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Les jeunes travailleurs précaires, en première ligne face au coronavirus

CDD étudiants, interim, travailleurs au black, en extra, alternants, les jeunes travailleurs précaires, dont beaucoup travaillent dans les services, sont en première ligne face à la crise en cours. Entre licenciements de facto , la non indemnisation du chômage ou, à l'inverse, l'obligation de travailler dans ce contexte de crise sanitaire sans protection réelle pour assurer les profits des patrons, la jeunesse n'est autre que la première variable d'ajustement pour les patrons face à la crise à la fois sanitaire et économique que nous connaissons.

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La précarité étudiante avait largement été mise en lumière en novembre dernier, suite à la tentative de suicide d’Anas à Lyon. 46% des étudiants travaillent en parallèle de leurs études, occupant des emplois très précaires. Mais cette situation n’est pas l’apanache de celles et ceux qui étudient, en réalité c’est pour l’ensemble des jeunes que la situation au travail s’empire d’années en années, comme en témoigne le fait qu’un jeune sur cinq vit actuellement sous la barre des 60% du salaire médian représentant le seuil de pauvreté (le salaire médian est de 1789€ net par mois, ce seuil se situe donc à à 1073€), 1 jeune sur 4 est au chômage, 1 jeune sur 2 est en CDD, intérim ou apprentissage. Si cette réalité touche une masse de jeunes, mal payés, précarisés, flexibilisés, elle a une incidence directe sur leur rapport à la pandémie en cours.

Les jeunes travailleurs utilisés comme « variables d’ajustement » en temps de crise

Avec la crise, les jeunes travailleurs jouent un rôle clair de « variable d’ajustement » pour le patronat, qui n’a pas hésité licencier dès les premières annonces du gouvernement restreignant les activités du pays, comme ça a notamment été le cas dans des McDonalds. Et pour les virer à moudre coût, rien de plus facile avec la multiplication des contrats précaires, d’intérim ou de CDD, qu’il suffit de ne pas renouveler pour mettre les travailleurs à la porte, sans parler de celles et ceux à qui on a pas jugé utile de faire signer un contrat de travail, et à qui il suffit de dire « au revoir » pour les jeter sans aucune indemnité.

Pour celles et ceux qui sont encore en poste, bien souvent aucune protection, envoyés au charbon coûte que coûte, à leurs risques et périls et ceux de leurs proches. Des centaines de milliers de jeunes travaillent dans la restauration ou dans la grande distribution alimentaire, et cette-dernière continue de fonctionner à plein régime. Pour celles et ceux qui y travaillent, l’exposition au public est très grande, que l’on soit par exemple caissière, ou que l’on remplisse les véhicules des clients d’un « drive ». Dans ces différents cas, une grande partie des travailleurs ont dû se rendre en poste, comme c’est aussi le cas dans la restauration, même si dans une moindre mesure, et ce malgré la décision gouvernementale de fermer les restaurants.

Pour ce qui est de la grande distribution, encore une fois, les salariés sont non-seulement contraints d’augmenter les cadences, de travailler plus, mais y compris très souvent sans aucune protection ! À Chronodrive par exemple, les salariés ont vu leur temps de travail doubler, et la direction n’a même pas mis à leur disposition de gel hydroalcoolique !

Pour les travailleurs « ubérisés », notamment les livreurs, qui sont des salariés déguisés derrière un statut d’ « auto-entrepreneur », la situation est des plus dramatiques. Certaines multinationales qui les emploient come Uber Eats leur promettent de les indemniser s’ils arrêtent de travailler... à la condition qu’ils aient le coronavirus ! Et en terme de protection, l’entreprise leur propose... de leur rembourser jusqu’à 25 euros sur les frais liés à l’achat de matériel sanitaire (soit le prix d’une boite de 25 masques FFP2, qui deviennent très difficile à trouver, et qui ne sont utilisables que pendant 3h avant d’être jetés). En clair, les livreurs devront pédaler jusqu’à tomber eux-même malades faute de quoi ils n’auront aucun revenu.

Mail reçu par un livreur employé par Uber Eats de la part de l’entreprise

Au fur et à mesure du développement de la crise sanitaire du Covid-19, et de la crise économique qui l’accompagne, les jeunes travailleurs précaires servent ainsi clairement de variable d’ajustement pour le patronat. Une crise donc que les capitalistes ont déjà commencé à leur faire payer, bien loin des effets d’annonce du gouvernement qui prétend avoir confiné les gens alors qu’une immense partie des salariés est obligée de continuer de se rendre au travail sans protection, et qui expliquait il y a quelque jours que les travailleurs seraient indemnisés en cas d’arrêt, ce dont les précaires jetés à la porte ne risquent pas de voir la couleur.

Afin de se protéger, sanitairement et économiquement, tous les travailleurs doivent pouvoir accéder à un contrat stable, un CDI, et les licenciements doivent être interdits. Aussi, durant l’arrêt des entreprises, l’intégralité des salaires doivent être versés pour permettre aux jeunes travailleurs de continuer à pouvoir payer leur loyer et leurs factures, ce qui est très loin d’être assuré dans l’état actuel des choses. Il s’agit là de garantir, non seulement la survie de milliers de jeunes dans des conditions de vie décentes, mais aussi la possibilité pour tout les jeunes travailleurs précaires de pouvoir, pendant la pandémie et au-delà, se défendre et défendre leurs droits, remettre en question les méthodes de l’entreprise, sans craindre un licenciement, le non renouvellement de leur contrat ou la « fermeture de son compte » de travailleur « ubérisé ». C’est aux capitalistes de payer leur crise économique et la destruction systématique des services publics et de santé qu’ils organisent depuis des années, pas à la jeunesse !


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