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Accord UE / Turquie à Bruxelles

Migrants. L’Union Européenne s’allie au bourreau Erdogan face à la crise migratoire

Julian Vadis Ce jeudi, les pays européens étaient réunis à Bruxelles pour débattre de la collaboration avec la Turquie au sujet des flux de migrants fuyant la Syrie. Dans la nuit suivant la journée de délibération, la commission a annoncé avoir trouvé un accord sur un "plan d'action commun" alors que le pays est au bord d'une guerre civile voulue par Erdogan.

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"Nous sommes prêts à partager le fardeau [de la Turquie], par des aides à la fois européennes et bilatérales" a déclaré Angela Merkel au sortir du huis clos ce jeudi. Si rien n’est encore officiel, la tendance indique que l’aide européenne en faveur de la Turquie va être triplée, passant de 1 à 3 milliards d’euros, afin d’aider le pays à prendre en charge "sur son sol" une part plus importante de réfugiés syriens fuyant la guerre. Un tiers de la somme viendrait du budget de l’Union Européenne, les deux autres seraient répartis parmi les États membres.

"Sans la Turquie, nous ne trouverons pas la solution" a insisté la chancelière allemande. Les frontières extérieures de l’Europe forteresse ne sont toujours pas assez hermétiques pour les impérialistes européens, et cet accord intervient dans un contexte où les relations entre l’Europe et la Turquie sont au point mort. Mais pour la préservation des intérêts, rien ne semble se mettre en travers de l’accord, ni les désaccords politiques, ni les massacres perpétrés par la Turquie d’Erdogan vis à vis des populations Kurdes, menant le pays au bord de la guerre civile.

Des concessions de l’Europe faites à Erdogan ?

Alors que les manifestants samedi à Ankara ne se sont pas trompés sur le chef d’orchestre du massacre de la veille, faisant plus de 150 morts et des centaines de blessés, l’Europe est prête à faire des concessions pour le bourreau ! Si la Turquie met en place les mesures voulues par l’Union Européenne, le pays sera inscrit sur la liste européenne des « pays sûrs », probablement dès le 18 novembre. La perspective d’adhésion de la Turquie à l’UE « va être quelque peu ranimée », a promis Angela Merkel, ce qui entraînera un débat houleux entre les 28 pays membres. Enfin, la libéralisation des visas d’entrée va être accélérée, mais sera réservée dans un premier temps aux hommes d’affaires et aux étudiants turcs. De plus, Angela Merkel a d’ores et déjà annoncé qu’elle sera en visite à Ankara, symbole fort de l’entente retrouvée entre l’Europe et la Turquie. Pour Erdogan, de telles avancées seraient un plus indéniable alors qu’il se retrouve dans une situation vacillante dans un pays au bord du chaos, et qu’il n’hésite pas à jouer avec le déclenchement d’une guerre civile pour gagner les élections, dans un peu plus d’un mois.

Les impérialismes occidentaux, Allemand et Français en tête, sont prêts à tout pour renforcer les frontières de l’Europe forteresse. Outre les concessions faites à Erdogan, que ce dernier compte bien capitaliser politiquement en vue des élections, l’UE cautionne de fait la politique du gouvernement turc, politique qui encourage les milices d’extrême droite, la police et l’armée de porter l’assaut aux kurdes et à la gauche turque.

Cet accord scandaleux témoigne du caractère chaque jour plus réactionnaire des dirigeants européens, qui intensifient la chasse au migrants, bombardent la Syrie de manière coordonnée, et se rabibochent avec Bachar al Assad et Vladimir Poutine. Des dirigeants qui, en outre, soutiennent aujourd’hui Erdogan dans sa guerre face au peuple kurde dans le seul but de retrouver une situation suffisamment stable au Moyen Orient, afin de préserver les intérêts économiques et géopolitiques impérialistes.


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