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Mayotte : Une semaine après le reconfinement, la situation ne cesse d’empirer

La situation sanitaire de Mayotte est de plus en plus inquiétante, le taux d'incidence a encore doublé en une semaine et le confinement mis en place est plus que difficilement respecté par les mahorais à cause d'une insalubrité scandaleuse des logements. La réponse gouvernementale est de renforcer les effectifs policiers pour le faire respecter et contrôler l'immigration depuis les Comores, une nouvelle fois la solution choisie face à la crise est sécuritaire...

Armand Bonneto

12 février 2021

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Crédits photo : AFP

Lors de son allocution du 4 février, le premier ministre annonçait un reconfinement en toute hâte sur l’île de Mayotte face à l’explosion de la pandémie. Le taux d’incidence passant de 50 à 440 entre janvier et février. Il a depuis déjà quasiment doublé en une semaine passant à 804,4 pour 100 000 habitants. C’est de fait le département français le plus touché par la pandémie sachant que le taux d’incidence est en moyenne de 207 cas pour 100 000 nationalement. Sans chiffres précis, la progression du variant Sud-Africain semble être exponentielle sur l’île comme le souligne au Figaro Dominique Voynet, directrice de l’ARS : « La rapidité de la circulation est sans doute liée à ce variant sud-africain dont on nous annonce qu’il est plus contagieux que le variant conventionnel ». L’ARS va plus loin et fait aussi reposer la responsabilité sur les habitants qui, toujours sur le Figaro organiseraient : « la tenue de rassemblements, fêtes privées et cérémonies, le relâchement dans l’application des mesures barrières, y compris en milieu professionnel. ».. Si cette explosion des cas de Covid est sans douté provoqué en partie par le variant Sud-Africain, cela ne cache pas les conséquences d’une gestion coloniale de ce « département » qui demeure sous-équipé pour faire face à ce type de pandémie.

En effet, après avoir augmenté les capacités de réanimation suite à l’annonce du confinement on ne recense toujours qu’une trentaine de lits dans les services de l’archipel, une preuve d’un sous-investissement et d’une destruction des services publics hospitaliers sur l’île. L’armée, le 7 février, a déployé 31 soignants supplémentaires ainsi qu’un module de réanimation de 5 places ce qui est encore très loin d’être suffisant, Mayotte étant obligé de transférer des patients vers l’île de La Réunion. De plus, pour faire respecter le confinement et combattre l’immigration depuis les Comores, ce sont 20 policiers et 13 gendarmes qui vont être déployés en plus sur l’île. La solution somme toute choisie par le gouvernement depuis le début la pandémie, la répression.

Au delà des aspects purement sanitaire, la situation socio-économique est plus que désastreuse et reflète une administration coloniale de l’île par la Métropole depuis de longues années, gestion qui apparaît plus frontalement encore en pleine cirse pandémique. En effet, en 2017,slon une étude de l’INSEE près de 30% des habitants n’ont pas accès à l’eau courante et 25% vivent alors dans des habitations insalubres proches du bidonville. En plus d’un mal-logement structurel, le 20 janvier, en pleine explosion des contaminations la préfecture a décidé d’expulser 80 familles du quartier de Mro Titi à Hajangua sans aucune situation de relogement.

La population mahoraise est en proie à un taux de pauvreté atteignant les 77%, et à un taux de chôme en 2019 de plus de 30%, situation qui va encore s’aggraver avec la crise pandémique et économique en cours.

La gestion coloniale de l’État français de l’île de Mayotte est criminelle, comme le montre ces indicateurs de niveau de vie particulièrement indignes, et ce d’autant plus aujourd’hui face à la pandémie. Contre les réponses autoritaires du gouvernement nous devons revendiquer au contraire un investissement immédiat dans les centres de soin pour pouvoir répondre aux nombres de patients admis en réanimation. De même, pour que la population soit effectivement protégée il est nécessaire de lutter pour l’abolition des brevets des labos pharmaceutiques pour que le vaccin sois un bien public de l’humanité ! Enfin, pour sortir la population de la pauvreté et du mal-logement, il est central de revendiquer une allocation à hauteur du smic financé par un impôt sur les grandes fortunes, ainsi qu’un large plan de travaux pour construire des habitations dignes pour tous et toutes !


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