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Contre-réforme des retraites

Meeting « la victoire est possible » : pas de trêve jusqu’au retrait de la réforme !

Ce mercredi soir s'est tenu un meeting de Révolution Permanente en banlieue parisienne, avec les protagonistes franciliens de cette grève historique qui paralyse le pays depuis bientôt 15 jours avec un très large soutien de l'opinion publique. Une mobilisation qui par son ampleur et sa force a réussi à pousser Delevoye vers la sortie. Mais ce que veulent les grévistes, c'est le retrait total de la réforme. Le mot d’ordre d’hier soir était unanime : pas de trêve jusqu’au retrait !

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L’alliance de celles et ceux qui savent qu’il faut changer la société, pour une grève générale politique

C’est au lendemain de la journée de grève extrêmement suivie du 17 décembre, que notre meeting « la victoire est possible » s’est tenu à Saint-Ouen en fin d’après-midi. L’objectif était de rassembler à la même tribune les protagonistes de la grève en cours : les grévistes de la RATP, de la SNCF, de l’éducation nationale ainsi que la jeunesse étudiante, afin de discuter de la suite du mouvement et des perspectives pour gagner contre le gouvernement, alors que ce dernier joue la carte du chantage à la « trêve de Noël ».

La force du meeting est d’avoir réuni les grévistes des principaux dépôts RATP qui sont au cœur de la lutte en région parisienne. Ainsi étaient présents dans la salle des grévistes des dépôts de Belliard, Aubervilliers, Pavillons-sous-bois, Nanterre, Pleyel, Flandres, Saint-Denis, Lagny, ou encore Charlebourg. Assis à leurs côtés des cheminots grévistes de Châtillon, Paris Nord, le Bourget, Saint-Lazare ainsi que des enseignants du 93 et des étudiants de plusieurs universités parisiennes.

Ces différents secteurs qui incarnent les piliers de la grève, étaient représentés à la tribune. Clément, gréviste du Technicentre de Châtillon, et Anasse Kazib du Triage du Bourget pour la SNCF, tous deux militants à Révolution Permanente, par Adel Gouabsia conducteur sur le RER A et Nadia du dépôt de Flandres pour la RATP, Ahleme enseignante à Epinay sur Seine, et Ariane étudiante à Paris 1 Tolbiac et militante à Révolution Permanente.

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Les uns après les autres, malgré la fatigue, ont montré au cours du meeting que leur détermination ne faiblit pas. Chacun a raconté sa fierté de participer à cette grève historique, inédite, et qui réhabilite la force de la grève et la puissance des travailleurs pour transformer la société et rompre avec les politiques néolibérales qui exploitent, oppriment, et précarisent la majorité de la population.

Une puissance qui tire sa force et se maintient dans le temps, grâce aux alliances tissées entre les différents secteurs tels que les enseignants et les étudiants venus en renfort des grévistes pour bloquer les dépôts de bus malgré la répression ces derniers jours. Ainsi, les grévistes de la RATP et de la SNCF se sont félicités de bloquer l’ensemble des transports en région parisienne, en soulignant l’importance de la présence et de la solidarité de ces « brigades mobiles » sans lesquels ils n’auraient pu tenir jusqu’à aujourd’hui.

Et pour cause, d’abord les agents RATP sont la cible depuis 2007 d’une réglementation particulièrement répressive à l’égard des grévistes et « les lois Sarkozy » sur le service minimum. De plus, la direction de l’entreprise n’hésite pas à faire appel aux huissiers, à la police, et aux compagnies de CRS pour réprimer les piquets de grève.

Mais cet état de fait est l’expression d’une de part la fébrilité du gouvernement, et d’autre part de la peur de la direction de la RATP de laisser les grévistes s’organiser et prendre conscience de leur force trop longtemps invisibilisée par l’encadrement des bureaucraties syndicales. La radicalité qui s’exprime chez les agents RATP, et qui est une conséquence de « l’effet Gilets jaunes » sur le mouvement ouvrier, fait craindre au patronat et à l’Etat une escalade du niveau d’affrontement sur le terrain de la lutte des classes.

Si les grévistes parvenaient à faire retirer au gouvernement sa réforme des retraites, ils ouvriraient par là-même la voie à une remise en cause générale de la précarisation de leurs conditions de vie et de travail y compris au sein même de l’entreprise. Dans ce cas, une fois de retour au travail, que ne feraient-ils pas des directeurs et responsables des ressources humaines qui leur ont envoyé la police sans hésiter pour les réprimer ?

