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Vous avez dit consensus ?

Macron, le candidat qui assure le room service de la bourgeoisie

Après une campagne qui ressemble à s’y méprendre à un placement de produit, la bourgeoisie est parvenue à installer son groom préféré en première position pour le second tour : Emmanuel Macron, sourire carnassier, belle gueule, le gendre idéal et le candidat choyé par tous les médias.

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Si certains ont pu souligner son absence de programme, Frédéric Lordon a pointé le vide sidéral de ses discours. Mais il est le candidat de l’économie liquide, du numérique, des startup, ce qui en fait le candidat liquide par excellence. Si avec Mélenchon on a eu droit à l’hologramme, avec Macron on a plutôt affaire à une hallucination collective : Macron n’est rien, une affiche, un dentifrice et le porte-étendard d’intérêts qui ont avantage à demeurer dissimulés.

Hollande, en 2012, avait son ennemi : la finance. On sait ce qu’il en est sorti. Mais Macron lui n’a même pas d’ennemi et il est poli avec tout le monde : il accepte de débattre avec sa concurrente, Marine Le Pen, pour le second tour, justement parce qu’elle n’est pas une ennemie mais une simple concurrente dans un jeu dont les règles sont par avance acceptées et irréfutables. Or, si Macron n’a pas d’ennemi c’est simplement parce qu’il ne fait pas de politique : son seul horizon c’est la gestion au mieux des intérêts de la classe dominante.
Le dépassement du clivage gauche/droite signifie l’abandon du politique et c’est très fièrement et très consciencieusement que Macron parle le langage du consensus qui est celui que la bourgeoisie estime s’être acquis par le matraquage médiatique, par la pollution du langage, par l’empoisonnement des esprits. Il est le candidat sans horizon, le candidat de la fin de l’histoire : celui qui vient dire que les idéologies sont de vieux souvenirs quand lui-même est une espèce de produit idéologique incarné. Personne ne sait de quoi il parle, parfois même lui admet l’ignorer, mais il fait l’effort d’articuler. Il porte un costard. Et puis on a pris l’habitude de ne pas comprendre ce que disent les politiques – il est la figure du beau compliment que font les bourgeois à nos intelligences.

Belle tête d’affiche pour le deuxième tour quand même : le larbin de la bourgeoisie face à la candidate d’extrême droite issue d’un parti aux racines néo-fascistes qui ne rêve que d’en être. Et on voit aussi à quel point le FN et la mobilisation d’un front républicain sont devenus l’instrument – le dernier viable – de légitimation des candidats de la classe dominante. Il n’y a plus rien d’autre qui puisse nous faire y croire, plus rien pour nous convaincre, pour arracher le consentement des masses, que l’épouvantail FN. Et puis Macron présente bien, comme dirait ma grand-mère : c’est vrai qu’il a l’air gentil, avec sa tête de premier de la classe. Coluche dirait : un gars qu’on croirait reçu premier à un concours de circonstances.

Mais ces circonstances, elles, sont organisées, voulues, elles ne doivent rien au hasard. Macron est aussi le produit historique de la crise de la démocratie bourgeoise. En termes gramsciens, Macron est un monstre d’intermède, un lieutenant pour l’utopie capitaliste : il occupe la place, il bouche un trou qui, laissé vacant, dirait avec trop de clarté qu’en définitive les décisions sont prises ailleurs. Il est assez liquide, peut-être même un peu fade, pour n’avoir aucun poids, et assez photogénique pour capter la lumière. On gage que rien d’autre ne lui est demandé, parce qu’il n’a besoin de rien d’autre. Il suffit qu’il soit élu : pour le reste, les donneurs d’ordre sont ailleurs, du côté des grandes entreprises capitalistes, des places financières (lesquelles ont déjà salué sa victoire du premier tour) et des intérêts constitués de la grande bourgeoisie. Il va sans doute faire un peu l’acrobate avant le second tour, pour convaincre un peu sur sa gauche. Mais à la fin, c’est bien la classe dominante qui assurera la claque.

Crédits photo : Laurent Vu / SIPA


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