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La colère gronde

Les travailleurs de Carrefour en grève pour le début du week-end de Pâques

Les syndicats FO et CFDT ont appelé à la grève l’ensemble des magasins du groupe Carrefour ce samedi 31 mars, qui marque le début du long week-end de Pâques. Un appel qui répond à la gronde grandissante des travailleurs face au plan de transformation Bompard annoncé en Janvier.

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2 400 suppressions de postes par départs volontaires. C’est ce qu’annonçait en Janvier, Alexandre Bompard, PDG du groupe Carrefour, dans un plan de transformation visant selon lui à redresser la situation économique de la société. Cette annonce, reçue comme un coup de massue par les employés, n’était en fait que la première pierre à un édifice bien plus grand visant à réduire au maximum les effectifs et les acquis salariaux pour enrichir toujours plus les actionnaires.

Plan social pour les employés...

Ce ne serait donc pas 2 400 mais près de 10 000 emplois, selon la CGT, qui seraient en voie de suppression en France par l’application de mesures telles que l’automatisation des stations-service et la suppression de plusieurs centaines de magasins. Sur ce dernier point, les négociations concernant le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) censé limiter les licenciements (qui concerne 2 300 emplois) se terminent ce jeudi mais laissent peu d’espoir selon la CGT et FO . A cela s’ajoute la suppression ou restructuration de certains services textiles et hi-fi qui devraient aboutir à davantage de licenciements. Au total, près de 10% des effectifs du groupe en France devraient être concernés.

Ceux qui resteront verront leurs acquis sociaux nettement dégradés, notamment via la mise en location-gérance de plusieurs magasins, qui permet de céder le fond de commerce de ces établissements en échange du paiement d’une redevance. Les salariés de ces établissements ne seront donc plus engagés par Carrefour et perdront les droits acquis via les conventions collectives d’entreprise, avec une répercussion sur leur rémunération annuelle à hauteur de 2 mois de salaire en moins. Pour pousser encore plus la provocation, cette année, la prime de participation des employés du groupe Carrefour sera divisée par 10. Cette prime qui, avant 2013, équivalait à un mois de salaire était passée à 600 euros à partir de cette date et ne sera plus que de 57 euros en 2018. Une pilule dure à avaler pour les employés dont les salaires sont gelés depuis plusieurs années et la prime d’intéressement déjà très faible.

… Bénéfices pour les actionnaires

Si le plan de transformation « s’accompagne de mesures difficiles sur le volet social", il "vise à pérenniser l’activité de l’entreprise ». C’est ainsi que la direction entend justifier toutes ces mesures et notamment le choix de diminuer drastiquement la prime de participation, distribuant à peine 7 millions d’euros entre tous ses salariés. Pourtant, la pérennité du groupe Carrefour ne semble pas mise en danger quand on sait que les actionnaires se partageront eux 356 millions d’euros d’après les syndicats. De plus, si en France la firme accuse bien une baisse de son activité en 2017, ce n’est pas le cas au niveau mondial avec un chiffre d’affaires de 88 milliards d’euros soit 3% de plus qu’en 2016. Le but de Bompard à travers ces mesures n’est donc pas plus de redresser une quelconque situation économique que de satisfaire toujours plus l’appétit financier insatiable de ses actionnaires.

Des chiffres qui font grincer des dents les salariés qui voient, à coups de magouilles de comptabilité, leurs effectifs se réduire et leurs conditions de travail empirer. Depuis l’annonce du plan de transformation en Janvier, plusieurs établissements se sont mobilisés individuellement pour dénoncer ce qui est une attaque d’ampleur contre leur droit de vivre et de travailler décemment. Face à la généralisation de la gronde, une grève de l’ensemble du groupe a été appelée par la CFDT et FO, une mobilisation qui s’annonce « exceptionnelle » selon FO pour qui la mobilisation est à la hauteur de la « dégradation du dialogue social ». Un dialogue qui ne laisse pas d’illusions pour qui comprend que le seul langage entendu par le grand patronat est celui de l’argent et que seul le fait de couper le robinet à billets verts des actionnaires instaurera un rapport de forces pour les négociations. La CGT a quant à elle lancé un appel individuel. Le SNEC CFE-CGC, syndicat des cadres, s’il n’appelle pas à la grève, appelle à une « déconnexion totale » vendredi entre 9h et 11h, signe que la politique de Bompard est si dévastatrice qu’elle divise de moins en moins.

Crédit photo : BFM Business


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