Ce jeudi, les travailleurs de Roissy-Charles de Gaulle et leurs soutiens, travailleurs d’autres secteurs dont des cheminots mais aussi des étudiants, ont envahi les terminaux de l’aéroport contre la réforme des retraites et pour l’augmentation des salaires. L’action a permis de montrer la détermination des travailleurs de l’aéroport, mais a aussi servi de préparation à la prochaine journée de mobilisation nationale ce 1er mai. Cette dernière constituera en effet la treizième journée de mobilisation nationale du mouvement contre la réforme des retraites, dans un contexte d’isolement inédit pour le gouvernement.

C’est dans ce contexte d’une situation sociale toujours bouillante que les travailleurs de Roissy et leurs soutiens ont envahi les différents terminaux de l’aéroport ce jeudi à l’appel de l’intersyndicale locale. Étaient présents des travailleurs de plusieurs entreprises sous-traitantes, d’Air France et d’Aéroports de Paris, ainsi que des cheminots, des professeurs et des étudiants, notamment à l’appel du Comité Nord du Réseau pour la Grève Générale.

[DIRECT] ENVAHISSEMENT DES TERMINAUX PAR LES TRAVAILLEURS DE ROISSY AÉROPORT

Contre la réforme de Macron et pour les salaires, la colère est toujours forte ! Les travailleurs de l'aéroport et leurs soutiens mobilisés ce matin.#1erMai #1erMai2023 pic.twitter.com/QWt8aHwwYQ

— Révolution Permanente (@RevPermanente) April 27, 2023

Pendant l’action, plusieurs préoccupations étaient dans toutes les bouches. Tout d’abord, la réforme des retraites et le passage en force du gouvernement. Pour beaucoup, le 1er mai est aussi l’occasion de répondre aux aspects les plus antidémocratiques du régime. Wahbi, travailleur de la plateforme aéroportuaire de Roissy FedEx, nous explique ainsi : « je viens lutter contre une réforme qu’on nous a imposée par 49-3. C’est pas possible de faire des décrets pour interdire des casseroles. Il faut tout donner pour le 1er mai, c’est la dernière ligne droite. » Dans le même sens, Daniel Blanchard, travailleur de l’Aéroport de Paris, affirme à notre micro : « Le 1er mai est un rendez-vous indispensable. Il y a eu un passage en force de la loi et le 1er mai sera une réponse massive à ce dialogue de sourd. »

Mais les travailleurs de Roissy et leurs soutiens ne comptent pas s’arrêter à la question de la réforme des retraites. L’augmentation des salaires est également une revendication centrale pour eux dans un contexte d’inflation grandissante. Daniel Blanchard ajoute ainsi : « Du fric il y en a : Aéroport de Paris a distribué 313 millions d’euros aux actionnaires et pas à ses salariés. » Dans le même sens, Romain, cheminot à Paris Est, syndiqué à la CGT et venu en soutien, affirme : « La réforme a été une goutte d’eau en plus mais il faut carrément changer le système. La vie augmente, les salaires suivent pas. Si demain, on arrive à faire tomber la réforme, ça va nous donner de l’élan pour la suite. »

Pour beaucoup, l’heure est ainsi au combat et à la poursuite de la mobilisation. Lisa, étudiante à Paris 8 et militante au Poing Levé, intervient en ce sens : « La colère est toujours là et les gens sont prêts à se mobiliser, c’est pour ça qu’on est là avec le Réseau pour la Grève Générale. On cherche à se structurer à la base avec tous les secteurs, des étudiants, pour se coordonner et que le combat ne s’arrête pas contre toutes les réformes racistes, xénophobes et anti-sociales qu’on nous promet. »

« Le #1erMai sera la réponse massive à toutes les attaques anti-démocratiques du gouvernement pendant le mouvement » Daniel Blanchard, travailleur de l’Aéroport de Paris (ADP) pic.twitter.com/A8BeCAAttE

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Cette action s’inscrit dans le climat de défiance généralisée envers le gouvernement depuis l’utilisation du 49-3 et le passage en force de la réforme des retraites avec l’approbation du Conseil Constitutionnel. Pas un déplacement ministériel ne se fait sans rassemblement ni casserolade et certains sont même annulés, avec comme dernier exemple en date le ministre de l’Agriculture qui a été accueilli ce jeudi matin par une centaine de personnes à Rouen. À cela s’ajoutent les grèves pour les salaires qui continuent d’essaimer dans le pays, à l’image des travailleuses du textile de Vertbaudet, des sous-traitants d’Amazon, des éboueurs du SIVOM en Essonne ou encore des travailleurs de chez Airbus.

Déterminés et forts du succès de l’action dans l’aéroport, les travailleurs de Roissy et leurs soutiens se sont donc donnés rendez-vous à la manifestation du 1er mai. Et si cette journée s’annonce d’ores et déjà massive et historique, elle ne doit pas constituer un baroud d’honneur mais permettre de tirer les bilans des trois mois de mobilisation contre la réforme des retraites.. Journées isolées de mobilisation, refus d’élargir les revendications, d’appeler à la grève reconductible ou de condamner fermement la répression : ce sont tant de limites qui n’ont pas permis de généraliser la grève et de faire plier un gouvernement bien déterminé à imposer sa réforme coûte que coûte.

De ce point de vue, il va falloir poursuivre la mobilisation en dépassant la seule revendication du retrait de la réforme pour dessiner une réponse à l’ensemble des enjeux actuels, que ce soit l’inflation, l’aggravation des conditions de vie et de travail de toute une partie de la population ou encore la question d’un régime de la Vème République qui a fait la démonstration de sa nature profondément anti-démocratique. Pour ce faire, il s’agit de se doter d’un programme qui défende la retraite à 60 ans et 55 ans pour les métiers pénibles, l’augmentation des salaires et leur indexation sur l’inflation, ainsi que la répartition du temps de travail entre toutes et tous, un programme qui ne pourra être arraché que par une lutte de l’ensemble des travailleurs et de la jeunesse.