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Précarité étudiante

Les étudiants pauvres de Toulouse en plein « cauchemar du CROUS »

Toulouse est connue comme la « ville étudiante idéale ». Pourtant, pour les plus précaires d'entre eux, étudier dans la ville rose devient un combat quotidien. L'administration du CROUS (Centre Régional des Œuvres Universitaires et Scolaires) pratique une politique d'austérité, rendant de plus en plus difficile les demandes de bourses et l'accès aux logements, avec comme première victimes les étudiants les plus pauvres.

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En avril 2019, nous avions écrit sur « la cité U de la peur » où vivaient 220 étudiants dans des 9 m2 infestés de cafards et de blattes. Avec des loyers fixés à 159 euros, ces logements insalubres en plein centre-ville de Toulouse restaient la seule solution pour les étudiants les plus précaires. C’est après avoir ignoré les demandes et interrogations des résidents pendant des mois, donnant comme seul moyen de dialogue les vigiles du campus, que le CROUS a finalement pris la décision d’expulser les locataires sans proposer aucune solution de relogement.

Aujourd’hui, les logements insalubres de « la cité U de la peur » ne sont plus occupés mais d’anciens locataires ont rencontré d’énormes difficultés pour être relogé et obtenir leur droits. Certains témoignent : « Pour obtenir une chambre après l’expulsion j’ai essuyé plus de 5 refus, ça m’as mis des mois. Quand je compare je suis passé d’un loyer de 159 euros à 243 euros par mois. Quasiment le double pour une même chambre de 9m2, qui pourtant se situe à l’autre bout de la ville par rapport à ma Fac. Avec une bourse de 480 euros par mois sans aucun autre revenu, la moitié du budget passe maintenant dans le loyer... ». Et même si le problème des cafards n’est plus d’actualité, les logements ne s’avèrent pas moins vétustes : « Par exemple l’installation électrique. Le courant saute pour quasiment rien, résultat le frigo s’éteint et tu perds toutes tes courses. Aussi ça fait un mois que ma chasse d’eau est en panne et que je n’ai aucune réponse du CROUS malgré mes nombreuses demandes, c’est vraiment sans fin... ».

Concernant les demandes de bourses, les étudiants doivent composer avec une administration en sous effectifs permanents, rendant impossible la bonne gestion de l’ensemble des demandes. Une des anciennes résidentes de « la cité U de la peur » affirme avoir vu sa bourse changer brutalement d’échelon sans aucune justification valable. Malgré ses nombreuses demandes depuis des semaines pour que l’administration corrige son erreur, rien n’a pour l’instant été fait. Ce genre de situation peut s’avérer fatale pour des étudiants qui n’ont que ces revenus pour vivre. Cela pousse les plus précaires d’entre eux à arrêter les études obligé de travailler pour survivre.

Pourtant en France 73,5 % des étudiants vivent sans bourses et sont totalement dépendants de leurs parents et de leurs salaires. Alors que 1 étudiant sur 2 est obligé de travailler à côté de ses études pour survivre, les loyers des grandes villes sont eux toujours en hausse. Plus précisément sur Toulouse, les logements sociaux réservés aux étudiants ne peuvent accueillir que 9 000 d’entre eux, soit seulement 7 % de la population étudiante toulousaine (139 000).

Dans la continuité des politiques de sélections sociales, un des étudiants nous l’affirme : « l’objectif du CROUS c’est de virer les étudiants pauvres du centre-ville ». L’expulsion de la cité U de la peur est l’illustration parfaite de cette logique. Cette résidence étudiante qui accueillait les plus précaires, se situe en plein de cœur de Toulouse et de la fac de droit, à deux pas des futurs bâtiments de la prestigieuse Toulouse School of Economics (TSE). Juste à une rue, on trouve la TBS (Toulouse Buisnnes School), une école de commerce à « 8000 euros l’année » soutenu par des subventions publiques qui compte bientôt accueillir 3000 étudiants sur son site. On comprend bien qu’au milieu de tous ces projets, la priorité est au logement des étudiants les plus aisés alors que les plus précaires sont en définitive « chassés » du centre-ville par des prix trop élevés.


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