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Hamon lance sa campagne

Meeting de Hamon à Bercy. 20 000 personnes pour le candidat PS

Ce dimanche dans l'AccorHotel Arena de Bercy, 20000 personnes sont venues à assister au Meeting de Benoit Hamon, qui tentait de relancer sa campagne.

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Jusqu’à présent, la campagne de Benoît Hamon était considérablement ralentie par son entreprise de regrouper la « gauche » et son propre parti au tour de lui. Dimanche 19 mars, il a, avec son meeting à Bercy, réussi à la relancer. Selon son équipe de campagne, 5 000 personnes n’ont pas pu entrer, faute de place, et ont regardé le meeting sur grand écran devant l’enceinte.

Dès le début du meeting l’ambiance est posée. Après avoir fait respecter une minute de silence à la mémoire des victimes d’attentats ces dernières années en France, Hamon a fait applaudir le président Hollande, le premier ministre, Bernard Cazeneuve, et le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, mais uniquement pour leur action contre le terrorisme. Il a ensuite ajouté qu’ « il y a aussi des choses dont on peut être fier dans ce quinquennat ». Hamon candidat du PS essaye de conserver une droite du parti qui ne cesse de s’émietter afin de rejoindre Macron. Mais ce meeting visait à lancer la campagne plus qu’a s’assurer de la droite du parti.

Hamon contre la finance ? Non, contre les autres candidats

Le but de ce meeting était de faire de Bercy « le Bourget de Hamon » selon son équipe de campagne, faisant ainsi référence au grand meeting de Hollande en Janvier 2012 où il avait dénoncé la finance comme son ennemi. « Mon adversaire n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti. Il ne présentera jamais sa candidature. Il ne sera pas élu. Et pourtant, il gouverne. Mon adversaire, c’est le monde de la finance ». Cette déclaration avait marqué la campagne après 5 ans de gouvernement libéral sous Sarkozy. Ici rebelote, Hamon s’attaque à la finance mais cette fois ci, elle a un visage, et même plusieurs, « le parti de l’argent a trop de candidats dans cette élection. Ce parti de l’argent a plusieurs noms, plusieurs visages, il a même plusieurs partis. ». Le candidat fait référence à ses adversaires, Emmanuel Macron, François Fillon et Marine Le Pen. « L’un nous dit, moderne, comme le père Guizot sous la Restauration :“Enrichissez-vous” » pour ce qui est de Macron, « Les deux autres pensent “enrichissez-nous”. »

Macron a été la principale cible du candidat qui selon lui ferait de la France « un pays où l’argent serait roi, voire la seule raison d’être », raillant au passage certaines déclarations du leader d’En Marche :« Vous êtes chômeurs ? Créez votre entreprise ! Vous êtes pauvres ? Devenez milliardaires ! Vous n’avez qu’un T-shirt ? Allez vous acheter un costume, diable ! »


Un PS toujours désuni


Hamon a également envoyé une petite pique envers ses camarades du PS qui ont choisi de rejoindre le camp de Macron. En faisant référence aux déclarations de Delanoë, il dénonce ceux qui « prétendent faire barrage au Front National pour demain mais (...) construisent un pont pour après-demain ». Delanoë avait dit que voter Macron c’était le vote utile pour faire barrage au FN. Hamon a répondu,« C’est cela le vote utile ? Ce serait soit les candidats rattrapés par les affaires soit le candidat du monde des affaires, soit les candidats des intérêts cachés soit la candidate de la haine assumée ? »

Pour répondre à la désertion des membres du PS, il s’est entouré de Yannick Jadot, candidat d’Europe Écologie les Verts qui l’a rejoint, l’économiste toulousain Thomas Piketty, deux de ses concurrent de la primaire à gauche,Vincent Peillon et Arnaud Montebourg, Najat Vallaud-Belkacem pour le gouvernement ou bien encore ChristianeTaubira qui donne une caution sympathie avec l’ancienne ministre qui a promulgué le mariage pour tous.

