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Service public : tout doit disparaître !

Les soldes aux emplois à la SNCF : les 4500 derniers CDI au statut cheminot à saisir

La SNCF lance, lundi 13 et mardi 14 mai, une grande campagne de recrutement : 4500 CDI à pourvoir dans toute la France. Un coup de comm' remarquable pour l'entreprise sous les feux des projecteurs depuis la signature du pacte ferroviaire, à l'heure de sa privatisation et de la liquidation des acquis des travailleurs.

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Foire aux conditions de travail dignes : vite, il n’y en aura pas pour tout le monde !

Avant janvier 2020, et donc la fin de toute embauche possible au statut de cheminot, cette vague de recrutements est celle de la « dernière chance » pour tous ceux et cellesqui voudraient des conditions de travail dignes et un minimum de protection sociale dans leur emploi à la SNCF. Sous ses airs de grande foire à l’emploi, de distribution de postes à tours de bras, cette campagne est en réalité bien plus celle d’objets rares en « édition limitée ». Et en ces temps de liquidation d’une partie importante des acquis des travailleurs, la stabilité de l’emploi, fait partie de ces objets dont on est prêts à s’arracher les derniers en période de « soldes », puisque l’entreprise avait, vendredi déjà, reçu sur la plateforme dédiée à l’envoi des CV bien plus réponses que de postes à pourvoir.

A cette rhétorique de la braderie, vient naturellement répondre celle de la « chance » à saisir, des « heureux élus » qui auront le « privilège » d’obtenir ces derniers postes au statut. L’occasion était de toute évidence trop tentante aux yeux du patronat pour la laisser passer, et c’est donc peu subtilement, en donnant les dernières miettes de leurs acquis, qu’elle adresse un clin d’œil triomphal aux cheminots, ces grands « privilégiés » insupportables dans un « modèle »néolibéral, et à leur défaite du printemps dernier actée par la signature du pacte ferroviaire.

Ultra-concurrence sur le marché de l’emploi, offres éphémères, tests face à la pression : un recrutement à l’image de la SNCF d’aujourd’hui

En effet, une fois passé le coté joyeux, presque festif de l’opération sur des airs de « Vive le train ! », c’est en réalité ce que l’on pourrait appeler un recrutement « en conditions » qui s’opère. Des milliers de personnes qui se sont toutes déplacées dans l’espoir de trouver du travail et qui repartiront sans rien pour la plupart qui n’arriveront pas à se montrer parmi les meilleurs, des dizaines d’ateliers, de rencontres, d’activités qui participent d’un test permanent et dans lesquelles il ne faut pas montrer la moindre faille... voilà qui devrait préparer les candidats à leurs futures conditions de travail.

« Job dating, bien sûr, mais pas seulement : un escape game permettra aux recruteurs d’étudier le comportement des candidats, à travers différentes énigmes à résoudre autour… du train. Une manière pour les recruteurs de repérer, chez les candidats, toutes les compétences qui peuvent s’avérer indispensables dans l’exercice des différents métiers proposés » précise ainsi Le Parisien, sans nommer toutefois ces dites « compétences indispensables » aux yeux des recruteurs. Néanmoins, le choix de l’escape game, semble parler de lui-même. Effectivement, un jeu fondé sur la résistance à la pression et à la panique, qui a pour principe l’enfermement dans une pièce dont il faut à tout prix réussir à sortir avant la fin du chrono en résolvant une série d’énigmes, est assez éclairant quant aux qualités recherchées.

Grand forum de recrutement, vitrine rutilante pour occulter les suicides et la répression antisyndicale

C’est le grand événement de la semaine « Vive le Train ! » organisée par la SNCF : lundi et mardi se tient, sur le site éphémère Ground Control, un immense forum de recrutement lancé par l’entreprise. Au total, 4500 CDI pour toute la France, 2500 rien que de pour la région parisienne. Une campagne de recrutement « titanesque » pour Le Parisien qui, après avoir précisé que « les heureux élus seront les derniers, dans l’histoire de la SNCF, à être embauchés comme cheminots au « statut » (pour les moins de 30 ans seulement) », décrit ainsi l’événement : « Électriciens, mécaniciens, ingénieurs, conducteurs, agents de production Transilien et aiguilleurs du rail : six métiers au total sont particulièrement recherchés par le groupe, qui se décrit comme « le deuxième recruteur de France » ».
Une telle campagne, ainsi présentée par les médias, ne peut manquer de nous faire lever un sourcil d’étonnement en ces temps où le licenciement paraît pourtant plus à la mode que l’embauche à la SNCF ! En effet, certains travailleurs semblent bien plus poussés vers la sortie qu’accueillis à bras ouverts.

C’est du moins ce que suggèrent les licenciements, menaces et sanctions contre certains des cheminots les plus combattifs depuis la mobilisation du printemps dernier et la signature du pacte ferroviaire, par une direction qui fait aujourd’hui peser sur les cheminots tout le poids de la répression antisyndicale, à l’image d’Eric et Rénald, menacés de licenciement en ce moment même en région parisienne. Cette même direction qui encadre d’une main de fer la transition de la SNCF sur la voie d’une « entreprise comme les autres ».
Oui, la SNCF est devenue une entreprise comme les autres, et pas n’importe lesquelles lorsqu’on regarde le nombre absolument terrifiant de suicides de ses salariés sur ces deux dernières années – au moins 60, et encore 2 lundi dernier seulement ! - qui ne peut empêcher de rappeler le cas de l’affaire des suicides à France Télécom il y a maintenant dix ans.

Ainsi, pour les nouvelles recrues de la SNCF, quel que soit leur métier ou secteur, il s’agira aussi de se préparer à se battre contre la pression mise en place par la direction sur chaque salarié, ou encore pour sa dignité, pour des conditions de travail acceptables, ou pour sa liberté syndicale, qui ne font actuellement pas partie des options dans les contrats qui seront signés. Il ne faut pas non plus oublier que depuis la réforme ferroviaire le statut de cheminot a été vidé en grande partie de son contenu, et pour ne rien arranger à la situation Pepy a annoncé qu’il serait modifié en 2020, l’occasion de soulever de nouveaux débats d’ici là.


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