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N’avait-elle pas disparu ?

Loi Travail. Une semaine de grève reconductible a suffi à montrer le rôle clé de la classe ouvrière

De longues queues pour faire le plein. Beaucoup de temps d’attente. Autant de temps pour constater l’offensive furieuse des médias dominants et du gouvernement notamment contre la CGT et les travailleurs et travailleuses opposés à la Loi Travail qui font grève et/ou bloquent les raffineries et les dépôts de pétrole. En effet, cette hargne du patronat et ses représentants ne fait que traduire leur anxiété face à l’entrée dans la lutte des salariés de secteurs stratégiques de l’économie, comme les raffineurs, les dockers et les routiers, et face au danger de contagion. Rien qu’une semaine de grèves a suffi pour rappeler la force de la classe ouvrière et sa capacité à faire reculer les classes dominantes.

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La contestation de la Loi Travail a commencé le 9 mars dernier. Bien qu’il existait déjà parmi les travailleurs à ce moment-là une forte opposition à cette contre-réforme, c’est essentiellement la jeunesse dans les universités, les lycées mais aussi dans Nuit Debout qui était le fer de lance de la contestation.

Pendant cette première phase de la lutte la jeunesse a fait des AGs dans les universités, parfois massives, et s’est coordonnée au niveau régional et national. Elle a mené des actions propres et avec les travailleurs et participé aux journées de manifestation et de grève générale appelées par l’intersyndicale. A plusieurs reprises, les jeunes ont essayé de se lier aux secteurs de travailleurs capables de se mettre en grève et changer le rapport de forces face au gouvernement et au patronat, notamment les cheminots. De leur côté les intermittents au cours de la lutte ont occupé des lieux de culture comme le théâtre Odéon et obtenu même quelques concessions de la part du gouvernement.

Entre temps est né Nuit Debout où plusieurs milliers de personnes ont pris partie aux débats et actions. Beaucoup a été dit et écrit sur ce phénomène qui a permis à beaucoup de personnes de discuter et d’échanger non seulement sur la Loi Travail mais aussi sur la société, sur le « monde de la Loi Travail ». Les participants de Nuit Debout ont également été à l’initiative de plusieurs actions et ont aussi soutenu celles des travailleurs et travailleuses.

Quant aux salariés qui voulaient rejoindre la jeunesse dans la lutte, beaucoup ont été frustrés, en grande partie par la politique de l’intersyndicale qui adoptait la stratégie des journées d’action « saut-mouton ». A cela s’ajoutait une certaine méfiance et difficulté à mobiliser les travailleurs après tant d’années sans luttes collectives d’envergure.

C’est au moment où le mouvement de la jeunesse donnait des signes d’essoufflement, après presque deux mois de mobilisation, que le gouvernement, incapable de faire adopter sa loi par le parlement, décide de passer en force ayant recours au 49-3. C’est peut-être cette mesure qui a été perçue comme une « provocation » par beaucoup de salariés, même ceux qui n’étaient pas trop mobilisés jusqu’à ce moment là, et qui a ouvert une sorte de « second round » de la mobilisation.

Ainsi, les routiers et les raffineurs décidaient d’appeler à des mouvements de grève reconductible et à des blocages. La campagne médiatique odieuse contre les grévistes et la répression n’ont fait que renforcer la conviction des salariés. Le déblocage des dépôts de pétrole par la force, comme à Fos-Sur-Mer, a poussé à ce que de plus en plus de salariés et de raffineries se mettent en grève. Aujourd’hui les 8 raffineries en France sont à l’arrêt. Le gouvernement a essayé de diviser les travailleurs en annonçant des concessions aux transporteurs concernant les heures supplémentaires. Mais cela ne semble pas marcher.

Le fait est qu’à peine une semaine de grèves et blocages de la part des salariés a permis de montrer la force de classe ouvrière. Depuis le 9 mars beaucoup d’actions dites de « blocage économique » ont été organisées mais elles avaient surtout une portée symbolique car l’impact sur la poche des patrons était faible. En effet, s’il s’agit de toucher le portefeuille du patronat c’est bien la grève qui reste l’arme la plus puissante des salariés. Ainsi, on estime déjà que Total perd entre 40 et 45 millions d’euros par semaine avec l’arrêt des raffineries.

Et que dire cela n’est pas pour dénigrer les actions menées par la jeunesse et autres travailleurs dont leur grève a moins d’impact sur l’économie (comme les intermittents qui se battent de façon acharnée pour leurs droits). Au contraire, l’unité d’action de la jeunesse, des précaires, des salariés des différentes branches de l’économie et les classes populaires avec les secteurs les plus stratégiques est fondamentale. Si les grèves des raffineurs par exemple avaient eu lieu au moment le plus fort de la lutte des étudiants, les blocages auraient sans aucun doute été plus massifs et difficiles de casser par les forces de répression.

Cette dernière semaine de grèves et de luttes ouvrières est peut-être une démonstration grandeur nature du rôle central de la classe ouvrière non seulement pour faire reculer le gouvernement et le patronat et leur la Loi Travail mais plus largement pour se battre contre cette société d’exploitation et d’oppression, contre la « loi Travail et son monde ». Le fait que les travailleurs et travailleuses se rendent compte de leur force hante tous les représentants politiques des capitalistes et leurs alliés.

C’est pour cette raison que le patronat et le gouvernement entendent tenir face à cette nouvelle phase du mouvement où les travailleurs occupent une place centrale. En ce sens, le soutien passif aux raffineurs, dockers et transporteurs ne suffira pas. Ce sera bien en les rejoignant dans la grève que l’on redoublera nos forces pour faire reculer les exploiteurs !


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