Il a reproché à Valls de ne pas lui avoir donné son parrainage, dénonçant « ce manquement à la parole donnée, ce mépris de l’expression démocratique qui exaspère tant le peuple » et fait, selon lui, le lit du « Brexit » et du vote Front national. Tout le long de son discours, Hamon a essayé de se poser en barrage au FN avec cette idée de rassemblement de la gauche, d’incarner les « valeurs de la gauche. » Benoît Hamon n’a cessé d’invoquer le « siècle de combats et de conquêtes démocratiques » de son camp. Un héritage qu’il "assume, revendique, et continue". C’est pourquoi défiant les paroles de Valls, il énumère les grands gains de la gauche. « Ils nous disent : Oubliez votre histoire et vos espoirs. Il faudrait que nous oubliions quoi exactement ? Les ouvriers de Florange et de Whirlpool ? Les congés payés de Blum ou les 35 heures de Martine Aubry ? L’abolition de la peine de mort avec Badinter ou le mariage pour tous de Christiane Taubira ? Non, nous n’oublions pas ! »

Le public ne s’y est pas trompé, à l’annonce du nom de Cambadélis, celui-ci a été sifflé. Pour cause ce dernier est resté flou sur la condamnation du non parrainage de Valls en mettant dos à dos les deux anciens ministres, « Sous ce quinquennat, il y a eu beaucoup de manque de respect de la parole donnée, du vote des congrès et de la solidarité. Donc je ne vais pas prendre position pour l’un par rapport à l’autre. », il a également rappelé que « Benoît Hamon a ourdi une motion de censure contre son propre gouvernement. » et qu’il ne l’a « pas condamné à l’époque ». Jean-Vincent Placé qui ne cesse de se déplacer au grès du vent, avait dans un premier temps soutenu Valls avant de rejoindre le vainqueur de la primaire. Il a été également sifflé, d’autant plus qu’il a dit que « le PS dans sa forme actuelle, n’a pas vocation à survivre aux législatives » Le rassemblement et l’unité ne semble pas être encore au rendez-vous malgré le déplacement de 20 000 personnes à Bercy.


Hamon tire sur sa droite

Face à tous ces désertions et demi soutien on comprend mieux lorsque Hamon dit « Tout commence aujourd’hui, tout commence avec vous, tout commence par vous » en s’adressant au public. Il ne peut pas compter sur l’ensemble de la machine du Parti Socialiste. Il a dénoncé les prétendants à l’Elysée dont le but est de « réaliser leur destin », lui c’est également pour éviter la mort du PS. Il essaye de reconquérir la base sociale du PS, perdue avec le quinquennat désastreux de Hollande en se posant comme « Candidat de la feuille de paye, du pouvoir d’achat, de la France qui se lève tôt », Benoît Hamon a défendu son « revenu universel », qui « n’oppose pas les chômeurs aux travailleurs, [qui] les réconcilie » mais surtout qui pour essayer de garder la droite du parti avec lui devient de plus en plus une mesure d’austérité et n’a plus rien à voir avec le projet initial puisque maintenant ce « revenu universel » ressemble bien plus au « minimum décent » de Valls. Il est en tout cas en adéquation avec les autres candidats sur un point, les forces de répression, il veut augmenter les effectifs certes moins que certains mais il souhaite tout de même 5 000 policiers et gendarmes supplémentaires. Il se prononce pour un retour de la police de proximité.

Benoît Hamon dit« tenir bon dans la tempête », même si « certains ont quitté le navire dès le premier zéphyr » et que « ces dernières semaines n’ont ébranlé aucune de [ses] convictions, elles les ont confirmées. » Mais on on constate néanmoins que pour beaucoup de grands pontes du PS l’herbe est plus verte chez Macron. Pourtant, Hamon pourra compter sur un groupe de militants, notamment le Mouvement des Jeunes Socialistes, motivés et déterminés a faire remonter leur poulain dans les sondages et lui permettre d’apparaître comme une alternative probable dans ces élections. La première épreuve de force est réussie pour Hamon qui a rassemblé 20 000 personnes et s’est entouré de la gauche de PS. Son alliance avec les Verts lui permet d’avoir une réserve de voix et de militants supplémentaires. Reste à voir maintenant comment il réussira à sortir son épingle du jeu face aux autres candidats.

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