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Cité administrative de Toulouse

Les employés du nettoyage entament leur troisième semaine de grève

Depuis vendredi 10 mars 2017, le personnel du groupe ISS propreté, société danoise, est en grève à la Cité Administrative de Toulouse. Ils remettent en cause leurs conditions de travail.

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A Toulouse, depuis la reprise du chantier de la Cité Administrative, en début d’année 2017, les effectifs ont drastiquement baissé influant inévitablement sur les conditions de travail. Ils sont passés de 19 à 12 employés.
La Cité administrative comprend plus de1000fonctionnaires. Pour nettoyer les locaux, là où dans les années 90, 40 agents se partageaient le secteur, aujourd’hui ils sont seulement 12 agents à effectuer l’entretien.« On doit nettoyer 50 bureaux, 28 sanitaires et les escaliers tous les jours. Ça nous fait 3 minutes par bureau. En plus, la cheffe nous engueule tout le temps »dénonce Meryama Cheurfi, employée depuis 6 ans sur le site. Jean-François Tortajada, membre de l’Union départementale de la CGT de Haute-Garonne, souligne également que les agents doivent effectuer le tout« en trois heures, ce qui est impossible »et bien sûr pour un salaire dérisoire de 600 euros.

Tous les trois ans, un appel d’offre est lancé, cette année, c’est ISS propreté qui a raflé le marché. Les conventions veulent que si la société change les employés restent. Ici, ISS en a profité pour dégraisser. Bien souvent les grosses entreprises profitent de la précarité de leurs salariés pour s’asseoir sur les conventions collectives. ISS a officiellement fait signer, à un employé, un avenant à son contrat de travail. Ce dernier, qui ne maîtrisait pas tous les termes du document, a signé. Il s’est ensuite avéré que c’était une rupture conventionnelle. Le salarié s’est adressé aux syndicats et depuis il a été réintégré.

L’entreprise sous-paye ses employés. Ces derniers n’ont pas le bon grade et sont payés à un grade moindre que celui qu’ils devraient avoir. De telles conditions de travail, auxquelles il faut ajouter des brimades et des menaces permanentes, ont poussé les salariés à se mettre en grève pour une durée illimitée.

Le géant danois qui a réalisé367435300euros de chiffre d’affaires en 2015, ne veut pas accepter les revendications des grévistes. L’ignominie de la direction est telle qu’elle a fait venir 25 personnes extérieures au site pour effectuer le travail des grévistes. La plupart d’entre eux sont des chefs de secteur.


Face à ça, les grévistes peuvent compter sur le soutien des fonctionnaires de la Cité administrative.« Nous, qui travaillons dans les bureaux, ne pouvons pas accepter que les conditions d’hygiène se dégradent du fait de l’épuisement d’autres agents », justifie Jean-François Tortajada.Jeudi dernier, environ 80 fonctionnaires sont venus leur apporter leur soutien lors d’un rassemblement devant le bâtiment.

Les grévistes et les syndicats ont interpellé la préfecture, carle client d’ISS est l’État.L’entreprise a raflé l’ensemble des bâtiments public de Toulouse. Au terme de 3 heures de la dernière négociation, la société danoise a accepté une augmentation d’effectif, pour atteindre 18 salariés pour nettoyer les 7 bâtiments situés à Compans-Caffarelli plus la cheffe de secteur. En revanche, elle reste déterminée à ne pas payer les jours de grève aux 12 employés qui ont stoppé le travail depuis le 10 mars.« Une condition sine qua non pour reprendre, estime Nathalie Clarac, déléguée syndicale ISS pour le centre de la France. Ces travailleurs ont simplement dénoncé une situation inacceptable ».

Celundia lieu la dernière négociation.La préfecture qui dans un premier temps laissait 15jours à ISS pour régler le problème a réduit ledélaipour que l’entreprise et les syndicats et gréviste se mettent d’accord ce lundi. Les syndicats et les ouvriers attendent que ISS arrivent avec des fiches de poste et un plan organisationnel complet. SI ISS s’est engagé à revenir à 19 employés sur le site, il reste un flou sur le type de contrat et d’heures à effectuer. Pour l’instant, les nouvelles embauches ne sont pas garanties pour un temps de travail égal aux horaires d’avant la reprise, c’est à dire 4h. Les grévistes ont pu constater à leur dépend que leur délégué du personnel ne pouvait accéder pour raison de sécurité à leur lieu de travail ce qui va à l’encontre du droit du travail.

Le mouvement rentre donc dans sa troisième semaine de grève et pour la quatrième fois depuis le début du conflit, les syndicats et grévistes ont appelé à un rassemblement de soutien ce lundi à 11 h 30 devant le Bâtiment A. Une soixantaine de personnes étaient présentes. Les travailleurs ont tenu déjà deux semaines. C’est une chose assez rare dans le secteur du nettoyage où les heures effectuées sont peu nombreuses et les salaires très faibles. Ils ont commencé à faire plier la direction d’ISS en gagnant des embauches supplémentaires, et ils ont décidé de ne pas s’arrêter là et de faire en sorte que leurs jours de grèves soient payés.


Nous ne pouvons qu’encourageràsoutenir une telle lutte dans ce contexte politique et social où le patronat se croit libre de tout entreprendre pour augmenter ses profits sur le dos des travailleurs. Lors du rassemblement, les syndicalistes de la Cité administrative ont appelé leur collègue à être vigilantvis-à-visdu traitement de la directionvis-à-visdes grévistes qui exerce une pression psychologique importante sur eux. Elle peut d’autant plus le faire que les agents sont sur le site à la fermeture des bureaux et a donc lechamplibre pour exercer toutes les pressions possibles sur le personnel qu’elle désigne sous le terme « cesgens-là ». Le problème pour la direction d’ISS c’est que nous sommes tous et toutes « cesgens-là » et de fait la grève est trèspopulairedans la cité. Nous avons pu constater également la présence d’ouvriers d’une entreprise concurrente à ISS, ONET, qui étaient venus exprimer leur soutien à une lutte exemplaire de leurs collègues précaires, car le cas de la cité administrative n’est pas un cas isolé. Dans les deux jours qui viennent, les négociations seront terminées, les ouvriers sont déterminés et confiants. Dès à présent, on peut dire que leur lutte n’a pas été veine puisqu’ils ont montré que les travailleurs précaires ne sont pas corvéables à merci et qu’eux aussi ont des droits et qu’ils peuvent relever la tête.


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