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Impunité policière

« Macaques », « Tapettes »... une flic belge réintégrée après des propos racistes et homophobes

En plein mouvement contre les violences policières en Belgique à la suite de la mort d'Ibrahima entre les mains de la police, le cas d’une policière réintégrée sans sanctions après avoir tenu des propos racistes et homophobes défraie la chronique.

Antoine Weil

21 janvier 2021

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Crédits photo : AFP

Le 22 octobre 2018, deux policières patrouillent dans Bruxelles, se lâchent, plaisantent, écoutent de la musique, et se filment au volant de leur voiture de police. Dans la vidéo, on les voit alors crier fenêtres ouvertes « tous des macaques » , « ça pue ici » lorsqu’elles traversent des quartiers populaires de la ville, et à lancer à un groupe dans la rue : « bande de tapettes ».

Si cette affaire constitue une preuve de plus du racisme de la police dans les quartiers populaires, partagé en Belgique comme en France, ces suites, révélées il y a quelques jours, illustrent aussi l’impunité à l’œuvre dans l’institution policière.

En effet, peu après les faits, la hiérarchie prend connaissance de la situation. S’il se dit choqué par les propos entendus, le supérieur des deux policières incriminées craint surtout les conséquences de cette affaire dans l’opinion publique. Pour lui, les faits ne seraient pas graves parce que racistes, mais parce qu’ils « pourraient provoquer des ennuis considérables à la zone de police », comme l’affirme le média belge 7 sur 7 , qui a eu accès au rapport du commissaire. Ce dernier sanctionne donc les deux policières, de peur que « cette vidéo donne lieu à des manifestations hostiles dans les quartiers sensibles d’Anderlecht » (un quartier de Bruxelles).

Malgré des faits inacceptables clairement attestés, et dont le caractère raciste est évident, les deux policières ne sont suspendues qu’un mois, et seulement rétrogradées, avec pour conséquence une perte de salaire de 25%, toujours pour un mois. Une des deux policières aurait quitté son poste … pour en rejoindre un autre ailleurs au sein de la police. L’autre, toujours en activité dans la même zone de Bruxelles, conteste sa sanction.

Or, on apprend ce jeudi, que, grâce à un vice de procédure, elle a pu non seulement faire annuler sa rétrogradation, mais qu’elle a aussi obtenu que sa perte de salaire lui soit remboursée. Une flic qui estime que les habitants d’un quartier populaire sont « tous des macaques » peut donc continuer d’exercer dans ce même quartier, et n’obtenir que des sanctions mineures, qui seront ensuite facilement invalidées !

Alors que cette affaire fournit une preuve supplémentaire de l’impunité de policiers racistes, couverts par l’institution, une telle difficulté à sanctionner les policiers, en Belgique comme en France, est révélatrice de l’ampleur du racisme institutionnel dans le bras armé de l’État.

On doute que les 112 interpellés suite aux révoltes de ces dernières semaines à Bruxelles bénéficient d’une pareille clémence. Après la mort de Ibrahima, un jeune homme noir tué par la police, des centaines de personnes sont venues réclamer vérité et justice contre ce nouveau crime policier. Tandis que les policiers racistes sont protégés par l’institution, ceux qui ont manifesté contre les violences policières ont eux souffert d’une dure répression, avec la complicité du ministre de la justice, lequel a déclaré que « les émeutiers ne s’en tireront pas impunément ».

Dans un contexte de crise sociale : des réactions hypocrites de la classe politique

C’est dès lors dans ce contexte de tension sociale suite à des violences policières qu’il faut comprendre l’émoi qu’a suscité au sein de la classe politique belge, la réintégration de la policière raciste. De nombreux responsables politiques, notamment issus du Parti Socialiste (parti à la ligne comparable à celle du PS français), ont en effet déploré vivement la situation. Loin d’être désintéressées, ces condamnations servent à appuyer l’idée que le racisme serait le fait d’individus isolés dans la police. Ils regrettent que ces éléments ternissent l’image de l’institution, à l’instar du président de la Fédération bruxelloise du PS, Ahmed Laaouej, qui craint les « amalgames », entre des brebis galeuses et le reste des policiers.

Au contraire, ces crimes révèlent bien la nature de l’institution policière, qui peut réprimer pour défendre un ordre social injuste, se sachant protégée par une justice de classe. Cette affaire est une preuve de plus, s’il en faut, du caractère structurel du racisme et de l’homophobie dans la police, en France comme en Belgique, et dans le reste du monde, et de la nécessité de se révolter contre les violences policières et le système qui les engendre, en suivant l’exemple de la vague de contestation radicale qui a déferlé dans les rues américaine l’année dernière.


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