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Ce qu’il ne faut pas entendre…

Les « dégradations » à Tolbiac selon les médias et la pref’. Mise-en-scène et mascarade

Mines consternées avec plans rapprochés et micros logotés. Depuis ce matin, les journalistes passent en boucle sur les chaînes d’info pour montrer les soi-disant « dégradations » de Tolbiac, « enfin libérée ». Interdit de rire !

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[Crédit photo : copie d’écran RMC]

La méthode est vieille comme le mouvement social : comme en 68, après Mai et juin, comme en 2006, après le retrait du CPE. Après chaque occupation libérée par les forces de répression, les journalistes embarqués dans les fourgons de police et amenés sur place par le ministère de l’Intérieur constatent avec gravité les « dégâts » et les « dégradations » causées par les occupants. En 68, déjà, Elkabbach était spécialiste de la chose. On avait eu droit à la même chose pour la Sorbonne, après plusieurs semaines d’occupation, et aux Beaux-Arts, à Paris.

Cette fois-ci, il faut quand même reconnaître que les journalistes ou, plutôt, les communicants aux ordres de la Préfecture de police n’ont vraiment pas grand-chose à se mettre sous la dent. On nous amène, au rez-de-chaussée du site Pierre-Mendès-France, plus connu sous le nom de Tolbiac, parcourir un amphi, un hall vitré et une cafétéria. On a beau chercher les « plusieurs centaines de milliers d’euros de dégradations » dont parle François Michel, directeur du site et encravaté pour l’occasion, on a dû mal à voir.

Il y a bien les tags et les graffitis, un peu partout. Mais pas plus nombreux que sur certaines universités en temps normal et bien moins que ce que l’on pouvait voir sur certains sites de facs parisiennes dans les années 1990, lorsque l’heure n’était pas à la « discipline du nettoyage et du mobiliser urbains méticuleux » qui cache davantage une volonté de contrôle de l’espace qu’un souci d’hygiène public.

Et puis il y a la cafétéria, « lieu de vie des occupants », selon les journalistes de BFM, là où les étudiants organisaient les repas. Les distributeurs de chips et de cannettes sont vides : horreur ! Mais ça ne fait, toujours pas, plusieurs centaines de milliers d’euros de dégradations. Et on imagine que les boites priées qui ont décroché les contrats sont assurées pour leurs bonbons volés.

Et enfin on pénètre dans un amphi : « lieu de vie nocturne », selon les journalistes. « Et de sexe », pourrait compléter Georges Haddad, le président de l’Université qui quémande l’évacuation depuis des semaines. A part quelques couvertures, on n’y voit pas grand-chose. Et, encore une fois, les amphis de Tolbiac, même occupés, sont mieux tenus que ceux de certaines facs en pleine perdition financière depuis l’entrée en vigueur de l’autonomie.

Pour ce qui est du « service informatique » des amphis, vidéo-projecteurs et équipements, les enseignants-chercheurs solidaires qui ont donné des cours jusqu’à la veille de l’évacuation sont formels : les systèmes étaient en état de fonctionnement. S’ils ont été cassés après l’intervention policière, les responsables sont à chercher ailleurs. La Préfecture de police est-elle assurée pour les dégradations qu’elle peut occasionner quand ses hommes interviennent ?

C’est à une bien mauvaise mise-en-scène que se prêtent les journalistes, après avoir relayé que l’évacuation s’était faite sans violences, alors que plusieurs étudiants ont été blessés. Mais, au bout du compte, les chaines d’info en continu remplissent leur rôle : mentir, déformer et couvrir les flics aux ordres du système. C’est à cela qu’elles servent, également.


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