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Crise politique au Vénézuela

Maduro veut juger le président du parlement pour haute trahison

Le président du Venezuela Nicolas Maduro a exigé que le président du Parlement Julio Borges soit jugé pour trahison lorsqu’il rentrera de son voyage en Europe, où il a rencontré différent chef d’État.

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Une opposition de droite qui cherche des soutiens internationaux

Lors d’un discours devant l’Assemblée constituante, Nicolas Maduro a déclaré vouloir juger le président du parlement, seule institution contrôlée par l’opposition, Julio Borges pour haute trahison. Un signe de plus du tour sécuritaire du gouvernement de la république bolivarienne. Borges a rencontré Emmanuel Macron, mardi le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, mercredi la chancelière allemande Angela Merkel et jeudi la Première ministre britannique, Theresa May.

Le but de cette tournée européenne de l’opposition de droite vénézuélienne est de s’assurer le soutien de l’Europe et de pousser les gouvernements européens à se joindre aux côtés des Etats-Unis dans une logique de sanctions qui ne peuvent qu’amplifier la souffrance du peuple vénézuélien.

Joignant sa voix aux inquiétudes exprimées notamment par l’ONU sur la situation dans le pays, Emmanuel Macron a qualifié la semaine dernière le régime de Nicolas Maduro de « dictature ». Le gouvernement vénézuélien considère que cette déclaration est une « attaque contre les institutions vénézuéliennes » et une « obsession impérialiste permanente ». Pour l’opposition, les propos de Macron sont un soutien de poids. « Pour nous, c’est très important parce que ça montre qu’il a une vision claire de ce qu’il se passe dans le pays  », a déclaré le président de l’Assemblée. « Le soutien des démocraties du monde et les manifestations des gens dans la rue sont deux forces qui vont faire que l’issue de la crise soit une issue démocratique dans le pays  ».

La démarche du président de l’Assemblée a pour but de préparer et accélérer la chute du système chaviste. Maduro, dans une perte de légitimité grandissante et un isolement politique international, passe à l’offensive en voulant juger Borges pour haute trahison. Il serait alors menacé d’une peine de prison allant de 20 à 30 ans. Depuis la mise en place très contestée de l’Assemblée constituante qui s’est arrogée les pouvoirs du parlement, une « commission de la vérité » créée en son sein enquête sur plusieurs des dirigeants de l’opposition pour « trahison à la patrie ». Certains ont dores et déjà préféré s’exiler pour éviter la justice.

Les gouvernements européens et états-uniens n’impressionnent pas Maduro

Maduro s’est exprimé en ces termes devant la Constituante : « Cela m’est égal ce que dit Merkel ou la reine d’Angleterre, au Venezuela il faut la justice. Ici on ne dirige pas l’État depuis Londres, ni depuis Madrid, ni depuis Washington. Qu’ils fassent ce qu’ils veulent, mais au Venezuela il faut une justice sévère  ». Voilà qui aura le mérité d’être clair à défaut d’être un signe d’ouverture. « Ici, personne n’est intouchable, que les impérialistes du nord et de l’Europe le sachent  », a poursuivi le président avant d’accuser Borges d’appuyer un embargo du Venezuela, avec l’aide de Trump. «  Trump et Borges se sont unis pour une croisade mondiale contre l’économie du Venezuela, l’oxygène financier, économique et commercial du pays  ». Il est à noter que les déclarations de Trump sur une possible intervention impérialiste pour destituer Maduro a permis à ce dernier de reprendre la main dans le pays qui préfère son système chaviste plutôt que de contenter l’appétit impérialiste états-unien. Les sanctions financières prisent par Trump sur le Venezuela vont dans le même sens. Un décret de la Maison-Blanche signé le 25 août par le président américain Donald Trump interdit d’acheter de nouvelles obligations émises par le gouvernement du Venezuela et la compagnie pétrolière nationale PDVSA, ce qui affecte le paiement des services, des médicaments et de l’alimentation aux entreprises étrangères.

L’économie vénézuélienne est au plus bas et l’inflation est telle que même l’augmentation du salaire minimum ne peut pas combler les pertes. L’inflation devrait être de 720% cette année, et même si les salaires vont être augmentés pour la 4ème fois cette année, cette augmentation, effective à partir de vendredi, sera de… 40%.

Maduro qui préfère payer la dette de l’État plutôt que de régler le problème des pénuries, a indiqué qu’il avait déjà eu des « conversations bilatérales avec chacun » des investisseurs. Il a rappelé que 74% des détenteurs d’obligations vénézuéliennes sont américains et canadiens. « Qui a subi le plus de préjudices ? Ces détenteurs, avec lesquels nous entretenons d’excellentes relations  ». « Après cette série de négociations, le Venezuela prendra position pour défendre sa sécurité juridique et financière et les détenteurs d’instruments financiers. À bon entendeur…  », a-t-il poursuivi.

Maduro accuse Washington d’attiser un coup d’État pour s’accaparer les réserves pétrolières du pays, en lien avec l’opposition. Maduro n’a pas énormément de marche de manœuvres. Le bras de fer engagé depuis plusieurs mois n’est pas prêt de se terminer. Les dents longues de l’impérialisme et de la bourgeoisie vénézuélienne qui voit là une occasion de prendre sa revanche, ne font que renforcer la conviction de Maduro de ne pas lâcher du leste. Dans cette guerre morbide, ce sont les Vénézuéliens qui trinquent tous les jours, entre une extrême droite prête à tout et un gouvernement de plus en plus autoritaire.


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