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Crise chez LR

Les « constructifs » : une scission chez les Républicains

La recomposition des forces politiques se poursuit à la suite de la victoire d'Emmanuel Macron lors de la présidentielle et de la victoire de LREM aux législatives. Après le PS, chez LR le groupe des « constructifs » veut se constituer en groupe parlementaire à l'Assemblée nationale avec l'appui de l'UDI et de Édouard Philippe, lui-même transfuge des Républicains.

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Depuis lundi où le groupe des « constructifs » a fait part de sa volonté de se constituer en groupe parlementaire indépendant des Républicains pour apporter soutien et confiance au gouvernement d’Emmanuel Macron, les critiques fusent chez les fidèles du parti pilier de la Vème république. L’indignation des pontes du parti est grande au moment où Christian Jacob cherche à briguer la présidence du groupe LR à l’Assemblée en concurrence avec Damien Abad. Le nombre des députés étant faibles par rapport aux attentes du parti de droite, il pourrait l’être bientôt encore plus. Au lieu des 112 députés promis, ce ne serait plus que 80 d’entre eux qui resteraient fidèles à la ligne du parti.

Pour certains, comme Guillaume Larrivé, la constitution de ce groupe parlementaire distinct des Républicains aura la vertu de « clarifier la ligne » du parti alors que Macron a déjà réussi un gros coup de filet en embauchant plusieurs LR dans son gouvernement, à commencer par Édouard Philippe. Pour d’autres, comme Dino Cinieri, cette manœuvre constitue une menace directe pour le groupe LR qui risque d’exploser « sans rien apporter à Emmanuel Macron ou à En marche ! ». Il est vrai que Macron a déjà toute latitude pour conduire sa politique sans avoir besoin du soutien ni du groupe MoDem ni d’une scission de LR. C’est donc que la crise du parti de droite est mûre et que les partenaires d’hier ne seront plus ceux de demain.

Côté « constructifs », deux hommes sont à la manœuvre : Jean-Louis Borloo et Jean-Pierre Raffarin. C’est ce dernier qui aurait lancé l’idée que Thierry Solère s’est empressé de mettre en œuvre pour constituer un groupe à l’Assemblée. « On est largement plus de quinze donc nous pourrons le faire » assure-t-il d’autant plus qu’il se trouve appuyé par de nombreuses personnalités de droite et par le premier ministre lui-même. En effet, Édouard Philippe a fait un bref passage au dîner des constructifs, organisé lundi soir dernier, pour marquer son soutien à cette initiative. Ce dîner regroupait entre autre Thierry Solère, Franck Riester, Benoist Apparu, Lise Magnier, Christian Estrosi, Agnès Firmin Le Bodo (qui a succédé à Édouard Philippe en Seine-Maritime) et Jean-Louis Borloo.

La présence du fondateur de l’UDI à ce dîner n’était pas anodine. Dans sa volonté de reconfigurer le paysage politique, Jean-Louis Borloo avait apporté son soutien à Emmanuel Macron lors de la campagne, ce qui avait participé à consolider son image de présidentiable. Maintenant que Macron dispose d’un boulevard à l’Assemblée pour conduire ses réformes, l’ancien maire de Valencienne l’aide à dynamiter le parti des Républicains. Il assure, en effet, l’entrée des 18 députés de l’UDI dans le groupe parlementaire, ce que le parti de centre droit a confirmé mardi soir dans un communiqué.

Fort de cette alliance, le groupe des constructifs semble bien dessiner les contours d’une scission des Républicains entre : une aile plus centriste, et une aile plus à droite, Wauquiez en tête, qui s’efforce de conserver l’appareil du parti. Loin de n’être qu’un groupe formé de manière conjoncturelle, les « constructifs » entendent s’implanter au Sénat où « les maires divers droite, divers gauche, divers divers qui composent 80 % du corps électoral » de la chambre haute pourraient être tentés de voter la confiance au nouveau gouvernement. Les modalités de cette implantation ne sont pas encore précisées même si l’idée d’une « amicale constructive » au Sénat a déjà germée.
La recomposition politique de la Vème république est plus que jamais en marche avec cette scission du groupe Les Républicains à l’Assemblée. Même si la chute des Républicains a tardé par rapport à celle du Parti socialiste, la fragmentation est à l’œuvre y compris à droite. Plus qu’un simple groupe philippiste à l’Assemblée, en concurrence avec celui du MoDem, les « constructifs » révèlent la crise profonde que les partis traditionnels traversent depuis l’élection de 2017, et la reconfiguration de l’échiquier politique autour d’un gouvernement qui possède à la fois une majorité absolue dans l’hémicycle, mais également la plus faible légitimité de la Vème république.


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