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Féminisme

Les jeunes femmes à l’international montrent la voie : préparons le 5

Quelle jeunesse féministe construire, comment et dans quel but ?

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Les jeunes femmes, protagonistes des mobilisations internationales actuelles

À l’heure actuelle, le spectre de la lutte de classe envahit le monde. Des mobilisations et des soulèvements massifs se multiplient où les femmes, surtout les jeunes, sont en première ligne de la bataille.

Au Chili, les femmes sont en première des secteurs qui font trembler le gouvernement de Piñera et son modèle néolibéral. La plupart des écoles sont non-mixtes et les premières mobilisations dans le milieu lycéen ont commencé dans les lycées de filles. L’organisation massive des étudiantes s’est matérialisée dans une lettre ouverte écrite par 19 organisations féministes ainsi que des intellectuelles du milieu universitaire, pour appeler à la grève générale contre le néolibéralisme et pour lutter pour une vie digne et juste. Le gouvernement a peur du potentiel de ces femmes. C’est pour cette raison que plusieurs militantes comme Valentina Miranda, dirigeante de la Coordination Nationale des Étudiants et des lycéens du Chili, ont été arrêtées illégalement dans leur domicile et que plusieurs d’entre elles ont disparues.

Toute notre solidarité avec le peuple chilien et les jeunes femmes combatives qui malgré la brutale répression gardent leur détermination pour renverser le gouvernement héritier de la dictature et son modèle néolibéral !

À l’échelle internationale, les mobilisations massives de jeunes femmes des derniers manifestations du 8 mars, ont fait trembler la terre.

Pour citer quelques exemples centraux. En Argentine, la marée verte qui se bat pour le droit à l’avortement est surtout composée d’étudiantes et jeunes femmes. Elles se sont mobilisées sous le mot d’ordre de “Ni una menos”et se sont fait un espace dans la scène politique sous le cri de “el patriarcat va a caer” [le patriarcat va tomber].

Les jeunes femmes de l’État Espagnol ont sans doute été les principales protagonistes des mobilisations du 8 mars les plus importantes à l’échelle internationale. Dans les pays hispanophones, suite à quatre ans de mobilisations en augmentation, le féminisme et le mouvement des femmes a confirmé être un acteur politique, un canal d’expression du mécontentement social et de dénonciation des signes de dégradation des démocraties capitalistes : les inégalités, la précarité, les violences sexistes et sexuelles, etc. Les jeunes femmes sont devenues le haut parleur du mécontentement d’une société capitaliste en crise économique et sociale.

Ces mouvements plein de force subversive ne s’éteindront pas si on réussit à les enraciner dans nos lieux d’études et de travail pour transformer la force mobilisée en force organisée. Une force matérielle capable d’élargir la journée de mobilisation du 8 mars, à une échelle générale, aux côtés de l’ensemble de la jeunesse et la classe ouvrière, pour mettre à bas ce système capitaliste et patriarcale.

Les jeunes femmes, celles qui n’ont rien à perdre ?

La jeunesse féminine internationale a grandi dans une époque où les mouvements de femmes du siècle précédent avaient déjà permis de gagner de nombreux droits et libertés démocratiques, essentiellement dans les pays occidentaux. Du point de vue de la loi, l’égalité de genre semble être acquise et le recul des valeurs traditionnelles nous permet d’avoir une vie plus “émancipée” que celle des femmes des dernières générations. Le mariage pour tous est un droit acquis -très récemment- dans la majorité des pays occidentaux, les femmes ont le droit à l’éducation et aux études supérieures, elles ont le droit de vivre seules, de voyager, et même faire des études sur le genre dans les universités. Qu’est-ce qu’on veut de plus ?

Suite à des années de conquête de droits, lente et graduelle et qui étaient toujours le résultat d’un rapport de force et de lutte, les nouvelles générations ont commencé à voir l’énorme contraste entre l’égalité de droits formelle et l’inégalité réelle face à la vie. Ce qui se combine avec la persistance des nombreuses formes d’oppression patriarcale : les féminicides, les agressions quand on rentre chez nous tard dans la nuit, le harcèlement dans nos lieux d’études, la publicité sexiste qui nous entoure, les relations de couple toxiques, la sous-représentation des femmes dans les postes les plus élevés du monde académique, etc.

Les droits démocratiques conquis dans les dernières décennies sont l’apanage des femmes privilégiées des pays occidentaux. La majorité des femmes dans le monde souffre du manque d’accès aux moyens de contraception et une femme meurt toutes les dix minutes pour cause d’un avortement clandestin. Aujourd’hui, dans plusieurs pays où gouvernent les secteurs conservateurs, l’attaque contre les droits des femmes et des personnes LGBTI est centrale. Depuis Bolsonaro au Brésil, jusqu’au parti d’extrême droite Vox qui gouverne en Andalousie (État Espagnol), en passant par le discours ouvertement misogyne du président étasunien Trump, la chasse au mouvement des femmes est instaurée sous le mot d’ordre de “lutte contre l’idéologie de genre”. Dans le pays impérialiste français, les lois islamophobes contre le port du voile constituent une violence à l’encontre des femmes musulmanes. L’État met ainsi en vigueur des lois racistes en instrumentalisant le féminisme et la question de la liberté des femmes pour imposer son islamophobie en lançant une véritable guerre contre les femmes racisées et musulmanes. Contre cette déferlante islamophobe et l’ensemble des violences faites aux femmes, nous devons remplir les rues le 23 novembre et nous organiser dans nos universités dans une lutte féministe anti-impérialiste, anti-raciste et anticapitaliste

