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''On va tout péter''

Les ouvriers de GM&S sur le tapis rouge

Pendant 7 mois Lech Kowalski, réalisateur, a filmé les ouvriers de GM&S à la Souterraine en Creuse dans leur lutte pour sauver leur usine. Le 16 mai, c'est sur le tapis rouge de Cannes que les ouvriers sont venus rappeler leur combat

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À la Souterraine, les ouvriers de GM&S ont mené une longue bataille pour sauver les 277 emplois, un an avant les Gilets Jaunes, dans un silence d’abord pesant, à l’image des nombreuses usines qui ont fermé, plongeant des milliers de travailleurs face au chômage et à la précarité, pendant que les chiffres d’affaire se comptent en milliards, dans un silence médiatique assourdissant. C’est en pleine campagne présidentielle qu’ils avaient attiré l’attention des médias, lorsqu’ils ont menacé de faire sauter les lieux, en hissant deux bonbonnes de gaz pour rappeler à qui avant appartenait le matériel de travail. C’est une radicalité ouvrière face à un désespoir imposé par les déstructurations d’usines, qui s’est exprimée à la Souterraine, qui rappelle MTA à Fumel, ou les ouvriers de la filature Cellatex de Givet en 2000 dans les Ardennes, ou à l’usine de pièces automobiles New Fabris en 2009 dans la Vienne.

C’est dans ce contexte que Lech Kowalski, fils de Polonais émigrés aux États-Unis, père barman et mère ouvrière du textile, s’est mêlé aux ouvriers parmi les journalistes, d’abord sans leur dire qu’il projetait de faire un film. Pendant le tournage, il a pu faire face à des poursuites judiciaires, comme on peut lire son témoignage publié sur Révolution Permanente K. Lech, réalisateur : « Je filme la lutte des salariés de GM&S, c’est pour ça que j’ai été arrêté ».

La nuit que j’ai passée en prison a été révélatrice, en ceci qu’elle m’a donné l’occasion de réfléchir à ce que j’avais appris au cours de ces six derniers mois, pendant lesquels j’ai filmé les salariés de GMS en lutte. Macron, le président français, a dit de ces travailleurs qu’au lieu de « foutre le bordel », ils feraient mieux de chercher du travail. Des médias de masse, qui relaient le discours du gouvernement, décrivent ces salariés comme des dinosaures opposés aux progrès, des paresseux qui ne veulent pas travailler.
C’est loin d’être vrai. Certains de ces salariés travaillent là depuis 40 ans. L’âge moyen dans l’usine est de 50 ans. GM&S est comme une deuxième maison, pour eux. Aujourd’hui, ils se battent surtout pour conserver leur mode de vie qu’ils n’ont pu atteindre qu’après des années et des années de travail.

Cette semaine, les ex-salariés de l’entreprise sous-traitante GM&S étaient sur la Croisette à Cannes pour la projection de "On va tout péter", le documentaire de Lech Kowalski.

Une quarantaine de salariés, anciens et actuels, ont fait le déplacement pour présenter le documentaire consacré à leur combat. Le film est sélectionné par la Quinzaine des réalisateurs, compétition parallèle au Festival de Cannes. C’est une scène émouvante qui se produit à la fin de la séance, celle des ouvriers montés sur scène, face à un public enthousiaste, debout pour les applaudir. Ils ont remis leur propre palme d’or à Lech Kowalski, avec qui, pendant 7 mois, ils ont noué des liens forts.

Après la projection, c’est dans les rues de Cannes qu’ils ont défilé, rappelant que "sur les 157 licenciés, seuls 37 ont retrouvé un CDI. 70 sont sans solution pérenne et 26 sont dans des situations délicates", comme le souligne Vincent Labrousse au micro de France Info, ancien automaticien chez GM&S.

Ça nous permet de nous remettre à la une et de continuer la luttes pour les collègues licenciés Yann Augras - Délégué CGT à l’usine dénommée dorénavant La Souterraine Industry (LSI) : une chance que le film "On va tout péter" soit sélectionné et mis en avant sur le tapis rouge.

Dans une ambiance inattendue et festive, à Cannes, sur le tapis rouge, c’est le moment de montrer que nombre d’entre eux restent mobilisés, pour maintenir l’activité du site, mais aussi pour leurs collègues qui ont été licenciés.

Le film sera diffusé en avant-première le 7 juin 2019, à 18h, à l’Eden de La Souterraine.


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