En effet, les interventions sont rapidement rentrées en écho sur les problématiques qui ont (re)surgit avec la grève contre la réforme des retraites : celle de la précarité, d’une vie passée à survivre et non à vivre, d’une vie à souffrir et mourir au travail, d’un monde touché par une crise écologique sans précédent, traversé par des injustices sociales ainsi que par les inégalités de genre et le sexisme. A ce titre, les femmes grévistes ont insisté sur les violences et les injustices qu’elles subissent en tant que femmes, mères et travailleuses. La réforme des retraites est donc profondément vécue comme inscrite dans « un projet de société néolibérale que nous refusons en bloc », qui ne promet rien d’autre à la jeunesse et au monde du travail qu’un avenir sombre et précaire, qui contraste terriblement avec les privilèges, le train de vie, de ceux qui gouvernent et des classes dominantes, comme l’a déclaré Ahleme, enseignante dans le 93.

C’est en ce sens que l’alliance qui commence à se tisser sur et entre les piquets de grévistes, pour la paralysie des transports, le maintien et le contrôle de la grève par les grévistes, est une alliance politique. A l’instar de l’alliance entre la jeunesse et le mouvement ouvrier, qui fait peur au gouvernement, comme l’a exprimé Ariane, étudiante et militante, présente depuis le 5 décembre sur les piquets du dépôt de bus de Lagny dans le 20ème arrondissement de Paris. C’est là que se rencontrent différents secteurs qui aspirent en réalité, au-delà de la bataille contre une réforme, à changer la société. Pour répondre aux injonctions du gouvernement à reprendre le travail pour la période des fêtes de Noël, Ariane a conclu en s’adressant aux travailleurs grévistes présents dans la salle et à ceux qui suivaient le live en direct « Le meilleur cadeau que vous pouvez nous offrir c’est la victoire et on est à deux doigts de l’avoir. »

Le deuxième round : s’organiser et radicaliser le mouvement pour que la grève appartienne aux grévistes

Une colère profonde qui s’exprime depuis 15 jours à travers les taux de grévistes, la grève reconductible, les blocages de dépôts, les occupations d’établissements scolaires, et les manifestations massives dans la rue. Une mobilisation qui a réussi à obtenir le départ anticipé d’un Jean-Paul Delevoye, dont les déclarations sur le souci de mettre tous les régimes à égalité avec la réforme ont été ridiculisées par les révélations sur le cumul de ses 14 mandats, dont 11 initialement non-déclarés. Pour autant, le projet de réforme lui n’a pas été retiré. Alors, après 15 jours de grève, Adel, conducteur à la RATP, qui a émergé comme une figure du mouvement, a posé d’entrée de jeu que tout se joue maintenant. Pour lui désormais, après la démission de Delevoye et à l’approche de Noël, c’est le deuxième round qui se joue pour continuer la grève et gagner contre le gouvernement. Un deuxième round avec d’un côté les grévistes qui sont en nombre, déterminés et de l’autre un gouvernement, affaibli mais tout aussi déterminé.

Que manque-t-il pour remporter la victoire ? Anasse, cheminot et autre figure de la grève, a rappelé que si la victoire est possible, cela ne veut pas dire pour autant qu’elle est facile. Tous deux ainsi que Clément, cheminot gréviste à Châtillon, se sont adressés aux grévistes en parlant de la question de l’auto-organisation, de la nécessité de créer, maintenir, renforcer les assemblées générales, les caisses de grève, les piquets, les liens entre les différents secteurs, pour gagner en organisation mais aussi gagner en radicalité. Parce qu’en face ils sont bien organisés, et prêts à tout pour casser la grève, briser les solidarités, réprimer avec tous les outils à leur disposition, il est nécessaire de s’organiser et de se coordonner entre les différents dépôts, piquets de grève, et secteurs mobilisés, pour faire face à la police, montrer au gouvernement et à la direction de la RATP que les grévistes sont unis contre la répression, mais aussi pour refuser aux directions syndicales le droit qu’elle s’accordent pour aller s’asseoir à la table des négociations au nom des grévistes. C’est en ce sens que se construit la coordination des grévistes d’Île-de-France qui a pour ambition de rassembler des délégations de chaque dépôt RATP en grève, et de chaque AG de cheminots et de profs, pour décider des suites du mouvement et d’organiser des actions communes comme le cortège RATP-SNCF composé de syndiqués et non-syndiqué qui a défilé en tête de manifestation mardi 17 décembre à Paris.

