seule volonté serait de casser, sans revendication aucune.

On voit qu’aujourd’hui, après l’acte X, le mouvement reste massif, signe que le discours gouvernemental anti-casseur ne suffit pas pour diviser et faire taire la colère. Pour autant, on peut remarquer qu’une partie des Gilets Jaunes parle de « casseurs », qui évolueraient au sein du mouvement, et avec lesquels ils n’auraient rien à voir et même qui, pour certains, seraient la cause des violences des forces de répression. Pour eux, lorsqu’un policier tire sur un manifestant, c’est un « casseur » qu’il vise et rien de moins.

Pour le gouvernement, manifester alors que c’est interdit par la préfecture c’est être un casseur, refuser de laisser les CRS couper les manifestations, c’est être un casseur, refuser de se laisser gazer, frapper et violenter, c’est être un casseur. Et une fois les manifestants blessés et mutilés, le gouvernement justifiera la violence des forces de répression par la présence de « casseurs ». Pour renforcer sa rhétorique de casseur , on ne peut pas exclure que la police elle-même infiltre de temps en temps les manifestations pour fabriquer les casseurs, au vue la quantité de vidéos et témoignages de manifestants Reprendre le terme employé par le gouvernement et les médias à sa solde, c’est justifier les coups ou les gaz des forces de répression.

Les gilets jaunes font pourtant preuve d’une grande solidarité avec ceux que le gouvernement appelle "casseurs", on le voit bien avec Christophe Dettinger, le boxeur qui s’est défendu face aux attaques des policiers. Une cagnotte de soutien qui a compté plusieurs dizaine de milliers d’euros a été mise en place, des messages de soutien ont fleuri partout sur les réseaux sociaux, et le slogan "Liberez Dettinger, Benalla en prison" reste l’un des plus repris encore aujourd’hui.

A ce soutien et cette solidarité pour celui qui est l’un des leurs alors qu’il est l’incarnation du "casseur" pour le gouvernement, viennent s’ajouter de nombreuses scènes de résistance et d’affrontement aux policiers . Quand on voit la scène mémorable où les Gilets Jaunes défoncaient la porte du ministère avec un engin de chantier, on se demande : où sont les casseurs ? Pour le gouvernement ils sont ici, mais pas pour les Gilets Jaunes.

Et ce qui s ’exprime à travers cela, c’est une radicalité de masse, celle d’un mouvement fort qui veut faire reculer le gouvernement. Ce qui n’a rien à voir avec une infiltration de casseurs. Ne reprenons pas les mots d’un gouvernement qui veut diviser le mouvement en inventant des casseurs qui viendraient s’amuser ou décrédibiliser le mouvement . La violence qui s’exprime dans les rues les jours de manifestations c’est celle du ras-le-bol social, c’est une réponse à la violence de l’état qui envoie ses CRS réprimer les manifestants.


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Philomène Rozan

Etudiante à l’Université Paris Cité , élue pour Le Poing Levé au Conseil d’Administration

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