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Après le plan pauvreté

Macron présente son plan santé : cure de soins ou cure d’austérité ?

C’est aujourd’hui qu’Agnès Buzyn, ministre de la santé, et Macron en personne présentaient leur Plan Santé, autrement nommé, « Ma santé 2022, un engagement collectif ». 54 mesures qui, au-delà de la poudre aux yeux, ne sont pas si engageantes que ça.

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Créations de postes, hausse du budget, fin du numerus clausus en médecine… autant de « jolies » mesures (sur le papier) présentées par Macron pour se refaire une santé médiatique. Ce plan ne figurait pas dans son programme en 2017, mais crise dans les hôpitaux, et sérieuse baisse dans les sondages obligent, Macron a fini par en faire un axe important de sa politique durant cette rentrée mouvementée dans les hautes sphères. Une réforme qui devrait être mise en place dès 2019, avec des prévisions jusqu’en 2022.

Cette année en effet, de nombreuses grèves dans les hôpitaux ont eu lieu, la situation étant ingérable entre manques de moyens, fermeture de services, mauvais traitements obligés des patients et surmenage du personnel, avec par exemple la victorieuse grève de l’HP de Rouvray ! Mais ce sont aussi plusieurs affaires sordides qui ont éclaté au grand jour avec les morts de malades, dont celle de Naomi Musenga, qui n’avait pas été prise en charge par les secours, les services étant au bord de l’asphyxie. Sauf que dans le « Plan santé » il est plus question de médecine libérale que d’hôpitaux...

Dans un moment où la Macronie est en sérieuse difficulté et où sa base sociale se réduit comme peau de chagrin, ce plan, déjà reporté à deux reprises, pourrait ainsi permettre à Macron de se refaire une image plus « sociale ». Et c’est Macron en personne qui a porté le projet avec Agnès Buzyn. Si la situation dans « l’un des piliers de l’État providence du XXIe siècle » selon les dires de Macron, les hôpitaux, est intenable puisque ce secteur subit de plein fouet les politiques austéritaires des gouvernements successifs, la réforme annoncée, hormis la poudre de perlimpinpin, n’y changera rien.

Création de 4 000 postes d’assistants médicaux… l’embrouille en marche

Sur le papier cela pourrait avoir de quoi ravir. Macron et Buzyn promettent dans leur projet la création, subventionnée par l’État, de 4 000 postes, et même « autant que nécessaire », d’assistants médicaux pour les médecins libéraux, généralistes ou spécialistes. Des assistants qui pourront gérer le travail administratif mais aussi médical des médecins, le salaire en moins. Macron coupe les budgets permettant d’embaucher des personnels de santé d’un côté et invente de nouvelles professions, moins bien rémunérées de l’autre : la santé, quelle start-up !

Une hausse du budget de 3,4 milliards : avec ou sans les coupes budgétaires déjà réalisées ?

400 millions pour 2019 nous disent-ils, et 3,4 milliards pour tout le quinquennat. 400 millions qui vont peiner à compenser les 1,6 milliard d’économie devant être réalisées en 2018. De la poudre aux yeux donc, d’autant plus que ce budget ne servira pas directement à une augmentation des moyens dans les hôpitaux mais à mettre en place les différents pans de la réforme. 1,6 milliard pour « la structuration des soins dans les territoires », 920 millions pour l’investissement hospitalier, 500 millions pour la « transformation numérique » et 420 millions pour « l’évolution des métiers et des formations ». « Ne perdons pas de vue que les 400 millions d’euros supplémentaires annoncés pour 2019 représentent à peine la moitié de l’effort d’économie demandé en 2018 aux hôpitaux », souligne pour le Monde Fréderic Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France (FHF), structure qui représente les hôpitaux publics.

Un « plan santé »… qui va aggraver la crise des hôpitaux !

Beaucoup de points du projet visent donc à restructurer la médecine libérale. En ce qui concerne les hôpitaux, qui connaissent des crises majeures de manque d’effectifs et de manque de services, le projet ne promet que d’accroître cette situation. La création d’un statut « d’hôpital de proximité » entraînera la fermeture de nombreux services dans les plus petits hôpitaux. Les services hospitaliers seront divisés en trois catégories selon les soins effectués : les soins de proximité (urgences, médecine du quotidien, suivi post-opératoire), les soins spécialisés (chirurgie, maternité, médecine spécialisée) et les soins ultra-spécialisés (plateaux techniques de pointe). Si du côté des patients cela signifie une plus grande difficulté à se faire soigner à proximité, cela présage pour les hospitaliers des mutations, des suppressions de postes, mais aussi et surtout une surcharge de travail selon les spécialités des hôpitaux. Macron veut rationaliser les services, alors que c’est une embauche massive dans le secteur qui est nécessaire autant pour les patients que pour les hospitaliers !

D’autant plus quand le budget n’augmentera pas, et que, au contraire, le changement des méthodes de financement risquent de le diminuer encore. D’un tarif à l’activité (T2A), Macron veut passer à une tarification au parcours et à la qualité des soins, le T2A ne représentera alors que 50 % du budget. « Il n’y aura plus de paiement [de l’hôpital par l’Assurance-maladie] à chaque consultation, mais un forfait pour solde de tout compte, charge à l’hôpital de faire en sorte que ses patients n’aient pas besoin de revenir vingt fois », a fait savoir l’Élysée. Les budgets se joueront donc à la récompense, quand le manque de soins provient d’un budget désastreux pour les hôpitaux.

En somme, un « plan santé » pour économiser, pas pour soigner

« Nous n’avons pas un problème de sous-financement, mais un souci d’organisation » a déclaré Macron. À partir de là, le projet est clair. C’est celui de réorganiser le secteur de la santé pour faire peser sur un manque d’efficacité, de rationalisation, ce qui provient d’un manque d’investissement dans ce secteur pour le moins vital. De grandes mesures et de grands chiffres pour masquer le fait que ce plan Santé n’est rien d’autre que la continuité des politiques d’austérité qui ont mis en crise les hôpitaux.


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