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Licencié, un éboueur en première ligne pendant le confinement se suicide

Vendredi 5 juin, un éboueur s'est suicidé dans sa tenue de travail. Cet homme de 46 ans qui travaillait depuis 26 ans dans les sociétés de collecte de déchets avait reçu sa lettre de licenciement le soir précédant. Pour son entreprise, il était « coupable » d’avoir accepté une bière offerte par un badaud, le remerciant pour son travail pendant le confinement...

Simon Derrerof

10 juin 2020

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Un éboueur en activité depuis plus de 26 dans l’entreprise COVED de traitement des déchets, s’est suicidé vendredi 5 juin, près de Caen. La veille, le travailleur avait reçu une lettre de licenciement motivée par un trop fort taux d’alcoolémie de 0,19g par litre de sang. En effet, cet homme et son collègue avaient accepté deux bières offertes par un client les remerciant d’avoir été présent pendant le confinement.

Les deux hommes avaient alors été convoqués à un entretien préalable et ont finalement été licenciés. Le lendemain matin, c’est dans sa tenue de travail, muni de ses chaussures de sécurité, la lettre de licenciement à ses pieds que l’homme a mis fin à ses jours. Son corps a été retrouvé par son fils de 18 ans, dans le garage, un fusil dans la bouche.

Face à ce drame, les délégués syndicaux dénoncent une direction autoritaire et expéditive et ont du mal à cacher leur colère. Yannick Martin, délégué CGT de l’entreprise interrogé par l’AFP explique : « Ils sont où les héros du quotidien dont on parlait, qu’on applaudissait, ou tous les messages qu’on nous a mis sur nos poubelles ? Tous les messages qu’on a gardés d’ailleurs, car nous on était très touchés par cela. Mais la direction ils s’en foutent de ça, le boulot était fait mais on n’est pas des héros du quotidien pour eux. On est là pour faire ça, basta. »

Le délégué syndical dénonce également une décision abusive de la direction : « Il avait reconnu avoir bu deux bières offertes par un client, alors qu’il conduisait la benne, au cours d’une tournée de ramassage. Or, au premier contrôle d’alcoolémie, il n’avait que 0,19 g d’alcool dans le sang, 0,09g au second » mais également une politique autoritaire de la direction de l’entreprise. « Quatre licenciements en quatre ans et, récemment, trois démissions au secrétariat. Le collègue suicidé laisse un fils de 18 ans dont la mère est décédée de maladie, il y a quelques années. » selon Yannick Martin.

Amhed Benani, élu CFDT, également interrogé par l’AFP, s’étonne des méthodes du licenciement, alors même que l’entreprise a laissé leur collègue finir sa journée de travail et ramener le camion au dépôt : « S’il était vraiment dangereux, il ne fallait pas le laisser reprendre le volant ? »

Face à cette situation, les collègues du travailleur ont déjà saisi l’inspection du travail et demandent justice. Pour le moment la direction de la COVED a fait savoir par son service de communication qu’elle ne souhaite pas commenter « une dramatique affaire ». La famille de la victime a elle décidé de porter plainte, le frère du défunt lui aussi éboueur a affirmé à France Bleu : « Mon frère a travaillé sans relâche pendant toute cette période, on était les héros du quotidien. Là c’est le monde qui s’écroule. En 26 ans de carrière il n’avait jamais commis d’infractions, ils auraient pu lui laisser une seconde chance ».

Face à des entreprises sans pitié et un gouvernement qui organise la précarisation des conditions de travail, facilitant les licenciements, ni oubli ni pardon. Nous réclamons justice pour ce travailleur, licencié après plus de 26 années de service.


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