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Reportage

Marseille. Grève des travailleurs de la RTM : « On veut plus de bus et plus de chauffeurs ! »

En septembre 2021, le président Macron en visite dans la ville pour lancer son projet « Marseille en grand », annonçait un milliard d’euros d’investissement pour les transports en commun marseillais. Un an après, vendredi 23 septembre, les travailleurs de la RTM se sont mis en grève pour dénoncer les attaques qui ruinent leurs conditions de travail et dégradent les services de transport des marseillais.

Davy Larry

30 septembre 2022

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Vendredi 23 septembre, bien avant l’aube, à l’initiative de la CGT et de FO, des piquets de grève se sont mis en place pour bloquer les bus des quatre dépôts de la ville : 85 % des chauffeuses et chauffeurs ont décidé de participer au mouvement, suivi en nombre par celles et ceux des tramways.

Près des palettes qui brûlent pour tenir face au froid, Nicolas délégué CGT du dépôt de Saint-Pierre affirme : « La politique de la direction nous impact directement dans nos conditions de travail, ce n’est plus possible, on a donc lancé un préavis de grève ! »

L’organisation et la gestion des transports en communs marseillais, au même titre que celle du ramassage des déchets ménagers, font aussi partis des grands scandales de la ville. Ce, au détriment de celles et ceux qui les font fonctionner, mais aussi au détriment des marseillais-es pour qui pour se déplacer sur la ville est un parcours du combattant, et en particulier depuis les quartiers excentrés et isolés.

La saison estivale a été un accélérateur de la crise des transports : bus annulés, retardés, bondés. Le tout dû à un manque d’effectif structurel et toujours plus inquiétant : « On veut plus de bus et plus de chauffeurs ! » déclare Sherif qui travaille depuis 23 ans à la RTM. « On a décompté jusqu’à une soixantaine de tours de bus non assurés par jour dans certaines zones, une véritable casse du service public » déclare un autre gréviste à notre micro.

Pour Nicolas, cette gestion des transports en commun a pour conséquence la casse des conditions de travail. La réduction des temps de lignes en des temps irréalisables écourte les rares pauses des chauffeurs et augmente les cadences, encore plus le cas pour ceux qui sont en CDD. Des conditions mettant aussi en danger par la même occasion les passagers.

Pour le délégué syndical CGT : « La demande est de plus en plus forte, et la direction refuse d’embaucher davantage de chauffeurs, malgré de nombreux excédents, même pendant la période Covid ! ». Il poursuit : « Cela fait 8 ans qu’il n’y a pas eu la réunion annuelle obligatoire entre la direction et les organisations syndicales. Elles sont là pour assurer la sécurité des salariés. C’est hors la loi, on n’avait pas d’autre choix que de faire cette grève ! »

Les cadences de travail sont au cœur des revendications des grévistes, mais aussi et surtout, ils mènent une bataille pour un autre service public, écologique et accessible par toutes et tous. Pour Boris qui travaille depuis 25 ans à la RTM : « À l’heure de la transition écologique où on nous demande d’être raisonnable dans nos transports, on a une offre qui est mauvaise ! Ils sabotent le service public ! ». Et les premiers touchés par ces dégradations sont les quartiers nord de la ville. Pour Nicolas, la direction décide progressivement d’abandonner ces secteurs qui sont pourtant les plus peuplés.

Alors que les élus locaux réclament encore et toujours « plus de bus, plus de transport pour les quartiers nord », la réalité du terrain est tout autre. Alors que le tramway est prévu jusqu’au quartier des Catalans, l’option populaire qui consisterait à l’imposer jusque dans les quartiers nord ne sert qu’à une instrumentalisation morbide : Benoit Payant, le maire de Marseille qui fait mine de vouloir désenclaver les quartiers populaires, a entamé un faux bras de fer sur cette question avec Martine Vassal qui dirige la métropole Aix-Marseille. A l’ombre de leurs annonces respectives, les travailleurs de la RTM savent bien que c’est le tramway vers les Catalans qui sera acté et dénoncent l’hypocrisie des institutions.

Face à cette situation catastrophique et aux prochaines attaques à venir, il est certain que les chauffeurs de bus de la RTM n’ont pas dit leur dernier mot. Avec des projets comme le plan stratégique de l’aéroport Marseille Provence (Cap 2025), qui ressemble à un « plan social déguisé » comme le dit Nicolas, la crise exigera des débrayages qui vont au-delà d’une seule journée de grève : « Ce n’est que le début de la mobilisation, des journées comme celle-ci, on en fera d’autres pour parvenir à l’obtention de nos revendications ! » insiste-il.


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