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Rencontre des présidents argentins et français

Macri et Macron à Paris : la rencontre de l’ultra-libéralisme

Il y a beaucoup de points communs entre Macri, le président argentin, et Macron. Aucun des deux n'est issu du milieu politique traditionnel, les deux se sont entourés de grands capitalistes dans les postes ministériels, et surtout les deux sont à l'initiative d'une offensive ultra-libérale et répressive, catastrophique pour les travailleurs.

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Crédits photo : Agencia DPA

Une rencontre sous le signe du capital

La rencontre entre les deux chefs d’État a pour but de négocier les accords de libre-échange entre l’UE et le MERCOSUR (zone de libre-échange d’Amérique du Sud) et de négocier le remboursement de la dette de l’État argentin contractée auprès de Suez au début des années 2000. Après près de 20 ans de discussion, l’accord de libre-échange entre l’union européenne et les pays du MERCOSUR est sur la bonne voie. Reste à Macri de convaincre Macron sur le sujet du secteur agricole. Il se fixe jusqu’à mi-2018 pour signer un accord définitif.

Le remboursement de la dette de Suez

Parmi les points de discussion entre les deux chefs d’État figure le remboursement de la dette de Suez. Le groupe français avait signé un contrat sur 30 ans pour gérer la distribution d’eau de Buenos Aires après la vague de privatisation entamé par Carlos Menem au début des années 1990. Cela avait provoqué le licenciement de 4 000 salariés. Avec l’effondrement économique de l’Argentine en 2001 et la dévaluation de 70% du pesos, la motié de la population sombre dans la pauvreté. Suez affirme qu’avec la dévaluation, elle a perdu plus de 700 millions d’euros, et veut donc augmenter les tarifs pour compenser ses pertes. Suez a attaqué en justice l’État argentin qui doit rembourser cette dette sur le dos des travailleurs. Macri s’était engagé à rembourser les 380 millions de dollars dus à Suez (devenu Engie) après que l’État argentin ait renationalisé l’entreprise en 2006. Macri et Macron sont donc sur le point de discuter de la manière de rembourser cette dette, une dette que le peuple argentin devra payer, puisque sous couvert de difficulté économique, Macri a mis en marche le rouleau compresseur de l’austérité et a réformé les retraites. Ce rouleau compresseur peine à faire son travail, puisque le peuple argentin a réussi à faire reculer le gouvernement sur la réforme du code du travail. Le gouvernement argentin n’a pas dit son dernier mot, puisqu’il reproposera sa réforme devant le parlement en avril.

Deux présidents de l’ultra-libéralisme aux ressemblances étonnantes

Si les deux présidents s’accordent sur les politiques austéritaires, leur ressemblance ne s’arrête pas là. Les deux hommes sont jeunes, issu du milieu de la finance, se présentent comme extérieurs au champ politique traditionnel et sont millionnaires.

Macri, héritier d’une famille bourgeoise, a trempé dans beaucoup d’affaires. Il est associé de près ou de loin à plus de deux cents affaires judiciaires pour « vol et association illicite », « abus d’autorité et violation de devoirs de fonctionnaires publiques », « enrichissement illicite » pour ne citer que quelques-unes des affaires. Il est notamment mis en cause dans l’affaire des Panama Papers. Sa famille a fait fortune en faisant beaucoup d’affaires avec les gouvernements depuis la dictature militaire de 1976. Macron quant à lui a fait fortune grâce à Rotschild, en utilisant son poste de ministre de l’économie pour rencontrer des chefs d’entreprise, afin de les convaincre de le soutenir pour les élections présidentielles.

Alors qu’ils ont fait campagne sur une rupture avec la politique traditionnelle pour laisser place à la société civile, ils se sont entourés de politiciens bien rompus à l’exercice du pouvoir mais surtout de grands cadres de multinationales.

En Argentine, le Ministre des Finances Luis Caputo et le secrétaire d’État Vladimir Werning sont issu de JP Morgan. Susana Malcorra, ministre des Affaires Étrangères, a été directrice Générale de Telecom Argentina où elle a baissé les salaires de 10% et licencié plusieurs centaines de salariés. En France, la Ministre de la Santé Agnès Buzyn a travaillé pour les laboratoires privés pendant quatorze ans, notamment à Genzyme, filiale de Sanofi. Édouard Philippe a quant à lui été lobbyiste en chef d’Areva.

