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Progrom de Chemnitz

Merkel : le patron des renseignements, lié à l’extrême droite, menace de faire éclater la coalition

Les événements de Chemnitz en Allemagne ne traduisent pas seulement une montée en puissance de l'extrême-droite outre-Rhin mais aussi une déstabilisation profonde de la coalition d'Angela Merkel. En effet, Hans-Georg Maassen, président des services de renseignement allemand, s'est récemment illustré par ses propos qui désavouent la chancelière et laissent planer le doute des liaisons avec l'extrême-droite et l'AFD.

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La ville de Chemnitz a récemment été le théâtre d’une manifestation de force de la part de l’extrême-droite allemande et notamment de l’AFD, le parti anti-migrant qui a fait son entrée au Bundesta l’année dernière. Suite à l’agression d’un allemand de 35 ans par deux demandeurs d’asile, la ville située en Saxe a connu un certain nombre d’exactions contre les migrants et demandeurs d’asile, cristallisant une situation de plus en plus polarisée en Allemagne autour de l’accueil de près d’un million de réfugiés par Merkel en 2015.

Cantonné d’abord à un mouvement d’extrême-droite qui a largement indigné la population, le phénomène a pris une toute autre ampleur lorsque le président de l’Office fédéral de protection de la Constitution (BfV), Hans-Georg Maassen, a publiquement déclaré qu’il avait « de bonnes raisons de croire que tout cela relève d’une désinformation intentionnelle, peut-être pour détourner l’attention du public du meurtre de Chemnitz ». Autrement dit, comme le souligne le quotidien Tagesspiegel, Maassen a donné « gratuitement raison à l’extrême droite » en affirmant qu’il n’y avait pas de chasse à l’homme à Chemnitz, désavouant publiquement Merkel qui avait dénoncé ces actes.

Ces déclarations ont mis un froid entre la chancelière et le patron des renseignements allemand. Ce dernier ne s’est d’ailleurs jamais caché d’être hostile à cette venue de près d’un million de réfugiés en Allemagne et il avait mis en garde la chancelière sur les dangers que cela comportait selon lui pour la sécurité intérieure. Mais ses déclarations ont également jeté le trouble au sein du SPD, avec qui Merkel a formé une coalition lors des dernières élections. « Merkel doit agir » réclame le parti social-démocrate tandis que les tenants de la CDU-CSU continent de faire confiance au patron du renseignement après l’avoir auparavant interrogé au Bundestag. Entre les tenants de la démission de Maassen, de son maintien et de ceux qui réclament une refonde des services, l’opposition fait rage.

La virulence des débats tient également au fait que Maassen n’aurait pas fait ces déclarations à la légère, contrairement à ce qu’il a pu affirmer au Parlement, mais en raison d’accointance et même de liens avec l’extrême-droite. En effet, il s’est avéré que le président du BfV a été en contact avec des élus de l’AFD. Il aurait ainsi rencontré Frauke Petry, la présidente du parti d’extrême-droite, afin de lui donner des informations pour déjouer la surveillance des services qu’il dirige pourtant. Des fuites en direction de l’AFD et en provenance de BfV sont également mises en avant dans la presse, ce qui laisse planer un sentiment de corruption dans les plus hautes sphères du pouvoir.

L’affaire de Chemnitz est loin d’être refermée en Allemagne en ce qu’elle montre la fragilité de la coalition formée par Merkel pour son quatrième mandat en tant que chancelière. L’arrivée de l’extrême-droite au Bundestag a bouleversé les rapports de force d’un pays dépeint il y a encore peu comme un modèle de stabilité politique. La question migratoire et de l’accueil des réfugiés illustre tout autant les dangers de la dérive réactionnaire et nationaliste qui sévit partout en Europe.


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