Alma Lucky et Candide Racine
A l’entrée, un interphone équipé d’une caméra a été installé. Les élèves sont priés de sonner et de présenter leur carnet de liaison à ce matériel coûtant plusieurs centaines d’euros, tout en montrant clairement son visage, ceci pour permettre aux surveillants d’arrêter héroïquement les hypothétiques individus munis d’une Kalachnikov, avant même de franchir le seuil de l’établissement. Les élèves l’ayant oublié ou toute personne extérieure à l’établissement doit se présenter à la loge et remplir un registre : nom, motif de la visite (là encore, mesure de sécurité particulièrement efficace : si vous inscrivez que vous venez commettre un attentat, la gardienne appelle les flics), heure d’arrivée ainsi que l’heure de départ. Les élèves ayant passé trop de temps dans les couloirs afin de se rendre à l’intendance sont ainsi rappelés à l’ordre par les surveillants.
Dans les couloirs, dans le foyer, de nouvelles affiches ont été accrochées aux murs de l’établissement : ce sont les consignes à suivre en cas de « risques » : La définition exacte de ces risques n’est pas précisée, ainsi la proviseure du lycée peut l’appliquer à n’importe quel moment, selon son bon vouloir. De plus, ces précautions excessives ne contribuent qu’à renforcer la paranoïa ambiante du fait de leur ton grave, dramatique, tout en profitant de la peur pour signifier aux élèves qu’ils sont « en sécurité à l’intérieur de [leur] lycée », à l’abri grâce à l’État -fort et protecteur. Comme avec l’état d’urgence, on s’en remet aux instances qui incarnent l’autorité : « Aucun mouvement dans l’établissement ne peut se faire qu’avec l’autorisation du chef de l’établissement (sic) ».
Bien entendu, il est fortement déconseillé de se rassembler devant le lycée. Pour votre sécurité, vous êtes priés de vous disperser dès la sortie des cours !
Ces « plans de sûreté », instaurent un climat de peur parmi les élèves, ce qui, à l’échelle de la population, est finalement ce que recherchent les terroristes. En jouant leur jeu à l’aide de mesures aussi exagérées qu’inutiles (aucun projet terroriste n’a encore été déjoué car l’assassin n’avait pas sa carte de lycéen), l’administration des lycées installe une terreur ambiante et durable, qui profite aussi au Front National, parti qui se nourrit de cette dernière.
On voit au travers de cet exemple que la proviseure du lycée n’a pas eu besoin d’attendre l’élection de Valérie Pécresse pour mettre en place les mesures sécuritaires les plus sévères et coûteuses. Il ne manque que le kit salivaire de détection du cannabis que la nouvelle présidente du conseil régional veut appliquer à l’ensemble des lycéens !
A côté de cela, au lycée Racine, l’argent manque pour remplacer les ordinateurs défectueux, effectuer des sorties scolaires ou restaurer le bâtiment situé rue de Naples, pourtant très délabré. Certains professeurs ont ainsi témoigné qu’ils étaient obligés de se lever plus tôt avant d’aller en cours pour aller faire les photocopies à leurs frais, chez CopyTop, la photocopieuse étant constamment en panne, faute de moyens pour en acheter une autre…Une nouvelle fois, c’est donc la sécurité qui prime sur les besoins réels des élèves et des profs ! De l’argent, il en faut pour les facs et les lycées, pas pour les flics ni pour l’armée !