Car si radicaliser la grève signifie se convaincre et convaincre les collègues de rester en grève pour certains, de rentrer en grève pour d’autres, de résister aux intimidations et de renforcer le rapport de force avec les patrons et le gouvernement, cela signifie aussi comme l’a souligné Anasse de dénoncer publiquement les positions des directions syndicales. Pour cela la base, qui refuse unanimement les négociations et revendique le retrait pur et simple de la réforme, doit s’unir pour faire pression et pousser les appareils syndicaux à appeler non pas à des journées d’action ou à des journées de grève isolées, uniquement dans certains secteurs, mais à la grève générale et au refus clair et net de toute négociation.

Tous les intervenants ainsi que les grévistes qui ont pris la parole par la suite sont revenus sur la dénonciation de la politique et les prises de positions des directions syndicales toutes prêtes à négocier à un moment ou à un autre : « Ils ne décideront rien, la base aujourd’hui elle est vraiment en colère. Ils décident pour nous mais il faut qu’ils cessent de décider pour nous. Il faut qu’ils appellent à la grève générale de tous les secteurs ». Radicaliser la grève c’est déclarer et décider dans chaque assemblée générale que la grève appartient aux grévistes et que c’est aux grévistes, syndiqués et non syndiqués, de décider de la suite du mouvement et de quand il se termine, et non aux directions syndicales.

Mais radicaliser c’est aussi élargir le mouvement, en particulier au secteur privé. Pour le moment certains bastions tels que les raffineries ou les docks sont également à l’avant-garde du mouvement. Mais il s’agit de faire rentrer dans la bataille tous les secteurs qui soutiennent le mouvement, mais n’en sont pas encore acteurs. Soumis à la précarité, aux carrières hachées, et au chômage de longue durée, de nombreux jeunes et beaucoup de travailleurs et travailleuses du privé sont déjà exclus du système de retraite actuel, ou n’ont droit qu’à des pensions indignes. Rallier ces secteurs, c’est aussi proposer un programme pour le partage du temps de travail, la retraite à 60 ans pour tous sans condition de durée de cotisation et de nationalité, financé par les cotisations patronales, afin de permettre à l’ensemble de notre camp social de se reconnaître dans la lutte.

Parce que faire grève, lutter, bloquer un dépôt, se rassembler en AG, c’est faire de la politique. C’est poser les bases d’une critique de la société actuelle, de la nécessité de la changer et c’est aussi commencer à construire les bases d’une société nouvelle. « Les vraies assemblées, pas comme l’assemblée nationale, c’est les assemblées générales, c’est sur vos piquets, la démocratie elle est là ». En effet ce sont dans nos assemblées générales, sur le temps libéré grâce à la grève, que nous pouvons avoir de vraies discussions, prendre conscience de notre force, celle de bloquer l’économie jusqu’à celle de contrôler et faire tourner nous-mêmes notre entreprise, notre école, notre dépôt, et un jour la société dans son ensemble. Contre ceux qui veulent gouverner et diriger la société capitaliste et ainsi maintenir l’exploitation des travailleurs et de la jeunesse, Anasse a appelé à la construction d’un parti des travailleurs, de toutes celles et ceux qui luttent aujourd’hui, avec comme ambition de prendre le pouvoir et de construire une autre société libérée de l’exploitation capitaliste et de toutes les formes d’oppressions.

C’est dans cette perspective d’élargir la grève, qu’une fois le meeting clôt, les grévistes, ayant fait le plein d’énergie, se sont réunis pour adresser un message vidéo à leurs collègues et appeler à la grève générale l’ensemble des secteurs du privé et du public, pour finir, dans un esprit révolutionnaire et internationaliste, par adresser un message de soutien aux camarades chilien du Parti Révolutionnaire des Travailleurs (PTR) qui subissent la répression, et dont le camarade Dauno Totora menacé d’emprisonnement pour son engagement au côté soulèvement populaire et pour avoir appelé à la grève générale pour renverser le régime néolibéral de Piñera.


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