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Pas de flics dans nos facs !

Mirail : la présidente menace d’envoyer la police face aux futures mobilisations étudiante

A la suite de la campagne du gouvernement et des présidences de fac contre le mouvement étudiant et les occupations de fac, la présidente de la fac du Mirail prépare les esprits à faire intervenir les CRS lors des prochains mouvements étudiants.

Le Poing Levé Mirail

11 mai 2023

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Mirail : la présidente menace d'envoyer la police face aux futures mobilisations étudiante

Crédits photo : Révolution Permanente Toulouse

Une enfumade à plusieurs centaines de milliers d’euros

Pendant des semaines de mouvement étudiant contre la réforme des retraites, la présidente de la fac du Mirail, Emmanuelle Garnier, n’a eu de cesse de diffamer le mouvement par des mails qu’elle envoyait à l’ensemble des profs, des personnels et des étudiants. En pleine période de partiel, la campagne change d’ampleur puisque la Dépêche, revue spécialisée en calomnie et dénigrement des mouvements sociaux vient de consacrer ce mercredi 10 mai, sa une et tout un dossier au « saccage » de l’université.

C’est une marotte des mouvements étudiants, de 68 à aujourd’hui : après les occupations, les présidences de fac et/ou les flics, selon les cas, accompagnent des journalistes en quête d’aventure pour photographier des tags, une table renversée ou affabuler sur les « éléments extérieurs » venus perturber le fonctionnement de l’université. « On voyait passer des sans-domicile fixe et des individus vêtus de noir, type black-blocks », des personnes « affiliées à des courants anarcho-libertaires (antiflics, anticapitalistes) » essaye de nous effrayer le torchon capitalo-macroniste.

Comme d’habitude, c’est la valse des prix pour faire des annonces choc sur les « centaines de milliers d’euros » nécessaires aux réparations. En 2018, dans de nombreuses facs ce chiffre cachait notamment des surfacturations de prestataires, des dépenses inconsidérées pour la sécurité privée et du renouvellement de matériel fonctionnel mis au frais de la mobilisation. Des cris d’orfraie qui permettent de ne pas poser la question fatidique : qui sont les vrais casseurs de l’université ? Qui, et on parle là de centaines de millions d’euros, de milliards d’euros manquants, fait des économies en asphyxiant l’université publique, en limitant les embauches, en ne construisant pas le bâti nécessaire à accueillir l’ensemble des étudiants ? La Dépêche dont le PDG, Jean-Michel Baylet, est un ancien ministre de Hollande et un fervent soutien de Macron ne nous le dit pas...

L’ensemble du récit colporté par la Dépêche et la présidence de l’université tente de faire apparaître le mouvement étudiant comme irresponsable et dangereux. Un discours qui dépeint de manière apocalyptique la réalité, un Crous gratuit devient un pillage, une action de blocage votée en Assemblée Générale est décrite comme une expédition punitive des occupants sortants uniquement pour bloquer les cours. Aucune place là-dedans évidemment pour les menaces et les tentatives violentes de délogement de la sécurité privée qui ont obligé les occupants à barricader les entrées du bâtiment (malgré un nouveau mensonge de la présidente à ce sujet dans un mail envoyé ce 11 mai à l’ensemble des étudiants).

Les menaces de la présidente : plus de sécurité privée, appeler les flics

Cette utilisation de la rhétorique usée de « la minorité radicale » sert ensuite la Présidente à dévoiler ses menaces face au mouvement étudiant : «  A l’avenir nous pourrions réquisitionner les forces de l’ordre afin de faire évacuer les bâtiments occupés. Parallèlement, nous allons renforcer notre capacité de sécurisation des lieux. J’attends plus de la Justice. Pour l’instant il n’y a pas beaucoup de zèle pour mener les investigations. »

Les propos de la présidente du Mirail sont clairs. Celle-ci menace d’envoyer la police pour déloger toute futur occupation quitte à réprimer les étudiants comme cela a été le cas en 2018 au Mirail. Une possibilité que la présidente envisageait déjà contre l’occupation de cette année.

En plus d’annoncer vouloir faire appel aux CRS, Garnier compte aussi « sécuriser » toujours plus le Mirail. Cela peut passer par de multiples formes allant de la surveillance vidéo, à l’embauche de nouvelles unités de sécurité privée.

Enfin, alors qu’une véritable campagne de répression extrêmement brutale se déchaîne contre la jeunesse, Emmanuelle Garnier trouve encore que la justice manque de « zèle ». Des étudiants se sont faits arrêter par dizaine dans les manifestations, ont passé des dizaines d’heures en garde-à-vue et un certain nombre d’entre eux ont déjà des procès pour des faits de manifestation ou de blocage. Ces arrestations ont été ponctuées de violences sexistes et sexuelles, comme en ont témoigné plusieurs jeunes auprès du Poing Levé. A Toulouse, un étudiant de 20 ans, Tao, a pris 6 mois de prison avec sursis après après avoir été incarcéré pendant 4 jours en détention préventive pour des faits de manifestations.

L’appel à davantage de répression de la présidente fait partie d’un mouvement global des présidences d’université. Tandis qu’à Toulouse, Emmanuelle Garnier a déposé une plainte contre X à la mi-avril, la même procédure à Bordeaux a abouti à l’arrestation d’une étudiante jusqu’au domicile de ses parents, à la perquisition de son domicile et à sa mise en garde-à-vue. Un exemple peut-être du « zèle » demandé par Garnier.

Une campagne générale du gouvernement contre les étudiants mobilisés

Après avoir tout mis en œuvre pour freiner la mobilisation des étudiants (renforcement de la sélection, passages en distanciel, fermetures administratives, renforcement des sécurités privées, appel de la police) le gouvernement et les présidences d’universités passent un nouveau cap.

Des universités ont déjà fait appel à la police ces derniers mois face aux étudiants mobilisés, comme à Lille, à Strasbourg, à Paris 1, à Bordeaux, à Aix-Marseille etc.

L’offensive en cours vient très clairement du ministère de l’Enseignement supérieur. La ministre Sylvie Retailleau a ainsi appelé à ne faire preuve « d’aucune tolérance » face aux occupations d’université. Le 10 mai, la droite a déposé une proposition de loi pour criminaliser encore davantage les étudiants mobilisés.

L’ensemble du mouvement étudiant doit dénoncer cette nouvelle escalade répressive et organiser la solidarité la plus large avec toutes les personnes qui sont ou seront poursuivies pour s’être mobilisées. C’est le sens de la campagne nationale qu’impulse Le Poing Levé pour recenser et publier les témoignages des gardés-à-vue, des personnes poursuivies devant les tribunaux et des victimes de violences policières.

La contestation étudiante de 2023 a été la plus importante depuis 2018. Une nouvelle génération a fait l’expérience de la mobilisation, des assemblées générales et fait face à une répression extrêmement féroce. Lutter contre la répression est une tâche essentielle pour les prochains combats qui seront menés dès la rentrée prochaine.


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