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De la poudre aux yeux

Macron s’oppose à une directive européenne sur le congé parental pourtant très minimale

L'égalité entre les femmes et les hommes avait été déclarée grande cause nationale du quinquennat de Macron. Pourtant, face à une directive européenne qui consisterait notamment à augmenter l'indemnisation des congés parentaux, Macron recule, arguant que la mise en place de cette mesure serait trop coûteuse. Ainsi, il dévoile encore une fois ce qu'est la cause des femmes à ses yeux : rien de plus qu'un élément de communication à bas coût, comme l’est cette directive en elle-même.

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Crédit Photo : FREDERICK FLORIN / AFP

Actuellement en discussion à Bruxelles, une directive prévoit pour tous les pays de l’UE quatre mois de congés parentaux indemnisés à 50% du salaire journalier, un congé paternité rémunéré de 10 jours à la naissance de l’enfant, et cinq jours de congés payés par an pour s’occuper d’un proche « dépendant ».

Depuis le début de son quinquennat, Macron le répète régulièrement : l’égalité entre les femmes et les hommes sera sa grande cause nationale. La directive européenne vient gêner cette belle communication. Macron s’est en effet opposé à cette directive. Il a déclaré que cette mesure était une « belle idée »... qui coûterait trop cher. Marlène Schiappa, secrétaire d’État à l’égalité entre les femmes et les hommes, a elle-même déclaré : « ce qu’il faut voir, c’est la question du financement ».

Si en France, le congé paternité est déjà de onze jours, le congé parental quant à lui est bien moins indemnisé que ce que propose la directive européenne. En effet, pour l’instant, le congé parental français est indemnisé au maximum 396€ par mois. La directive prévoit une allocation du même niveau qu’un congé maladie, c’est-à-dire 50% du salaire journalier de base. Les cinq jours de congé rémunérés par an pour s’occuper d’un proche dépendant seraient également une nouveauté pour la France. Majoritairement, ce sont les femmes qui prennent en charge leurs proches en situation de dépendance (personnes âgées, malades ou handicapées). En ce qui concerne les naissances, seul un homme sur neuf réduit ou cesse temporairement son activité, contre une femme sur deux.

Par ailleurs, cette mesure en elle-même paraît bien insuffisante pour les buts qu’elle affiche. En effet, si les femmes prennent en écrasante majorité le congé parental sur leurs épaules, c’est non seulement car c’est ce que la société leur impose mais aussi car en général, ce sont elles qui ont le salaire le plus faible du couple, justifiant ainsi que l’homme continue à travailler pour maintenir l’apport financier.

Ce sous-financement du congé parental, même au niveau proposé par la directive de l’UE (50% du salaire), est déjà problématique. En elle-même cette directive ne propose rien pour permettre véritablement aux familles (et plus particulièrement aux femmes) de s’occuper de leur nouveau-né : 600€ par mois pour les smicards, encore moins quand il s’agit de temps partiels. Il en va de même pour les cinq jours de congés pour prendre en charge les proches dépendants, qui apparaissent bien insuffisants. Tous ces éléments s’ajoutent au manque de structures de prises en charge (crèches, EHPADs, etc.) et de moyens pour celles-ci.

Pour Macron, l’égalité entre les hommes et les femmes n’est rien d’autre qu’une « belle idée » qu’on peut utiliser pour la communication. De la même manière, pour l’Union Européenne, l’égalité entre les femmes et les hommes n’est qu’un élément politique mis en avant pour gagner l’opinion et les secteurs progressistes de celle-ci.

Pour Macron comme pour l’UE, l’objectif est le même : appliquer les réformes néolibérales demandées par les grands capitalistes, dégradant de fait les conditions de travail et de vie des travailleurs et des travailleuses… tout en faisant des cadeaux aux plus riches : suppression de l’ISF d’un côté, explosions des bénéfices de l’autre. Dans un contexte où les mouvements des femmes à l’échelle internationale prennent de l’ampleur, afin de s’éviter les foudres des secteurs exploités et opprimés, il est de bon ton pour nos gouvernants de s’afficher « féministe ».


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