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Macron II

Macron invite les syndicats à déjeuner. A quelle sauce les travailleurs vont-ils être mangés ?

Ce vendredi 10 juin, les directions syndicales sont reçues à déjeuner par Macron, une première rencontre du quinquennat avec le président. Un moyen pour lui d'illustrer sa nouvelle méthode : discuter en amont avec les syndicats pour mieux faire passer les attaques contre les travailleurs ! Il n'y a rien à discuter avec Macron !

Léo Stella

10 juin 2022

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« Une nouvelle méthode » pour les mêmes attaques

Un « déjeuner de travail » comme le rapportent les Echos réunira vendredi tous les leaders syndicaux à l’invitation d’Emmanuel Macron, pour poser les bases de sa nouvelle méthode : continuer de faire la peau aux acquis ouvriers mais en discutant. Il s’agit du premier d’une série de rendez-vous dans le cadre de la mise en place du fameux « Conseil National de la Refondation » (CNR), qui devrait se poursuivre mardi prochain avec la rencontre des dirigeants patronaux. Philippe Martinez, qui a participé à la rencontre avec Elisabeth Borne il y a deux semaines a d’ores et déjà fait savoir qu’il déclinait l’invitation, dénonçant « un déjeuner de campagne ». « Depuis le 7 mai dernier, date de sa prise de fonction, le Président de la République n’a pas jugé utile de rencontrer les organisations syndicales », poursuit la CGT dans un communiqué.

En effet, le gouvernement rencontre quelques difficultés en ce début de quinquennat entre l’inflation record qui touche en premier lieu les classes populaires et les travailleurs, les accusations de viol contre Damien Abad, le chaos et la répression du Stade de France, la situation catastrophique du secteur de la santé avant l’été ou encore la perspective de perdre la majorité absolue à l’Assemblée. C’est pourquoi il a plus que jamais besoin d’une soupape de contention des colères sociales, et de relais pour prendre la pression à sa place. C’est le rôle dévolu aux « corps intermédiaires », syndicats en tête, et qui devra s’incarner par le CNR dont la mise en place sera au centre des « déjeuners de travail ». Rien d’autre qu’un outil de la nouvelle méthode de guerre contre les classes populaires menée par Macron et la bourgeoisie, un moyen de légitimer les contres-réformes à venir par la discussion avec les « partenaires sociaux ».

Alors que le premier quinquennat était marqué par une méthode « par en haut » qui sautait par-dessus les corps intermédiaires pour frapper vite et fort, il semble qu’aujourd’hui Jupiter ait besoin de ceux-ci pour passer ces réformes et se donner une nouvelle image. Ce premier rendez-vous avec les directions syndicales est donc un moyen de tâter ses appuis, alors « qu’il a promis de faire de la concertation sociale l’un des piliers de sa nouvelle méthode » comme l’appuie le journal libéral L’Opinion. Cette « nouvelle méthode » qui nous est servie sur tous les tons depuis un mois est la parade trouvée pour compenser l’usure accélérée du macronisme, alors même qu’il doit passer ses réformes en faveur du patronat. Dans les plans de Macron, la réforme des retraites rentrera en vigueur en été 2023 quoi qu’il arrive. Si cette « concertation » avec les corps intermédiaires montre que la macronie est prête à prendre plus de temps à travers des pseudos négociations et à associer les syndicats, il s’agit pour Macron de mieux mener ses politiques anti-sociales.

Des directions syndicales au chevet du gouvernement

Le fait que les directions syndicales soient prêtes vendredi à commencer à entretenir le dialogue social n’a rien d’étonnant et s’inscrit dans une continuité de leurs politiques comme ce fut le cas durant l’entre-deux-tours ou encore durant la crise sanitaire où les mobilisations des salariés ont été, toute confédération confondue, laissées à elles-mêmes.

Que Philippe Martinez, au nom de la CGT, ne se rende pas à ce déjeuner est une bonne chose. Mais cela devrait être la norme, pas une exception pour des raisons de calendrier. Car les raisons évoquées mettent en avant la temporalité et l’absence d’ordre du jour précis. Ordre du jour ou pas, les réunions à l’Elysée, à Matignon ou dans n’importe quel autre ministère, permettent toujours de déboucher sur de nouvelles attaques légitimées par des heures de discussions avec les syndicats. Il y a dix jours pourtant, Martinez, Berger (CFDT) ou Veyrié (FO) n’ont pas hésité à aller voir illico presto le nouveau ministre du Travail Olivier Dussopt alors qu’en même temps des grèves ont lieu chaque semaine pour la revalorisation des salaires. Martinez s’était même félicité d’avoir été écouté par le nouveau ministre après leur entretien. Parle encore tu m’intéresses... Au-delà de ce gueuleton avec Macron, il s’agit maintenant de savoir si Philippe Martinez apportera la caution de la CGT à la mascarade du CNR nouvelle version, lors des premiers rendez-vous sur le pouvoir d’achat qui devraient avoir lieu durant l’été. Il n’y aura pas d’élection et un ordre du jour, mais il faudra quand même rompre le dialogue social avec ce gouvernement des riches !

Les autres dirigeants syndicaux comme Laurent Berger de la CFDT n’ont eux pas hésiter une seule seconde à participer aux rendez-vous de vendredi. Le nouveau dirigeant de FO Frédéric Souillot fera son baptême de compromission sociale, une semaine après sa prise de poste et un congrès qui a reculé de deux ans l’âge de départ à la retraite revendiqué par FO (passant de 60 à 62 ans) pour faire l’unité avec la CFDT !

De réelles perspectives pour les luttes de notre classe

A l’heure où les grèves pour les salaires qui émergent dans le pays sont encore limitées par l’absence de plan d’ensemble et par le calendrier des Négociations Annuelles Obligatoires (NAO) qui les enferment, boîte par boîte, dans le rythme des négociations avec les patrons, il faut rompre, à toutes les échelles, avec le dialogue social. Macron, son gouvernement et les patrons se préparent à une offensive dure contre les travailleurs, dont la « mère des réformes » sera celle des retraites. D’ores et déjà l’inflation grignote les salaires et les revenus de toute la population.

Les organisations syndicales et tous leurs moyens devraient être mis au service d’une lutte pour l’augmentation des salaires, pour un plan de lutte sérieux contre l’inflation et pour préparer la bataille contre la réforme des retraites de Macron. A l’inverse ce genre de petite sauterie avec Macron désarme totalement notre classe. La meilleure manière de contrecarrer les plans de Macron qui compte partager la responsabilité de ses réformes avec les syndicats, et de se préparer aux batailles à venir, et de rompre purement et simplement le dialogue dit social avec la patronat et son gouvernement ! C’est là un enjeu pour les syndicalistes combatifs et la base syndicale que de se battre au sein de leurs syndicats pour imposer une ligne de combat plutôt que de parlotte vis-à-vis de Macron et des patrons qu’il représente !


    
    
  
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