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Violences policières

Marche blanche à Sevran : justice et vérité pour Jean-Paul, 34 ans, tué par la police

La marche blanche en l'honneur de Jean-Paul Benjamin, trentenaire et père de deux enfants tué par la police à Sevran, a réuni plusieurs centaines de personnes ce samedi. L'émotion et la solidarité étaient vives autour de la famille endeuillée qui réclame justice et vérité.

Gabriel Ichen

2 avril 2022

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Crédit photo : AFP

Justice et vérité pour Jean-Paul, 1988-2022

Le cortège en l’honneur de Jean-Paul Benjamin a démarré aux alentours de onze heures, au départ de la cité du Gros Saule à Aulnay-sous-Bois. Parmi les personnes rassemblées autour de la famille de la victime de cette énième crime policier raciste, de nombreux jeunes du quartiers et des proches tenant des pancartes « Justice pour JP » et « On t’aime JP », avec des t-shirts « Justice pour JP, 1988-2022 » à l’effigie du jeune père de famille.

Des comités de famille de victimes de violences policières avaient fait le déplacement. Assa Traoré figure du comité Adama, le comité Justice pour Gaye Camara ou encore Christophe Sinnan du comité vérité et justice pour Claude Jean-Pierre étaient notamment présents pour afficher leur soutien à la famille de Jean-Paul.

La famille endeuillée n’a pas voulu s’exprimer au-delà d’une rapide prise de parole au départ de la marche, « par crainte des représailles » explique l’un des avocats, Me Arié Alimi. Seul à s’exprimer à la fin de la marche au micro de quelques journalistes, il déclarera au sujet de la mise en examen du policier qui a tiré sur le père de famille : « On est satisfait qu’il y ait eu une mise en examen car il y aurait pu ne rien y avoir du tout. C’est trop souvent le cas dans les dossiers de violences policières, notamment lorsqu’il y a mort d’homme. Il suffit de voir ce qu’il s’est passé pour Souheil El Khalfaoui à Marseille. Mais la qualification de « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner » est très légère. A partir du moment où on tire à hauteur d’homme, où on voit l’impact de balles sur la fourgonnette, il n’y a rien qui puisse éviter la qualification de meurtre. »

En off, loin des caméras, on pouvait entendre la colère des jeunes du quartier : « C’est un meurtre. Il n’y a pas d’autre mot. Le policier est un meurtrier, et c’est pareil pour tous les autres. »

Face aux violences policières et à la machine médiatique, la lutte paie

Et pour cause, le procédé systématique mis en place par la police et les autorités judiciaires de concert avec les grands médias pour couvrir des violences policières meurtrières est tristement connu des familles de victimes de violences policières. Les policiers mis en cause sont soutenus par leur hiérarchie et plaident la « légitime défense ».

C’est ainsi que Jean-Paul a été présenté en premier lieu dans [Le Parisien- https://www.leparisien.fr/faits-divers/course-poursuite-a-sevran-un-homme-grievement-blesse-par-le-tir-dun-policier-26-03-2022-M44OIC5AL5G5RI6CJVYMJA4OQY.php] comme « circulant au volant d’une camionnette qui venait d’être volée ». Cette manière de criminaliser la victime, et de justifier l’action du policier – dont le journal ne manque pas de préciser qu’il est « très choqué » et « hospitalisé » – explique la défiance vis-à-vis des journalistes et le refus de laisser enregistrer la moindre image.

Mais tandis que les révélations de Mediapart ont mises à mal la thèse de la légitime défense des forces de police, la mémoire de Jean-Paul, figure connue dans le quartier, a mobilisé les jeunes. Au point qu’après cinq nuits de révoltes à Sevran, Aulnay-sous-Bois et Tremblay-en-France, le procureur de Bobigny a fini par annoncer la mise en examen du policier auteur du crime ce vendredi soir pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ».

Comme l’a exprimé clairement l’avocat de la famille Arié Alimi à la fin de la marche ce samedi après-midi : « La colère a eu beaucoup d’effets positifs. On a essayé de la décrédibiliser cette colère, mais elle a été nécessaire. En pleine période électorale, ça a été compliqué pour le parquet d’enterrer une telle affaire comme c’est trop souvent le cas. Il y a eu une pression mise sur la justice et les autorités policières qui a fait qu’ils n’avaient pas d’autres choix que de révéler la vérité. Sans ça, il est très possible que cette affaire ait été enterrée comme d’autre avant ».

Encore une fois, cette affaire montre que seule la lutte paie pour imposer la vérité et la justice pour les victimes de violences policières.


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