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#JusticepourAdama

Marche pour Adama Traoré. 3 000 dans la rue pour exiger « justice et vérité »

Pour la troisième fois depuis la mort d'Adama Traoré, assassiné dans les locaux de la gendarmerie de Beaumont-sur-Oise, le 19 juillet 2016, c’est une manif qui s’est tenue, ce samedi 5 novembre, pour exiger la vérité et la justice sur l'affaire. Cet après-midi, la mobilisation a traversé les rues de la capitale, de la place du Chatelet à la place de la République. Organisée par la famille et les soutiens de la ville de Beaumont-sur-Oise avec le soutien de militants, d’étudiants, de syndicalistes, la marche a réuni plus de 3 000 personnes.

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Yano Lesage

« Lamine Dieng - on oublie pas, on pardonne pas,

Abdoulaye Camara – on oublie pas, on pardonne pas,

Amine Bentounsi - on oublie pas, on pardonne pas,

Adama Traoré - on oublie pas, on pardonne pas... »

Boulevard Saint Martin, en plein Paris, une scène inhabituelle : la rue est devenue soudainement très silencieuse. Une minute de recueillement s’impose, après que les noms des nombreuses victimes de la police ont été prononcés. « Et la liste n’est pas exhaustive » rappelle la personne au micro. La marche reprend vers République : « pas de justice, pas de paix », « je suis Adama », voilà les principaux slogans qui reviennent.

La sœur de Lamine Dieng, intervenant à la fin du rassemblement le rappellera : « le combat de la famille Traoré, engagé pour exiger la justice et la vérité pour la mort d’un des leurs est un combat difficile et de longue haleine ». La famille Traoré, malgré les mensonges et les intimidations a eu le courage de rendre publique cette affaire, quand beaucoup de famille choisissent de se taire, par peur, par intimidation.

« Car ce combat, dit Assa Traoré, la sœur d’Adama, n’est pas seulement contre les gendarmes, mais contre l’Etat français ». Assa et les proches d’Adama ne souhaitent pas faire de ce combat une simple marche blanche. « Je veux, souligne-t-elle, qu’à travers le cas d’Adama on arrête de considérer les citoyens des quartiers populaires comme des citoyens de seconde ou troisième zone ».

Lamine Dieng, comme Adama Traoré, est mort en 2007 suite à une asphyxie provoquée par une clef d’étranglement. « Comme pour Adama, la police a voulu faire passer Lamine pour quelqu’un d’agressif, pour un drogué » raconte la sœur de Lamine. Comme elle, d’autres familles de victimes sont venues au micro : Abdurrahman Camara, pour son petit frère, Abdoulaye Camara, sur lequel 10 balles ont été tirées par la police, au Havre ; Amal Bentounsi, du collectif Urgence Notre Police Assassine, pour son frère Amine, assassiné d’une balle dans le dos en 2012 : « il ne s’agit pas de bavure. Il s’agit de meurtre [...] et d’une pratique de torture -la clef d’étranglement – qui est utilisée légalement par la police ».

Reprenant la proposition d’Assa Traoré à faire front contre l’impunité policière, Guillaume Vadot a relayé le soutien des collègues et des étudiants présents dans la manif : « cette manifestation est belle pour l’unité qu’elle représente, avec les personnes de Beaumont et des environs, mais aussi avec les étudiants et les cheminots ». Pour Guillaume Vadot, ceux qui dirigent « ces policiers qui tuent légalement sont les mêmes qui répriment en manifestation, qui décident l’état d’urgence et qui pillent les richesses des pays africains et y mènent des guerres ».

Anasse, cheminot à Paris Nord a souligné le problème de fond que constitue le chômage dans les quartiers populaires dont il est lui même issu. « la vrai problématique c’est le taff. C’est pour ça qu’on nous contrôle, qu’on nous harcèle. […] en tant que travailleurs, que syndicalistes, nous on doit faire la convergence sur cette question des violences policières ».

Des soutiens de la famille, des proches, des habitants de Beaumont et des environs, du monde artistique avec la présence remarquée de Kery James, des étudiants, des féministes et du monde du travail, la manifestation a incarné le début de cette politique du tous ensemble qu’il est nécessaire de mener pour en finir avec l’impunité policière.

Ce qu’exige la famille à ce jour, c’est la mise en examen des gendarmes. Jusqu’aujourd’hui, seulement deux policiers impliqués dans des crimes de ce type ont sont allés en cour d’Assises, sans y être condamnés. C’est notamment le cas du policier responsable de la mort d’Amine Bentounsi, dont le cas passera en appel aux Assises de Paris du 6 au 10 mars 2017.

Organisée par les proches de la famille Traoré et les soutiens de Beaumont-sur-Oise et des villes des environs, la manifestation, à la fois très émouvante et très combattive, s’est déroulée dans le plus grand calme et la plus grande dignité. De son côté, l’Etat, comme ultime provocation, n’avait pas envoyé, comme à l’accoutumée, les CRS. C’était les collègues de ceux qui ont assassiné Adama qui étaient présents, dans leurs fourgonnettes, autour de République : les gendarmes.


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