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La colère monte

Les routiers face à la crise. « On se met en danger et on nous traite comme du bétail ! »

La colère des chauffeurs routiers ne cesse de monter ces derniers jours. Alors qu’ils sillonnent les routes pour réapprovisionner, entre autres, des secteurs de premières nécessités comme la grande distribution, ces derniers font face à des conditions de travail déplorables : absence de masques et d’équipements de protections lors des livraisons, plus d’accès aux toilettes, aux douches, aux restaurants et à des aires pour se reposer.

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« On ne peut plus ni s’arrêter, ni se laver, ni nous reposer ! » Très sollicités pendant la crise du coronavirus, les chauffeurs routiers sont confrontés à des situations de travail très précaires et dangereuses pour leur santé.

Tout d’abord, nombre d’entre eux n’ont même pas accès, lors des livraisons, aux équipements de base leur permettant de se protéger du virus, comme des masques, des gants, ou du gel hydroalcoolique : « C’est le manque de considération, témoigne la femme d’un chauffeur routier. Quand ils arrivent dans une entreprise, on leur dit de ne pas trop s’approcher. Il n’y a pas de gants, pas de masques. Ils sont considérés comme des pestiférés. J’ai peur pour mon mari, car il fait beaucoup de route partout et il peut propager le virus. Que les routiers qui livrent des produits non-indispensables rentrent chez eux ! »

De plus, la Direction interdépartementale des routes de l’Ouest (Diro) a fermé ses aires de repos. Les chauffeurs n’ont même plus accès aux structures permettant de répondre à leurs besoins vitaux et sanitaires comme aller aux toilettes, se doucher, se restaurer. Ils n’ont également plus de lieux pour se reposer, ce qui peut être extrêmement dangereux. Effectivement, beaucoup de chauffeurs en colère ont témoigné ces derniers jours sur les réseaux sociaux :« La Diro ferme les aires, nous devons nous mettre en danger pour transporter les denrées alimentaires ? Alors que nous sommes traités comme du bétail ? »

« Les grosses sociétés d’autoroutes se gavent sur notre dos et ont décidé de fermer tout ce qui est sanitaires, douches. Comment voulez-vous qu’on bosse ? […] On demande juste de pouvoir se laver et manger […] S’ils n’ouvrent pas leurs portes, on va arrêter » expliquait mercredi matin Cédric, un routier, sur RMC.

Ces derniers jours, la colère ne cesse, légitimement, de monter chez les chauffeurs routiers. En effet, d’après les syndicats et notamment la FNTR, les défections de conducteurs s’accumulent :« Des centaines de conducteurs nous disent : ’on arrête’ ». D’après les témoignages, de plus en plus de chauffeurs posent la question du droit de retrait, comme l’illustre le témoignage d’un chauffeur franc-comtois : « On transporte tout et n’importe quoi. On livre les plateformes de distribution, on dispatche ensuite entre tous les magasins et là, j’entends de plus en plus de chauffeurs évoquer leur droit de retrait. Si jamais se dessine une grève, tout le monde sera dans la merde. Il faudrait au minimum une dérogation pour les restaurants routiers, avec un service de décontamination des douches, pour qu’on puisse avoir un quotidien décent. »

Face à ça, le gouvernement a récemment annoncé qu’il prendrait des « décisions nécessaires pour permettre aux acteurs des différents maillons de la chaîne logistique d’accomplir leur mission ».Une énième phrase floue, qui ne parle d’aucune mesure concrète. Ce qui n’a rien d’étonnant puisqu’en réalité depuis le début de la crise sanitaire, le gouvernement est loin de mettre au centre de ses priorités la santé et les conditions de travail des salariés. En effet, alors que les conditions de travail sont très dures pour le personnel soignant en cette période de crise sanitaire – en témoigne les nombreux témoignages qui fleurissent aujourd’hui sur les réseaux sociaux et dans les médias – le gouvernement n’a toujours pas pris de mesures à la hauteur pour permettre à ces derniers de gérer la crise et l’afflux de patients, ni d’investissement massif dans la santé.

De plus, si aujourd’hui nous risquons 135 euros d’amendes pour une sortie injustifiée, de nombreux salariés travaillant dans des usines non essentielles se retrouvent encore obligés d’aller au travail, mettant leur vie en danger ainsi que celles de leurs familles. Et ce parce qu’encore une fois, ce sont les profits que les patrons et le gouvernement font primer sur notre dos et au péril de notre vie. C’est cette situation et son absurdité qui a poussé de nombreux ouvrier à s’organiser, faire valoir leur droit de retrait et imposer de fait à leurs patrons qu’ils ferment les usines.

Ainsi, on se retrouve dans une situation où plein de secteurs non essentiels continuent à produire, dans lesquels il faut désinfecter, faire le ménage des ateliers, pour construire des avions, ou bien des paquebots – absolument pas essentiel aujourd’hui ! hormis pour l’intérêt et les profits du patron – alors que des secteurs essentiels comme les transports ou les hôpitaux, tournent dans des conditions largement insuffisantes et que des chauffeurs routiers n’ont aujourd’hui même pas accès aux structures sanitaires de première nécessité ! Cette situation illustre encore une fois la gestion hyper partielle et insuffisante de la crise sanitaire. Aux côtés de nombreux autres secteurs, comme les livreurs, les travailleurs sociaux, des transports.. les chauffeurs routiers font partie des oubliés du plan d’urgence sanitaire.

Or, face à cette situation, il est urgent que les chauffeurs routiers aient à nouveau accès à des aires de repos ou autres structures contenant des WC, des douches, à des restaurants qui soient nettoyés pour éviter toute contamination des lieux. Il est également central que le personnel embauché pour entretenir et faire tourner ces lieux, soient muni d’équipements tels que les masques, les gants, du gel, et embauchées avec des conditions de travail dignes, ce qui n’est aujourd’hui absolument pas le cas pour les agents de nettoyage en général, chez qui le recours à la sous-traitance est massif. De plus, comme mentionné par l’épouse d’un routier, seul les routiers qui transportent des marchandises essentielles, comme l’alimentaire, le gaz, etc., doivent travailler. Les autres, ainsi que tous ceux qui ont un état de santé fragile, atteints de maladies chroniques, doivent rentrer chez eux sans perte de salaires.


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