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#MeToo Politique

MeToo Politique : Jean-Vincent Placé visé pour harcèlement sexuel

Jean-Vincent Placé fait actuellement l’objet d’une enquête préliminaire ouverte pour des faits de harcèlement sexuel après le dépôt de plainte d’une de ses anciennes collaboratrices et de nombreux témoignages mis en avant par une enquête Médiapart. Un nouveau cas, qui vient s’ajouter à la longue liste du #MeToo Politique qui émerge ces dernières semaines.

Coline Isabel

3 décembre 2021

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Jean-Vincent Placé est visé –une nouvelle fois- pour harcèlement sexuel, Médiapart retrace la plainte et a mené l’enquête dans l’entourage de la victime.

Cette nouvelle plainte a été déposée par une de ses anciennes collaboratrices, Audrey*, qui a travaillé sous ses ordres de fin 2011 à fin 2016 au Sénat puis au ministère, cinq années marquées par un harcèlement sexuel incessant. La plainte que Médiapart a consultée fait état des réflexions sexualisantes et humiliantes -comme cette fois où lui dit « qu’il ne peut pas se concentrer car il [est] trop occupé à regarder ses jambes  »- mais également d’attouchements sexuels répétés et de la construction d’une réputation où elle était vu comme celle qui ‘couchait avec le patron’. Le point de rupture qui a marqué pour Audrey le début d’une période en arrêt maladie et son changement de poste est un épisode à Rome particulièrement violent : «  Puis, après 1 heure du matin, dans les locaux de l’ambassade de France à Rome, Placé aurait demandé à l’officier de sécurité d’aller chercher Audrey dans sa chambre. Il aurait consommé beaucoup d’alcool. Puis il aurait demandé à sa collaboratrice de danser « un slow » avec Zocchetto sur la musique de La Boum. « Ce dernier l’agrippait et se pressait contre sa poitrine toute la durée de la chanson », précise la plainte. Un épisode « indigne et humiliant », d’après Audrey et que Mediapart avait déjà raconté en 2019. »

Une plainte pour des faits loin d’être marginaux

Cette plainte n’est pas la première, en effet Jean-Vincent Placé, a déjà été condamné à une amende de 5000 euros en mars 2021 pour des faits de « harcèlement sexuel ». De plus l’article de Médiapart met en avant de nombreux autres témoignages de femmes qui ont dû travailler auprès de lui : elles parlent de « drague lourde », de « climat sexiste », ou encore de « climat de séduction ». Médiapart met également en avant le fait que «  trois autres femmes ont affirmé avoir subi des gestes déplacés de la part de Jean-Vincent Placé ». Dans le même sens, certaines femmes auraient « averti » Audrey au début de sa prise de poste. L’ancien sénateur avait donc déjà une réputation de harceleur sexuel. Certaines femmes décrivent ces agressions comme des « passages obligés » ou ressentis comme tel, révélant une fois de plus, la normalisation et généralisation de tels comportements pour obtenir un travail ou un poste. Une autre ancienne collaboratrice témoigne dans ce sens auprès de Médiapart : « J’ai essuyé beaucoup de commentaires très sexistes tout au long de mon passage au Sénat, beaucoup d’allusions au fait que j’avais été recrutée parce que j’étais belle, jolie et jeune, et pas parce que je travaillais. On baignait dans un sexisme institutionnalisé qui n’était pas normal ». De quoi définitivement tirer un trait- s’il le fallait encore- sur le fait qu’EELV puisse rimer avec féminisme.

Autant de situations qui font échos, à la tribune #MeTooPolitique, signée par 285 femmes du milieu politique et universitaire, dénonçant comportements sexistes et agressions sexuelles de la part d’une multitude de politiciens bien connus du public. Trois sont actuellement en campagne pour les présidentielles. On le voit encore une fois de Placé et Hulot à Asselineau en passant par Darmanin et Zemmour, toutes les tendances politiques y passent.

Une classe politique toujours prompte à protéger le harcèlement et les agressions sexuelles

Et si les faits sont largement répandus et commencent à être dénoncés par une partie de femmes victimes, jusque dans la sphère politique, on voit que cette dernière est toujours prompte à protéger… les harceleurs et les violeurs. Dans le cas d’Audrey lorsqu’elle a dénoncé la situation à l’un des collaborateurs du cabinet de Bernard Cazeneuve, elle a trouvé une écoute peu surprise de la situation. La seule chose qui a été faite aura été de changer Audrey de poste sans se soucier du fait que d’autres femmes puissent se retrouver victimes de l’ancien ministre. Une fois de plus -on ne tient plus les comptes- le gouvernement, qu’il soit représenté par Hollande ou Macron, protège les agresseurs quand il ne fait taire directement les victimes. Dans le cas des accusations qui portent sur Hulot ou sur Darmanin, c’est des membres du gouvernement qui se trouve à organiser sa protection et même un plan médiatique pour le laver des plaintes.

Cette nouvelle affaire rappelle à quel point le problème est systémique, et ne peut être résolu par les hautes sphères de la bourgeoisie et des classes dominantes qui sont directement visées et qui sont les premières à porter attaques contre les femmes, les précarisant ou les excluant. A l’heure où la parole se libère, nous nous devons de la soutenir tout en rappelant que la situation ne viendra pas d’institutions qui sont là pour perpétuer ce système patriarcal et que face au système capitaliste, il est indispensable de s’organiser par nous-mêmes, dans la rue, en indépendance des institutions.


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