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Ne laissons pas Jacquie et Michel diviser notre classe sociale.

Loi Travail. Pour une mobilisation solidaire des luttes des femmes, des minorités de genre et des personnes racisé.es.

Lors de la manifestation du mercredi 9 mars contre la loi Travail - qui a rassemblé 500 000 personnes dans la rue - dans le défilé parisien de République à Nation, un camion de la CGT parmi d’autres a diffusé un slogan appelant au viol de la première ministre : « Michel et Jacquie , occupe-toi, d’El-Khomri ». Une grande partie des manifestants a rapidement manifesté sa désapprobation. A Montpellier, d’autres slogans, dans la même veine, ont pu être entendus comme « loi travail, sanction anale » ou encore « enculé.e de ministre va te coucher ». A la suite de la manifestation, des militants ont témoigné leur désaccord et leur incompréhension face à de tels slogans. Cécile Manchet

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Voici quelques réflexions à partir de ces slogans, qui ne doivent pas nous empêcher de développer la lutte contre la loi Travail. Au contraire, ils doivent nous permettre de nous saisir, face à une mobilisation de masse naissante, du défi posé à la classe ouvrière, aux militants révolutionnaires, d’être à l’avant-garde des luttes féministes, anti-racistes ou pour les droits des LGBTI.

Tout d’abord, il faut rappeler qu’il ne s’agit pas ici de faire de la ministre une femme « comme une autre » victime de sexisme ou de racisme, étant donné qu’elle porte avec la loi Travail l’un des projets les plus réactionnaires du gouvernement pour notre classe, qui constitue une attaque en règle contre les conditions de travail des femmes salariées. Effectivement, comme nous le disions ailleurs, si El-Khomri est bien une femme, « c’est une femme qui n’a pas grand-chose à voir avec les intérêts des millions de femmes qui travaillent en France et subissent tous les jours le sexisme au travail et dans la rue. Nous n’avons donc rien à attendre de cette « jeune femme ministre », qui ne fait que défendre les intérêts d’un patronat à l’offensive pour nous exploiter toujours plus. »

Pourtant, nous combattons aussi les attaques sexistes (comme les remarques sur les jupes de Cécile Duflot) ou racistes (lorsque Christiane Taubira est comparée à un singe) auxquelles sont souvent exposées les femmes qui font de la politique. Comme le dit le STRASS dans un communiqué, l’utilisation de telles menaces, c’est faire de l’intimidation et contribuer à l’exclusion des femmes d’une mobilisation qui les concerne en premier lieu.

Dans son communiqué, le STRASS précise que ces slogans ne sont pas anecdotiques, et demande à la CGT de se désolidariser des personnes qui les ont prononcés. Un bloggeur, Joao, s’est aussi montré scandalisé sur Facebook de ces propos, qui se concentrent non sur le projet de loi mais sur la ministre en tant que femme, non-blanche. Exprimant leur solidarité avec le mouvement contre la loi travail, ils/elles rappellent que de tels discours doivent systématiquement être dénoncés.

En effet, la formulation « s’occuper de » est véritablement un appel au viol, qui invite à « corriger » les actions d’une femme. Qui plus est, « Jacquie et Michel », entreprise de production pornographique, sont des patrons de l’industrie du sexe dont le chiffre d’affaire s’élevait à 10,5 millions d’euros en 2014. Il faut aussi se demander si la combinaison entre les références pornographiques et le fait que la ministre soit une femme maghrébine ne renforce pas la charge d’hyper-sexualisation, alors qu’en France la catégorie « beurette » dans l’industrie pornographique est l’une des plus consultées.

La loi Travail s’attaque aux travailleurs et aux travailleuses. Les femmes, les minorités de genre ainsi que les personnes racisé.es qui subissent quotidiennement des oppressions spécifiques, représentent une part importante des personnes précarisées, sur-exploitées, sur le marché du travail. Nous pensons qu’il faut faire converger ces luttes contre la société capitaliste qui s’appuie, se nourrit, reproduit ces injustices ainsi que ces inégalités de genre, de race, et ne peut pas y mettre un terme. Cela commence par exiger tous et toutes le retrait pur et simple de cette loi, mais aussi un CDI pour tou.te.s pour en finir avec la précarité, et une réduction du temps de travail sans réduction de salaire.

Il est donc important de revenir sur ces menaces sexuelles qui, consciemment ou non, s’inscrivent dans des logiques sexistes, antiféministes, et racistes - héritées du passé colonial de la France. Alors même qu’une mobilisation sociale émerge, réunissant travailleurs.es, salarié.es, étudiant.e.s, lycéen.nes, dans la rue, il nous faut nous unir TOUS et TOUTES contre le gouvernement, contre TOU.TE.S les patron.ne.s sans exception, le racisme et le patriarcat. Ne pas le faire serait abandonner la lutte contre le sexisme, le racisme et l’homophobie au sein du mouvement ouvrier.

La société capitaliste maintient la classe ouvrière dans une situation d’exploitation dans les rapports de production mais elle la domine également sur le plan idéologique (les idées de la classe dominante sont les idées dominantes). C’est pourquoi, nous défendons une classe ouvrière qui, dans son effort pour s’organiser, doit être à l’avant-garde des luttes féministes, anti-racistes ou pour les droits des LGBTI. Ces appels contenant des menaces sexuelles à l’encontre des femmes, les propos ou attitudes sexistes ou racistes qui peuvent surgir dans les différents moments de la mobilisation, doivent être combattus dans nos rangs pour permettre à toutes les femmes, les minorités de genre, ainsi que les personnes racisé.es de faire avancer leurs revendications, ainsi que d’être au cœur de la mobilisation.


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