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« La République les appelle… »

Mélenchon et Pierre Laurent tentent de ressusciter « Charlie »

Tout ce qu’il était possible de dire sur l’horreur des attentats du 13 novembre a été dit ; tous les qualificatifs qui pouvaient être utilisés pour condamner cette barbarie ont été écrits et parlés. La condamnation du carnage est unanime et nous y joignons notre voix. {} Mais, alors que l’émotion n’est pas près de se dissiper, a déjà commencé le temps de l’interprétation, des choix politiques et de l’action. Les « Je suis Charlie » n’ont pas attendu pour refaire surface et pour porter haut le flambeau de l’union sacrée et de la République, même si la flamme est plus vacillante qu’en janvier. Claire Manor

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Un assaut de républicanisme écœurant

Que Le PS, Les Républicains, ou l’extrême droite sous toutes ses variantes, saisissent cette très sinistre, mais trop belle occasion d’amplifier le cours sécuritaire et guerrier des derniers mois n’a rien de surprenant. Etat d’urgence, perquisitions, interdictions, xénophobie, racisme à l’intérieur, guerres meurtrières à l’extérieur… ils se sentent pousser des ailes pour redoubler leurs coups.

Insupportable, mais tout à fait prévisible quand une peur et un désarroi légitimes se sont emparés d’une partie de la population.

Mais c’est sur « la gauche de la gauche » qu’il est intéressant de porter ses regards en de telles circonstances. Les deux ténors du FDG, ou de ce qu’il en reste, Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent retrouvent, face aux attentats parisiens commandités par Daesh, une belle unanimité. Il est vrai qu’ils ont décidé l’un comme l’autre de mettre momentanément de côté toute rivalité. Surson blog, {} Jean-Luc Mélenchon estime que « toute querelle s’interrompt ». Quant au PC, il annonce via un article dans l’Huma, qu’il suspend sa campagne électorale.

Faire taire les oppositionsdans une perspective de front unique dans le camp des travailleurs de toutes origines, pour lutter contre l’impérialisme qui sème la mort tous les jours aux quatre coins du monde, combattre tous les racismes, et tous les intégrismes dont les actes de guerre de la France sont parmi les premiers responsables, aurait été très positif.

Mais hélas, les ténors à « la gauche de la gauche » ne font taire leurs dissensions que pour mieux emboucher la trompette de l’union sacrée. « Face aux attentats, rassemblons-nous pour la liberté, l’égalité, la fraternité, et la paix » déclare le PC, tandis que Jean-Luc Mélenchon proclame « À l’horreur, opposons la force de la République ».

De bons soldats dans les pas de Hollande

Et PC comme PG d’emboîter le pas à Hollande-Valls-Cazeneuve qui poursuivent leur entreprise de police intérieured’exception et de guerre impérialiste. « Alors que l’État d’urgence vient d’être décrété par le gouvernement, le renforcement des moyens de police et de justice est un impératif » déclare Pierre Laurent qui « forme le vœu que nos responsables gouvernementaux aient tous les moyens d’agir comme ils le souhaitent ». Ses propos sont relayés par un édito de Patrick Le Hyaric dans « l’Huma » qui déclare : « Pour sortir le Moyen-Orient du chaos, la France devrait être à l’initiative d’une coalition internationale nouvelle, avec des puissances régionales responsabilisées et associées aux Nations Unies ».

Quant à Mélenchon, bien qu’il se montre critique vis-à-vis de l’état d’urgence, d’abord pour son inefficacité, mais aussi pour sa propension à se transformer en état permanent, il n’est pas en reste en matière de guerre impérialiste quand il préconise un rapprochement avec Poutine, lui qui avait déjà soutenu l’intervention française en Libye.

Une « résistance » qui n’est pas la nôtre

Pour faire bonne mesure, l’édito de l’Huma déjà cité n’hésite pas à convoquer le souvenir de la Résistance lors de la seconde guerre mondiale en France. « Des loups sont une nouvelle fois entrés dans Paris et Saint-Denis, provoquant un horrible carnage et irriguant les rues d’un sang innocent » raconte-t-il, faisant par ces mots résonner dans nos mémoires la chanson de Reggiani et le souvenir des armées allemandes envahissant Paris. De quoi faire vibrer la fibre hexagonale de certains… mais sans grand rapport avec la situation.

« Résistance » est un mot qui est certes de circonstance. Mais il mérite qu’on lui donne un autre sens, celui dont les militants et les jeunes sont pénétrés lorsqu’ils arpentent les rues de Paris en soutien des luttes des palestiniens, des travailleurs menacés de licenciement, des femmes opprimées, de la révolte des jeunes condamnés à vivre dans les ghettos des banlieues, des migrants parqués dans des conditions inhumaines à Calais ou ailleurs.

Or, c’est à tous ceux-là que la politique du gouvernement soutenue par l’Humanité en mal de Résistance va attaquer de plein fouet. Tous les prétextes que les attentats du 13 novembre apportent sur un plateau seront bons. Quel prétexte en or qu’un des barbares identifiés soit entré sur le territoire avec le flux des migrants ! Quel prétexte en or que toute une famille ait pu s’associer au crime, quel prétexte en or que la radicalisation d’un des attaquants se soit faite en Syrie…

En réalité, c’est au gouvernement et à sa politique impérialiste qu’il faudrait avoir le courage de résister. C’est aux lois liberticides qui resserrent leur étau chaque jour qu’il faut s’opposer. C’est aux intérêts des capitalistes qui exploitent les travailleurs et les ressources en France et dans le monde qu’il faudrait faire barrage.

Et enfin, contrairement aux propos démagogiques d’un Mélenchon qui se sert du radicalisme barbare de Daesh pour clamer avec force que « l’islam n’a rien à voir avec ça », résister, c’est aussi avoir la volonté de s’adresser aux jeunes, filles et garçons des banlieues, de leur ouvrir des perspectives militantes pour résister aux conditions de vie et aux pressions religieuses qui peuvent faire d’eux des kamikazes morts pour rien à 20 ans et que leurs parents pleureront sans doute comme les parents de ceux qui écoutaient de la musique au Bataclan.

Où est notre camp dans tout cela ?

Ni le gouvernement, ni ceux qui s’y rallient au nom de l’intérêt supérieur de la République, ni ceux qui dans les rangs des dirigeants syndicaux annulent, au nom de l’état d’urgence, des manifestations essentielles comme celle qui était prévue le 17 novembre contre le plan Hirsh, ne représentent les intérêts des travailleurs, de la population française, et des populations dévastées par les guerres impérialistes en Afrique et au Moyen-Orient.

Il appartient aux représentants du camp des travailleurs, à l’extrême gauche anticapitaliste et internationaliste, aux syndicalistes qui défendent une orientation lutte de classes, aux associations qui luttent contre toutes les formes de discrimination et d’oppression de s’opposer fermement, sans se laisser intimider par les interdictions et les menaces de répression, au racisme anti-musulman, aux guerres menées par l’impérialisme français, au pillage des ressources des pays qu’il place sous sa domination économique et militaire.


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