Si l’oppression des femmes n’est pas née sous le capitalisme, le patriarcat est aujourd’hui entièrement adapté au système de production, devenant un allié indispensable pour l’exploitation et le maintien de l’ordre social de la classe dominante. Les femmes sont les premières victimes de la crise économique : elles sont le plus touchées par les bas salaires, les emplois précaires et le chômage. En France, le taux de féminisation des emplois à temps partiel dépasse 82%. La précarité a aujourd’hui le visage des femmes, si elles représentent un peu plus de 50% de la population mondiale ainsi que la moitié de la classe ouvrière, elles constituent 70% des personnes se trouvant en situation de précarité. La casse des services publics, comme la santé et l’éducation qui sont des secteurs très féminisés, dégradent encore plus les conditions de travail et de vie des femmes. Elles sont les premières victimes de la politique et des attaques de Macron à l’encontre des travailleurs. La nouvelle réforme des retraites va toucher directement les femmes, toujours payées de moins en moins pour le même travail, ce sont elles qui touchent les retraites les plus misérables.

On est l’une des générations les plus formées, mais aussi celle la plus touchée par le chômage et par la précarité, encore plus dans les années à venir compte tenu des nouvelles casses de Macron de l’assurance chômage. Pour pouvoir financer nos études, on est obligés de travailler comme livreur chez Deliveroo ou comme caissière à Monoprix. Les jeunes femmes sont poussées à travailler dans des emplois dévalorisés et stéréotypées : babysitter, hôtesse d’événements ou encore le travail sexuel comme vendre des culottes à des inconnus ou faire des webcams sexuelles. La jeunesse est poussée vers un avenir de chômage et de précarité, un avenir avec un monde en dégradation, où les ressources s’épuisent et le niveau de l’océan augmente.

Que faire ? Se réapproprier de la politique et s’organiser pour renverser le système patriarcal et capitaliste.

En France, la génération d’étudiantes d’aujourd’hui commence à en avoir marre de l’omerta sur les violences sexistes et sexuelles, l’oppression et des inégalités.

Une des logiques du féminisme majoritaire dans la jeunesse est celle de la déconstruction individuelle. Face à un monde où le patriarcat est loin d’’être renversé, où l’exploitation, la précarité et la pression académique nous violentent de plus en plus et où les mouvements féministes massifs des décennies précédentes n’ont pas réussi à dépasser l’obtention de droits et libertés démocratiques, la seule solution qui se présente est celle de résister comme on peut, en se forgeant une carapace individuelle au patriarcat. C’est pour cette raison que les récits comme King Kong Theory de l’écrivaine française Virginie Despentes ont un tel succès dans la jeunesse : il mettent des mots à la colère des femmes d’aujourd’hui qui n’en peuvent plus de cette société, mais manquent de stratégie pour en finir avec elle. Ce qui peut provoquer un sentiment de frustration ou d’impuissance. Pourquoi donner une solution individuelle à un mécontentement partagé par une grande partie de l’humanité ?

Plutôt que de rester dans la logique de travail personnel, où chacune dans la solitude de nos chambres, essaye de comprendre ce qui nous fait souffrir, pour nous sentir mieux en déconstruisant notre patriarcat intériorisé ; ne serait-ce pas plus intéressant de se “déconstruire”, dans la construction d’un mouvement féministe et socialiste révolutionnaire ? Dans la construction d’une jeunesse féminine combattive ? Qui n’aura pas uniquement comme objectif celui de déconstruire le patriarcat un à un, individu par individu, comportement par comportement, mais celui de renverser radicalement cette société, qui depuis de nombreuses décennies prouve qu’elle n’a ni queue ni tête.

La lutte pour l’émancipation des femmes, n’est pas juste une lutte individuelle psychologique ou spirituelle, c’est un lutte politique contre la classe qui domine notre société, basée sur le racisme, le sexisme, l’impérialisme, l’exploitation et la misère. Face à l’actualité et à la période à venir, mais aussi face à la cooptation du mouvement des femmes par le féminisme institutionnel, face à toutes les attaques du système et du gouvernement de Macron, la solution pour les jeunes femmes est celle de s’approprier de la politique pour devenir des vrais actrices du changement à venir.

C’est ainsi que nous, femmes auto-didactes, féministes, femmes curieuses, femmes combattantes, on peut et on doit renverser le capitalisme pour ainsi édifier la société qu’on veut, une société sans classe ni violence patriarcale, une société plus libre. Une société où nous pourrons étudier comme nous voulons, sans devoir faire appel à des emplois pénibles et aliénants qui nous éloignent de toute émancipation de l’esprit. C’est ainsi que les discussions entre copines sur le féminisme et le patriarcat, se transformerons en discussions entre camarades qui s’organisent avec un même projet féministe, socialiste et révolutionnaire qui permettra l’émancipation collective. La transformation réelle de la société se fera avec l’organisation des jeunes femmes étudiantes, des femmes précaires et étudiantes, au côtés de la classe ouvrière, qui par sa position est la seule capable de bloquer la production, et de l’ensemble de la jeunesse, autour d’un programme et une stratégie révolutionnaires qui renverseront radicalement cette société qui nous opprime et nous exploite.

Prenons exemple des femmes à l’international pour préparer le 5 décembre ! C’est l’occasion de préparer le combat contre Macron et toutes ses attaques !

Depuis le collectif international Du Pain et des Roses, présent en Argentine, dans l’État Espagnol, au Brésil, au Chili, au Mexique, dans d’autres pays de l’Amérique latine et récemment aussi en France, en Italie et en Allemagne, on propose un programme et une perspective féministe anti-capitaliste, anti-impérialiste et internationaliste. Contactez-nous pour obtenir notre manifeste et ainsi découvrir plus profondément notre politique.

Organisons-nous dans nos universités et construisons la lutte en France et à l’internationale ! Nus voulons du pain mais aussi des roses !


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