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L'éducation en première ligne

Les cluster montent en flèche à l’école mais Blanquer continue à se féliciter de la situation !

L'agence Santé publique France annonce que les lieux d'éducation, de l'école à l'université, passent en tête des lieux de contaminations en cours d'investigation alors que dans le même temps, Blanquer se félicite de la situation sur le terrain et minimise les risques.

Boris Lefebvre

28 septembre 2020

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crédit photo : Michel Euler / AFP

« Sur le terrain, il n’y a pas tant de contaminations que cela », assurait vendredi dernier Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale, au micro de France Info. Ils renchérissent sur la situation dans les établissements scolaires, se félicitant « d’un bon respect des règles sanitaires » qui serait à l’origine d’une situation tout à fait sous contrôle dans les milieux scolaires. Pourtant, la veille, le jeudi 24 septembre, l’agence Santé publique France (SPF) donnait un tout autre son de cloche sur la situation dans les lieux d’enseignements. Loin de l’optimisme de façade de Blanquer, pour qui la rentrée s’est passée « dans la joie », les déclarations de ce dernier en prennent un coup puisque désormais les écoles et universités passent devant les entreprises parmi les lieux investigués comme potentiels clusters.

Sur l’ensemble des lieux de contamination sur lesquels la SPF enquête, les entreprises arrivent en tête des lieux où le virus s’est le plus répandu. Mais, depuis la rentrée, les nouveaux clusters, c’est-à-dire les lieux où trois cas confirmés ou probables dans une période de sept jours apparaissent auprès de personnes ayant été en contact, sont principalement dans les lieux d’étude. Au nombre de 285 dans les écoles et universités selon le bulletin publié jeudi dernier, le chiffre a presque doublé en une semaine puisqu’ils n’étaient que 160 le 17 septembre dernier. Au total, les milieux scolaires et universitaires comptabilisent 383 des lieux de contamination, soit 16% du total. Et ce chiffre ne semble, malheureusement, pas prêt de s’arrêter de monter en flèche.

Difficile de ne pas voir dans le regroupement massif de jeunes dans les écoles, collèges, lycées, universités et grandes écoles la cause de cette augmentation significative des clusters dans la dernière période et qui font craindre une deuxième vague dans l’enseignement et au-delà. Habille, le gouvernement argue qu’une semaine avant la publication du bulletin de la SPF, 2000 classes étaient fermés contre 1152 au moment où les chiffres de l’agence Santé publique France tombent. Or, entre temps, le gouvernement avait supprimé la notion de « cas contact » dans les établissements, réduisant ainsi drastiquement le nombre de classes fermées, mais n’endiguant en rien la propagation de l’épidémie. Au moment même où les conditions de prévention de la contamination se renforcent partout dans l’espace publique, les lieux d’enseignements voient leurs protocoles sanitaires s’assouplir sans que cela soit interprété comme un facteur grave du rebond épidémique.

Dans une tribune publiée dans Le Monde, des universitaires tirent la sonnette d’alarme sur une gestion « inconsciente » et « irresponsable » de l’accueil dans les universités dans un contexte où le manque de place par rapport aux effectifs est un problème récurrent depuis plusieurs années. Les amphithéâtres surchargés et aux effectifs pléthoriques ne permettent pas la moindre distanciation sociale et ce alors même que « les étudiants sont des vecteurs de contamination comme n’importe quels adultes » d’après le dirigeant des urgences du CHU de Lille et du SAMU du Nord, Patrick Goldstein. Les moyens manquant pour accueillir les étudiants, ils le sont aussi pour la distribution de masques, qui ne sont toujours pas gratuits. En l’absence de préparation sérieuse de la rentrée et d’anticipation, nombreuses sont les structures de l’enseignement supérieur à fermer leur porte et à basculer leur enseignement en numérique.

Le sentiment d’abandon parmi les personnels enseignants est très grand. Blanquer ne semble pas vouloir prendre la mesure de la situation et allouer les moyens nécessaires à une continuité scolaire normale. Dans son optique de réformer l’école de fond en comble, le ministre n’entend pas céder un pouce de terrain sur les revendications des enseignants de réduire les effectifs dans les classes et d’embaucher tous les personnels nécessaires afin de pouvoir accueillir tout le monde dans les meilleures conditions. Une fois de plus, les enseignants réclament des conditions pour enseigner, pas pour contaminer.


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