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Coup de gueule

Macron : j’ai 75 ans, je ne cours pas vite, mais je battrai le pavé tant qu’il le faudra !

Femme de conviction depuis 1968, je n’accepte pas les leçons de sagesse de Macron. Non seulement il me rogne ma retraite, diminue mes revenus, me fait hésiter à me soigner, mais en plus il se permet de me déconseiller de manifester. Décidément ce jeune blanc-bec ne doute de rien. Macron, je manifeste si je veux !

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Le souvenir d’un vaillant soixante-huitard me porte

Mai 1968, boulevard Richard Lenoir à Paris : J’ai un peu plus de vingt ans. Je manifeste. Les flics ont pris à revers le cortège de manifestants ; repli et bousculade. A l’angle du boulevard, un homme âgé, un peu branlant, tenant à deux mains un bout de bâton, crie d’une voix encore forte « allez-y les gars, je vous couvre ! » Un parfum de Victor Hugo et de Gavroche que je n’oublierai jamais. Loin de rester calfeutré chez lui, il estimait au contraire que son âge lui conférait un devoir de protection vis-à-vis des générations plus jeunes qui tenaient la rue. Peu importait son évidente « fragilité ».

La conviction et la révolte n’ont pas d’âge. Le sentiment de responsabilité vis-à-vis de l’avenir croît au contraire au-fur-et-à-mesure que l’on vieillit. On devient d’autant plus téméraire que ce n’est plus pour soi que l’on se bat mais pour le sort de cette génération qui sera la première à vivre moins bien que ses parents. Beaucoup de Gilets jaunes, plus très jeunes, sont même des primo manifestants. J’aurais honte, pour ma part, de considérer que « à mon âge » je me dois d’enfiler mes pantoufles et endosser ma robe de chambre pendant que les autres se gèlent sur les ronds-points, affrontent les violences policières, se battent pour défendre de légitimes revendications et manifestent inlassablement.

Quand bien même, sans attendre les conseils de Macron, j’aurais été vigilante et j’aurais pris soin de ménager ma sécurité, son mépris et sa condescendance, sa petite phrase (encore une !) qui signifie « vieux, handicapés, malades, restez chez vous » me donneraient une furieuse envie de descendre dans la rue. Dois-je lui rappeler que si risque il y a, ce n’est pas de mon fait, mais de sa responsabilité, de celle de Castaner, de celle de ses préfets, de ses policiers, de son armée, mobilisés pour semer dans les rangs des manifestants cette répression qui risque toujours de tourner en affrontement ou en panique.

Macron se dédouane : les faibles n’ont qu’à se protéger

Non, Geneviève Legay n’avait pas à rester cachée derrière ses volets, à Nice, sous prétexte qu’elle avait 73 ans. Elle est d’autant moins « responsable », du grave traumatisme qu’elle a subi, comme le sous-entend Macron, que sa chute est survenue, en marge d’une brutale charge de dispersion des manifestants par les forces de police.

Il ne s’agit pas d’un « déplorable accident » ni surtout de la légèreté d’une personne imprudente mais tout simplement des conséquences d’un « tout-répression », voulu, délibéré, poussé à l’extrême, au point que même chez les défenseurs de l’ordre, bon nombre ne suivent plus. N’oublions pas que la consigne de 0 tolérance allait même jusqu’à envisager l’éventualité de laisser sur le carreau un « tétraplégique ».

Dans le fond si l’on développe un peu le sous-entendu de Macron « elle l’aurait cherché » peut-être pas par insubordination, mais sûrement par imprudence. Et au fait Zineb, était-ce une imprudence de se mettre à sa fenêtre ? Que n’a-t-elle écouté de manière anticipée les conseils de Macron et ne s’est-elle terrée au fond de son lit. Hélas, en se mettant à sa fenêtre, elle a pris le risque de prendre en pleine tête une grenade lacrymogène et elle en est morte.

En ce qui me concerne en tout cas, je n’écouterai pas la leçon de Macron : « Pour avoir la quiétude, il faut avoir un comportement responsable. Je pense que quand on est fragile, qu’on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits… » Peut-il considérer qu’à 75 ans on peut mettre la liberté et la justice, au-dessus de la quiétude ? De quelle quiétude d’ailleurs parle-t-il, lui président des riches, qui vit très loin des misères de la retraite et de la perspective d’une vieillesse désastreuse dans des EHPAD et centres de soins aussi peu attractifs que financièrement accessibles.

Moi debout, je prends son propos comme une insulte et je suis plus que jamais « déter » à continuer à arpenter les rues de Paris (je suis parisienne) aussi longtemps que je jugerai de mon devoir de manifester.


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