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"Mini sommet" à Bruxelles

Migrants. Un plan d’action pour régler les problèmes ?

Fréderic Apoyo{} Ce dimanche, dix États membres de l’Union européenne (Allemagne, Autriche, Bulgarie, Croatie, Grèce, Hongrie, Pays-Bas, Roumanie, Slovénie et Suède) ainsi que la Serbie, la Macédoine et l’Albanie, se sont réunis lors d'un "mini sommet" à Bruxelles. L'objectif était de mettre sur pied un plan d'action pour calmer les tensions naissantes aux Balkans, nouveau point de passage privilégié par les migrants fuyant la guerre et la misère pour percer la muraille de l'Europe forteresse.

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Le mini sommet de ce dimanche, convoqué par Jean-Claude Juncker, président de la Commission Européenne, et fortement appuyé par l’Allemagne, a débouché sur un accord visant avant tout à faire baisser les tensions, de plus en plus fortes, dans les Balkans. En effet, depuis que la région est devenu l’un des chemins les plus empruntés par les migrants fuyant la guerre et la misère, les différents pays de la zone s’accusent mutuellement d’être responsables de l’arrivée de milliers de demandeurs d’asile sur leur territoire. Dans ce cadre, l’absence de la Turquie d’Erdogan, qui s’est grandement rapproché d’Angela Merkel ces derniers jours, a été un dossier sensible du "mini sommet". Néanmoins, Jean-Claude Juncker a annoncé que 100 000 personnes seraient accueillies dans les Balkans et en Grèce. Cette dernière, après de longues tractations, s’est engagée à proposer 30000 places d’accueil cette année, puis 20000 dans un second temps – contre 7000à 10000 environ aujourd’hui - en échange d’une aide financière du Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies et de l’Union européenne. Ironie du sort, tandis que la Grèce poursuit la politique européenne en matière de gestion de la « crise migratoire », en l’occurrence celle de l’Europe forteresse, deux nouveaux corps, un jeune homme et une jeune fille de 20 et 21 ans, ont été découverts sur des îles en Egée, en Grèce, ce lundi. Dimanche, le naufrage d’un bateau-passeur avait fait au moins trois morts, une femme et deux enfants, tandis qu’une quinzaine de migrants embarqués sur un bateau de fortune étaient portés disparus, au large de Lesbos.

Un mini-sommet visant à intensifier la chasse aux migrants

Alors que le parti Droit et Justice (PiS) est arrivé en tête des élections législatives de dimanche en Pologne, et devrait donc être en mesure de former un gouvernement conservateur et anti-Europe, les enjeux de ce mini-sommet étaient avant tout de mettre en ordre de bataille, sous l’impulsion de Merkel, les pays des Balkans membre de l’Union, au travers d’une politique commune pour perfectionner l’Europe forteresse. Ainsi, à l’issue de la rencontre dominicale, la commission européenne envisage très sérieusement le déploiement immédiat de 400 gardes-frontières en Slovénie. Pour mémoire, le pays avait menacé d’ériger à son tour une barrière à sa frontière, suivant le modèle politique xénophobe du gouvernement hongrois, si l’Union Européenne ne lui apportait pas un soutien suffisant.

"Il y a des gens qui ont besoins de protection" et que l’Europe est "obligée d’accueillir", à savoir les réfugiés fuyant la guerre au moyen orient. Un discours qui devient litanie dans la bouche des dirigeants européen. Cette fois ci, c’est à Jean-Claude Juncker de se coller au récital quasi quotidien de la formule magique des dirigeants occidentaux. Un humanisme de façade contrecarré immédiatement par la distinction faîtes avec les migrants dit économiques, qui n’ont "pas besoin de protection" et dont le "retour vers le pays d’origine est tout à fait normal" bien que, cerise sur le gâteau, ce retour vers la misère doive être respectueux de " la dignité humaine" des migrants. Une saillis aussi quotidienne d’hypocrites, qui induit de fait une traque aux migrants intensifiée et un renforcement des mesures de contrôle aux frontières.

Le "mini sommet" de ce dimanche n’aura été qu’une opération visant à éteindre l’incendie provoqué dans les Balkans, devenus point de passage privilégié des migrants fuyant guerre et misère pour rallier l’Europe, et plus particulièrement l’Allemagne et la Suède. Un plan d’action pour régler les tensions géopolitiques, et rappeler à l’ordre l’ultra droite, symbolisée par la victoire du PiS en Pologne et "l’aura" de la politique xénophobe menée par le gouvernement Orban. Point de plan pour régler les problèmes rencontrés par les migrants, bien au contraire, puisque la voie choisie est un renforcement des contrôles et des frontières de l’Europe Forteresse dans les Balkans, appuyé par la sacro-sainte distinction entre bons et mauvais migrants. Une preuve de plus, s’il le fallait vraiment, pour affirmer que la construction de solidarité envers les migrants, pour une liberté d’installation et de circulation pour toutes et tous, est la seule voie possible pour mettre fin à la situation d’urgence vécue par ces hommes et ces femmes fuyant la guerre et la misère. Le combat contre notre propre impérialisme est tout aussi nécessaire pour mettre un terme aux politiques mortifères appliquées au Moyen Orient, sources du chaos actuel dans la région.


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