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Macron prépare ses vœux pour se réconcilier avec la jeunesse

Le président, qui se dit très préoccupé par la situation des jeunes, devrait s’adresser à eux jeudi soir lors de ses traditionnels vœux pour la nouvelle année. Le message ne devrait pas varier de ses discours précédents remplis de fausses empathies à l’image de son célèbre « C'est dur d'avoir 20 ans en 2020 » sans mesures conséquentes pour la jeunesse.

Rozenn Kevel

28 décembre 2020

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Selon un article du Figaro, Emmanuel Macron serait "très préoccupé par la situation des jeunes Français" et "devrait s’adresser à eux lors de ses vœux". Le sujet de la jeunesse devrait apparemment être "en haut de la pile des dossiers du gouvernement à la rentrée". En réalité, la politique du gouvernement depuis plusieurs mois consiste à faire payer la crise à la jeunesse, une politique qu’il compte bien continuer.

La jeunesse, déjà submergée par la précarité, voit en effet sa situation s’aggraver suite aux confinements et à la ligne politique du gouvernement. Scolairement, les étudiants subissent une détresse jamais vue. En effet, ils sont 9 sur 10 à avoir des difficultés à suivre les cours en ligne selon un sondage mené par l’Association de l’École d’Affaires Publiques de Science Po Paris. Avec un premier confinement qui a laissé 1 jeune sur 3 au chômage, la précarité frappe de plein fouet la jeunesse, qui, sur tous les plateaux, est présentée comme « la génération sacrifiée ». Ainsi, 85% des 18-25 ans pensent que la jeunesse sera, à l’avenir, la plus pénalisée par les conséquences économiques de cette crise sanitaire. Par ailleurs, 74 % des jeunes déclarent avoir été en difficulté financière durant la crise, selon une récente enquête Ipsos commandée par la Fage.

À l’image des récentes mobilisations rassemblant des dizaines de milliers de jeunes dans les marches pour le climat, dans les manifestations réclamant justice pour Adama, contre la loi Sécurité Globale, ou encore contre la gestion catastrophique de la crise sanitaire dans laquelle la jeunesse a été la principale victime, cette dernière a montré qu’elle refusait ce monde d’après. L’amendement liberticide ajouté à la Loi de Programmation de la Recherche qui vient criminaliser les occupations d’université ou encore l’article 24 de la Loi Sécurité Globale sont tout autant de moyens pour l’exécutif de contenir et de mater cette explosivité de la jeunesse.

Parallèlement, l’exécutif a tenté de faire bonne figure devant une génération qui se politise fortement et sur laquelle le gouvernement perd le contrôle. L’interview de Macron accordée à Brut le vendredi 4 décembre s’inscrivait ainsi dans cette tentative de s’adresser aux jeunes, le président espérant renouer le dialogue avec cette jeunesse en ébullition, qui, par ailleurs, pourrait constituer une partie de son électorat de 2022. Tentant de dialoguer avec la remise en cause massive de l’institution policière chez les jeunes, le président a par exemple évoqué la création « d’équipes de médiation » lors des manifestations, chargées de faire le lien entre les manifestants et les forces de l’ordre, ou encore en affirmant sa volonté de travailler « sur la transparence de l’IGPN ». Des mesures qui ne remettent en rien en cause le caractère structurellement répressif des forces de police et l’impunité policière, mais qui visent surtout à donner quelques gages.

Ces mesurettes s’accompagnent d’un mépris total pour les travailleurs et les jeunes qui sont en première ligne de la crise économique et de ses conséquences désastreuses. Alors que la jeunesse est massivement touchée par le chômage et précarité, Macron n’a de cesse de nous rabâcher sa mesure phare, le plan d’aide Un jeune, une solution.. Sur le papier, on nous promet une enveloppe de plus de 6 milliards d’euros ciblant les 16-25 ans à travers des primes à l’embauche, un accompagnement dans la recherche d’un emploi, mais aussi pour aider le pouvoir d’achat des étudiants boursiers et non boursiers. En réalité, ce plan d’aides n’est qu’un ensemble de mesures qui ne répondent en rien à la gravité de la situation et ne promettent que des emplois précaires à la jeunesse. Ce programme est non seulement tourné avant tout vers des aides au patronat, mais contient en plus des mesures qui vont accentuer la précarité des jeunes avec des contrats courts et parfois même payés en dessous du SMIC. Les entreprises, touchant une aide de 4 000€ par embauche, ne vont pas se priver de profiter de cette offre. L’État entend bien en profiter pour améliorer temporairement les chiffres du chômage pour garder la face et de préserver les profits des entreprises.

De plus, derrière les discours emphatiques de Macron, celui-ci refuse encore et toujours de rouvrir les facs. Pas étonnant dans un contexte où le gouvernement n’offre aucun moyen qui permettraient d’assurer une reprise scolaire dans les conditions sanitaires optimales. Mais ce refus est aussi animé par la crainte probable que la réouverture partielle des facs facilite les échanges et le développement d’une colère profonde contre le gouvernement.

Ainsi, la prétendue préoccupation de Macron pour la situation de la jeunesse consiste en réalité à lui faire payer la crise. Son discours de la nouvelle année ne devrait rien apporter de nouveau. Face à ça, il est plus que jamais nécessaire d’organiser une lutte de l’ensemble de la jeunesse précaire et des travailleurs. Avec nos collectifs étudiants Le Poing Levé et Onzième Thèse, le NPA jeunes et Révolution Permanente, nous pensons que cette lutte doit porter un programme face à la crise économique et sanitaire et qui défend une véritable démocratie. Dès à présent, nous devons revendiquer le retrait de toutes les lois répressives, liberticides, racistes et islamophobes comme la loi Sécurité Globale, la loi contre les séparatisme, la loi pluriannuelle de la Recherche..

Dans une situation explosive, avec en lame de fond une crise économique dont les jeunes seront les premières victimes, les mobilisations et la présence de la jeunesse ont montré la possibilité d’une victoire. Dans les dernières tentatives de Macron d’adresse à la jeunesse et dans la préparation de vœux du président où elle aura toute sa place c’est la peur de tout perdre qu’il faut voir. La peur de perdre tout face à une mobilisation et face à une jeunesse qui n’en peut plus. Plus que jamais il faut enfoncer le clou, dans les mobilisations et aux côtés du mouvement ouvrier, pour en finir avec cette société qui opprime selon la couleur de peau ou le genre, qui détruit notre planète et qui fait toujours payer les crises économiques aux travailleurs et à la jeunesse.


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