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Visite au Vatican

« Lien filial » avec l’Église catholique : Castex et l’hypocrisie d’une laïcité à géométrie variable

Ce lundi 18 octobre, Jean Castex, en visite à Rome, s'est entretenu avec le pape François. Dans un contexte marqué par les révélations sur l'ampleur de la pédocriminalité au sein de l'Église, les déclarations du premier ministre révèlent l'hypocrisie d'une laïcité à géométrie variable, qui brosse les catholiques dans le sens du poil tandis qu'elle stigmatise chaque jour un peu plus les musulmans.

Cléo Rivierre

20 octobre 2021

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Crédit photo : Vatican Media ABACA

Ce lundi 18 octobre, Jean Castex s’est rendu à Rome et au Vatican, une visite prévue de longue date afin de célébrer le centenaire du rétablissement des relations diplomatiques entre la France et le Vatican.

Complaisance avec l’institution catholique

Le premier ministre s’est entretenu avec le pape François pendant 35 minutes, signe selon Europe 1 que le pape François aurait apprécié s’entretenir avec Jean Castex. Seulement, dans un contexte marqué par les révélations du rapport Sauvé sur l’ampleur de la pédocriminalité au sein de l’Église, le sujet n’a pas pu être évité entre le ministre et le pape. Selon ce rapport, ce sont en effet 330 000 personnes mineures qui ont subi des abus au sein de l’institution catholique depuis 70 ans.

En sortant de leur entretien, Jean Castex n’a pas tari d’éloges sur le pape et de propos complaisants au sujet de la récente polémique sur le « secret de la confession » qui serait « plus fort que les lois de la République » selon Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la conférence des évêques de France, au sujet des déclarations d’agressions ou d’atteintes sexuelles sur des mineurs. Le premier ministre a en effet déclaré que « Ce n’est pas un scoop : l’Eglise ne reviendra pas sur le dogme du secret de la confession. », ajoutant qu’il faudrait seulement « trouver les voies et moyens pour concilier cela avec le droit pénal, le droit des victimes ». Ainsi, on s’assure qu’aucune atteinte ne sera faite aux lois de l’Église qui permettent de protéger les coupables au sein de celle-ci.

Ces propos vont dans le même sens que ceux d’Emmanuel Macron, qui saluait le prétendu « esprit de responsabilité » de l’institution catholique et ce au détriment des victimes.

Deux poids, deux mesures

Puis, sur Twitter, Jean Castex est revenu sur sa rencontre avec le pape : « le destin si particulier de la France, celui d’une nation consciente d’elle-même et de ses devoirs à l’égard du reste du monde depuis plus de 15 siècles, ne saurait se concevoir sans l’évocation de son lien millénaire, au point d’être qualifié de filial avec l’Église catholique ».

Encore une fois, des déclarations d’une grande complaisance, qui visent à séduire l’électorat catholique de droite et d’extrême-droite et à rester docile face à l’Église. Les propos du premier ministre ont de quoi faire tiquer quand il fait partie de ceux qui revendiquent à tout bout de champ « la laïcité » quand il s’agit de défendre des lois liberticides et islamophobes dont, en premier lieu, la loi séparatisme.

À titre d’exemple, on se souviendra du récent spot gouvernemental sur le « séparatisme », dont les raccourcis scandaleux avaient choqué de nombreuses personnes. Il ciblait ouvertement le monde associatif, en expliquant que le « communautarisme islamiste » inciterait « à vivre en opposition, en concurrence, voire dans une logique conflictuelle par rapport à la société française [...], [comme avec] la déscolarisation des enfants des écoles publiques et le développement de pratiques sportives et culturelles communautarisées, prétextes pour l’enseignement de principes contraires à la République ». Le spot allait même jusqu’à expliquer que ce « séparatisme islamiste » était planifié et organisé par des associations : « clubs sportifs, oeuvres de charité, associations humanitaire, ligues de défense, structures d’entraide locale, champ éducatif, soutien scolaire », expliquant qu’il s’agissait là du « terreau du djihadisme, dont le projet consiste à semer la terreur, en projetant des actions armées et violentes ».

Cette offensive est doublée d’une attaque contre les organisations qui défendent les musulmans et les personnes stigmatisées comme telles, ainsi que l’illustre ce mercredi 20 octobre la dissolution par Darmanin de la Coordination contre le racisme et l’islamophobie ou, moins récemment, du CCIF et de la LDNA. Ainsi, il s’agit de s’opposer au caractère hypocrite de la « laïcité » telle qu’elle est défendue par ce gouvernement, qui ne l’utilise que quand il s’agit de stigmatiser, d’attaquer nos libertés et les droits des personnes musulmanes ou racisées !


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