Les deux hommes se sont empressés une fois au pouvoir de baisser l’impôt sur la fortune tout en attaquant les classes populaires. Macri a augmenté le prix du gaz et de l’électricité pendant que Macron baissait les APL. Les deux chefs d’État se sont attaqués au code du travail, un succès pour Macron avec sa Loi travail XXL et un échec pour Macri, qui tentera cependant dans les prochains mois de représenter sa loi devant le parlement.

Les fonctionnaires sont l’une des cibles privilégiées des deux présidents. Le chef de l’État français veut supprimer 100 000 postes en 5 ans, tandis que Macri en a déjà supprimé 20 000. Les retraites sont également attaquées des deux côtés de l’océan. Macron, avec la baisse de la CSG, veut rapporter 4,5 milliards d’Euros à l’état français. Macri a repoussé l’âge de départ en retraite et a modifié le calcul des pensions pour récupérer 5 milliards. Cette réforme a été combattue par une mobilisation populaire, durement réprimée.

Deux présidents aux traits bonapartistes

Autre point commun : pour faire passer leurs réformes ultra-libérales, Macron et Macri n’hésitent pas à user d’ordonnances pour renforcer les traits les plus anti-démocratiques du régime, ainsi qu’à utiliser la répression pour empêcher les contestations.

Macri a signé en 100 jours 774 décrets sans passer par le Parlement – des décrets qui bien évidemment favorisent la bourgeoisie. Il a supprimé tous les impôts sur l’exportation des minerais et a réduit ceux sur le soja et les céréales. Les entreprises organisatrices du rallye de Dakar ont été exemptées d’impôts.

Macri a ordonné une répression féroce du peuple Mapuche. Rafael Nahuel, un jeune Mapuche de 22 ans, a été abattu par la police lors d’une manifestation. Santiago Maldonado, militant de la cause Mapuche, a été enlevé puis abattu par la police, rapellant les pratiques de la dictature argentine. Cette dictature ne déplaît pas forcément à Macri puisque le gouvernement fait des pressions énormes pour que les poursuites contre d’anciens tortionnaires soient arrêtées. Les syndicalistes et militants sont considérés comme des terroristes par le gouvernement. La répression s’est abattue contre les ouvriers mobilisés de l’industrie sucrière dans la province de Jujuy.
Macron quant à lui a été l’un des artisans de la loi El Khomri qui a provoqué le mouvement de grève du printemps 2016, lui aussi durement réprimé. Lors des manifestations contre la Loi travail XXL, la répression a été forte à plusieurs endroits, à Nantes notamment. Désormais président, Macron persécute les migrants, organisant une véritable chasse à l’étranger. Il prévoit de déloger les zadistes de Notre-Dames-des-Landes s’ils ne quittent pas la zone. Si le gouvernement n’avait pas décidé de finalement abandonner le projet, il avait prévu un plan pour les déloger. Une intervention de l’armée et de véhicules blindés avait été prévue, et les généraux prévoyaient des morts.

Ces deux présidents ultra-libéraux ont donc de nombreux points communs. Étrangement, le soi-disant nouveau visage de la politique ressemble fort à ce qui se faisait avant. La répression est l’un des moyens les plus utilisés pour faire passer les réformes. Macron utilise habilement les directions syndicales pour faire passer la pilule, tandis qu’en Argentine, les directions syndicales sont clairement dépassées et ne servent plus de soupape de sécurité. Les décrets et ordonnances leur servent à passer à l’offensive afin de faire payer leur crise aux travailleurs. Le déficit budgétaire argentin est en grande partie dû à une augmentation de la dette publique argentine, plus de 55 milliards d’euros et plus 70 % d’intérêts de la dette. Des experts ont évalué que 75 % de cette dette a servi à la spéculation financière. Les deux requins se réunissent pour faire faire payer la dette de l’État argentin contracté auprès de la multinationale française. En résumé : Macri, Macron, même combat contre les travailleurs !


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