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Plus impopulaire que jamais

Macron : un « plan pauvreté » pour reprendre la main sur son quinquennat

A quelques jours de l’annonce du plan pauvreté, le gouvernement semble déterminé à ouvrir une nouvelle séquence pour lutter contre la chute de sa popularité et pour légitimer une politique qui a jusqu’ici entièrement corroborée l’image de « président des riches » d’Emmanuel Macron.

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Récemment, les cafouillages autour du prélèvement à la source ont révélé l’angoisse de ce dernier concernant les dégâts collatéraux que pourrait avoir une telle mesure certes technique mais qui pourrait rajouter de l’huile sur le feu quant au pouvoir d’achat dans un contexte de fragilité du gouvernement. En l’absence d’un miracle économique, dont témoignent des indicateurs économiques mornes, le plan pauvreté concentre ainsi de nombreux enjeux pour le gouvernement.

Une première séquence unijambiste

L’annonce du plan pauvreté doit être l’occasion pour le gouvernement de donner des gages d’équilibre politique en passant enfin au volet protecteur du programme d’Emmanuel Macron après avoir attaqué les droits des travailleurs, des migrants, des retraités ou des étudiants. Le choix en juin dernier de décaler l’annonce de ce plan à la rentrée, afin d’éviter que la coupe du monde de football n’en limite l’impact médiatique, donne une idée assez claire de l’importance donnée à ces mesures.

Une importance d’autant plus centrale que jusqu’ici la « jambe gauche » du gouvernement est restée introuvable. En mai le président douchait ainsi les ambitions de Jean-Louis Borloo en abandonnant le fameux « plan banlieues » au profit de propositions éparses, cosmétiques pour certaines (stages de 3ème, appel à la bonne volonté des grandes entreprises pour réduire le chômage), répressives et stigmatisantes pour d’autres (lutte contre le trafic de drogue, identification des fichés S). En août, c’est l’« assurance-chômage universelle » mise en avant lors de la campagne présidentielle qui était enterrée, et avec elle la promesse d’un équilibre, de toute façon introuvable, entre la précarisation du travail et sa protection.

Dans les deux cas les raisons semblaient claires : porté par le « sans faute » de la première année du quinquennat, Macron ne s’embarrassait même pas de saupoudrer de mesures « sociales » ses contre-réformes, à l’inverse de ses prédécesseurs, comme un signe de rupture avec l’« ancien monde ». Ce dernier se targuait même d’affirmer que les aides sociales coûtaient un « pognon de dingue » donnant ainsi une idée assez claire de la vision « sociale » du gouvernement, non sans générer de vives réactions chez les travailleurs.

Le plan pauvreté : l’ouverture d’une nouvelle séquence ?

Ce dimanche, Agnès Buzyn a montré patte blanche en affirmant sur France 3 qu’il y aurait « de la dépense pour accompagner mieux les personnes vers leur émancipation. » De fait, les informations déjà diffusées à propos du Plan Pauvreté font état d’un plan plus ambitieux que prévu avant l’été, comme si Emmanuel Macron avait tenu à le renforcer pour mieux faire face à la dégradation rapide de sa popularité.

D’après les informations publiées à ce jour, notamment par la Croix, il s’agirait ainsi d’un plan de 4 milliards d’euros, dont la moitié serait dédié à l’accompagnement vers l’emploi des bénéficiaires du RSA, et l’autre moitié à la prévention de la pauvreté. En ce qui concerne le premier volet le gouvernement entend notamment développer l’insertion par l’activité économique, tandis qu’on retrouve diverses mesures dans le second, aide pour la garde d’enfants en direction des familles monoparentales, extension des « points conseil budget » pour lutter contre le surendettement, etc.

Par ailleurs, RTL a annoncé que le gouvernement souhaitait lancer une Couverture Médicale Universelle (CMU) élargie pour 1 euro par jour par personne à destination des personnes qui gagnent légèrement plus que le plancher de la CMU mais trop peu pour se doter d’une mutuelle et qui bénéficient actuellement de l’Aide au paiement d’une Complémentaire Santé (ACS).

Avec ces mesures le gouvernement entend ainsi conjurer le spectre d’une colère populaire contre le « président des riches », qui connaît une forte érosion tant sur sa gauche, en raison d’une politique unilatéralement dirigée vers la destruction des acquis sociaux et l’octroi d’avantages aux plus riches, que sur sa droite, où son incapacité à réduire les déficits publics, ses maigres résultats économiques ou encore sa politique envers les retraités sont mal perçus.

Déjà esquissée en début d’été, cette volonté de « refonder l’État providence » dans la prochaine année prend ainsi une toute autre importance après les énormes brèches ouvertes dans les fondamentaux et la dynamique du macronisme par l’affaire Benalla, et la crise déclenchée au cœur même du gouvernement avec la démission surprise de Hulot. A la recherche d’un nouvel équilibre sur sa "jambe gauche" et toujours pressé sur sa droite, le macronisme est plus que jamais affaibli.


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