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Avant De Rugy

Macron, ministre en 2016 : pas de homards mais des dîners « quasiment tous les soirs »

L’affaire De Rugy éclabousse un peu plus que prévu Macron. Après la démission de De Rugy, les médias ont ressorti l’affaire de ses frais de bouche lorsqu’il était à Bercy. 120 000 euros de dîners en 8 mois.

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Crédit photo : Keystone

Près de 500 euros par jour pendant 8 mois en frais de bouche. Voilà le train de vie de Macron lorsqu’il était ministre de l’économie en 2016.

A l’époque cela n’avait guère fait de bruit, mais avec l’affaire De Rugy, cette affaire ressort et met en lumière des « pratiques similaires, voire plus importantes ». Macron préparait sa candidature à la présidence de la République. A l’époque, Macron avait immédiatement démenti l’information, la qualifiant même de « diffamatoire ».

Ce sont les journalistes Marion L’Hour et Frédéric Says qui l’avaient révélé dans le livre Dans l’enfer de Bercy publié en 2017.

Frédéric Says explique à France Info que « Pour François de Rugy, on parle d’une dizaine de dîners entre octobre 2017 et juin 2018 mais du côté d’Emmanuel Macron, c’était quasiment tous les soirs ! C’était très très soutenu ». Un des ex-conseillers de Macron expliquait à France Info : « Je ne l’ai pas vu dîner avec le Tout-Paris ».

S’il n’y avait pas de homards et de grands crus, le but politique était plus précis pour Macron. En effet, le futur président, a dépensé 80 % de son budget annuel en frais de bouche en seulement 8 mois afin de rassembler autour de lui un maximum de personnalités politiques, culturelles et économiques.

Michel Sapin, ancien ministre des Finances et des comptes publics, explique à France Info que « Dans la dernière ligne droite, il y avait beaucoup de passages ». Dans son livre Un ministre n’a pas à dire ça, Christian Eckert, secrétaire d’État au Budget lorsque Macron occupait Bercy, détaille le fonctionnement des dîners de Bercy. « Tous les espaces du septième étage de Bercy (...) étaient mis à contribution simultanément. Une stratégie qui permettait à Brigitte et Emmanuel Macron de prendre l’apéritif dans une réception du ministère, de débuter un premier dîner plus officiel avec d’autres convives au septième étage puis d’en poursuivre un second à l’appartement ! Un double dîner en somme.« La salle à manger peut accueillir les journalistes, les acteurs, les ’people’, les chefs d’entreprise, les chanteurs, le Tout-Paris et bien au-delà, accourus le plus souvent par l’entrée discrète située quai de Bercy ». Si à France Info, l’ancien secrétaire d’État explique ne pas savoir « si les dîners de Macron étaient comparables avec ceux de De Rugy en termes de qualité des repas mais en termes de nombre et de fréquence, c’était impressionnant ».

Avec ces dîners Macron a pu se faire un large réseau pour soutenir sa future candidature avec l’argent public. 80 % de son budget utilisé en 8 mois. Marc Endeweld, auteur de deux ouvrages sur le chef de l’État, explique sur France Info qu’ « Emmanuel Macron a totalement maximisé ses frais de représentation et utilisé sa position de ministre de l’Économie pour son ambition personnelle. C’est à Bercy qu’il a fait son réseautage ». Frédéric Says, quant à lui, explique que « Ceux qui essayent de justifier ces dîners, en disant qu’expliciter les réformes auprès des personnalités influentes cela peut être le rôle d’un ministre, ont une conception extensive de ce rôle ».

De fait, le parallèle entre De Rugy et Macron est flagrant, surtout dans les justifications. A l’époque, En Marche avait soutenu que « Recevoir au ministère des acteurs extérieurs à l’administration fait bien partie du rôle et de la fonction d’un ministre qui ne saurait travailler en circuit fermé et exclusif avec son administration ». La même explication du côté de De Rugy.

La volonté affichée de Macron de renouveler la vie politique n’a pas fait long feu. Avec les affaires à répétition, lui-même porte en lui les germes de la bonne vieille politique affairiste. En novembre 2016, Macron expliquait que son mouvement n’avait « aucune subvention publique » et que chez lui « on ne vit pas du contribuable ».

Pourtant, le 18 juillet dernier, la Cour des Comptes a publié le rapport annuel détaillé sur les dépenses présidentielles de l’année 2018. On y apprend que le couple présidentiel aurait dépassé de 5 millions le budget qui était pourtant fixé à la modique somme de 105,07 millions d’euros.

De Rugy voulait porter l’idée de l’exemplarité du monde politique, dans les faits, c’est sur les fonds publics qu’il a pu proposer à ses hôtes du homard et qu’il a pu payer ses cotisations lorsqu’il était à EELV. Macron qui portait l’idée de la « moralisation de la vie politique » pourrait être embourbé dans une affaire du même type. S’il n’y avait pas de homards au menu, ces dîners se ressemblent fortement. Macron de nouveau dans l’œil du cyclone ?


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