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Grève dans l'Education Nationale

Mobilisation des profs à Toulouse : après plus de deux mois de lutte, quels bilans, quelles perspectives ?

Lancée le 5 décembre, suite à la grève du 13 septembre à la RATP, la mobilisation autour du retrait de la réforme des retraites a trouvé un écho massif chez les enseignant.e.s. Le démantèlement du « système social français » par les gouvernements successifs, qui a conduit à une dégradation de plus en plus insupportable des conditions de travail et d’accueil au sein de l’Education Nationale, a fait des enseignant.e.s le troisième acteur du conflit, aux côtés des grévistes du rail et des transports parisiens. A Toulouse notamment, l’AG éduc s’est singularisée par sa combativité. Ainsi, alors que la mobilisation connaît un tournant au niveau national, un bilan de la première phase de la lutte s’appuyant sur l’exemple de Toulouse constitue un outil pour penser les suites de la mobilisation dans l’Education Nationale.

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Une mobilisation immédiate et massive, qui s’installe dans la durée malgré un reflux de la grève

Dès le début du mois de décembre, les enseignant.e.s ont su créer la surprise et fragiliser le scénario du gouvernement qui comptait sur l’isolement des secteurs de la RATP et de la SNCF. Avec des taux de grève historiques, ce sont plusieurs dizaines de milliers d’enseignant.e.s qui ont participé aux manifestations organisées presque toutes les semaines depuis plus de deux mois. Ils sont ainsi devenus un acteur majeur du conflit social, aux côtés des cheminots et de la RATP,.

Cette mobilisation intense et soutenue reflète les colères qui se sont accumulées dans l’Education Nationale depuis plus de 10 ans. Le gel du point d’indice (qui a fortement entamé le pouvoir d’achat des enseignant.e.s), l’alourdissement de la charge de travail et la succession des réformes ont en effet fortement dégradé les conditions de travail et conduit à une restructuration de l’école publique, au détriment du bien-être des élèves et des personnels d’éducation. Le mouvement lancé le 5 décembre a permis l’expression de revendications multiples, qui, au-delà de la seule question des retraites, mettent en cause le modèle de société que sous-tend chacune des réformes imposées depuis des années : « Je ne me mobilise pas sur le thème précis des retraites. Aujourd’hui, c’est une lutte à la suite des autres luttes, à la suite de trop de reculs. Je me mobilise aussi contre la réforme de l’assurance chômage, contre l’attaque du statut de fonctionnaire et contre les réformes Blanquer », témoigne Sophie, enseignante à Toulouse.

Ainsi, la mobilisation enseignante semble s’être ancrée dans la durée. Bien que, à l’exception d’une frange très déterminée, les personnels de l’Education nationale ne soient majoritairement pas entrés dans une logique de grève reconductible, ils sont restés présents tout au long du mouvement. Massivement en grève lors des journées de manifestation, les enseignant.e.s ont été - et sont encore - présents en région parisienne sur les piquets de grève des dépôts de bus. Ils se sont aussi fait remarquer lors d’actions spectaculaires, comme l’action à la Gare de Lyon organisée par la coordination RATP-SNCF le 23 décembre, l’occupation du Carrefour d’Auch par des « Black Profs » le 23 janvier, ou encore l’envahissement des Galeries Lafayette à Toulouse le 30 janvier. Alors que le taux de grévistes est actuellement en baisse dans l’Education Nationale, l’ouverture des E3C, épreuves anticipées du baccalauréat, à la mi-janvier, semble avoir, pendant un temps, donné un second souffle à la mobilisation enseignante. Interrogé par Les Echos le 5 février, Philippe Vincent, secrétaire général du SNPDEN (principal syndicat de proviseurs), reconnaît que les épreuves ont été perturbées dans 43 % des lycées, ayant même dû être purement et simplement annulées dans 170 établissements.

Le démarrage rapide et la massification des mobilisations dans l’Education Nationale ne sont pas le fruit du hasard. Depuis plus d’un an, le monde enseignant connaît en effet de fortes tendances à la contestation, comme s’en inquiète Françoise Fressoz, dans un édito au Monde : « Le cas des enseignants est symptomatique. Au premier tour de la présidentielle, 38 % d’entre eux avaient voté Macron, 24 % avaient choisi Mélenchon (selon un sondage IFOP « sortie des urnes »). Aujourd’hui, l’éducation nationale est devenue un foyer quasi permanent de contestation, malgré la perspective d’une refonte importante des rémunérations. Jean-Michel Blanquer a beau multiplier les concertations, c’est l’image d’un pouvoir dur et déshumanisé qui domine. »

Or, ces mouvements sont plutôt impulsés par la base, c’est-à-dire par ceux qui, syndiqués ou non, ne se reconnaissent plus ni dans le modèle scolaire et social imposé par le gouvernement, ni dans les plans et les méthodes de lutte impulsées par les directions syndicales. Dès le mois d’octobre 2018, l’agression d’une enseignante, menacée par une arme en plein cours, donne naissance au mouvement « #Pas de vagues », qui rencontre un écho considérable. Sur twitter, des centaines d’enseignantes dénoncent l’abandon de leur hiérarchie et l’hypocrisie du ministère, en montrant la réalité d’une école sacrifiée au bénéfice de la rentabilité. Dans la même période, l’éclatement de la crise des Gilets Jaunes, catalyseur des colères contre le gouvernement d’Emmanuel Macron, inspire les enseignant.e.s, pourtant plutôt frileux dans les premières semaines du mouvement. C’est ainsi qu’« un groupe de profs en colère » et « d’autres oubliés du ministère » créent en décembre 2018 le collectif des « Stylos Rouges ». Utilisant massivement les réseaux sociaux, les membres du collectif souhaitent voir apparaître des revendications propres à l’Education Nationale dans le mouvement des Gilets Jaunes, dont ils s’inspirent des méthodes de lutte et de communication. Sur Facebook, la page des Stylos Rouge compte aujourd’hui plus de 70 000 membres.

L’épisode de la grève du baccalauréat, qui s’organise à partir du mois de mai 2019, va accélérer et concrétiser l’organisation des enseignant.e.s en lutte. Indépendamment des directions syndicales et des organisations traditionnelles, les grévistes, appuyés par les Stylos Rouges et la « chaîne des Bahuts en lutte », créent les premières Assemblée Générales pour organiser la grève des surveillances, puis la rétention des notes et des copies du bac. C’est en Île-de-France et à Toulouse que ces AG connaissent la réalité la plus importante. A Toulouse, par exemple, plus de 800 enseignant.e.s participent à ces Assemblée Générales au plus fort de la mobilisation.L’émergence d’un mouvement enseignant fortement organisé, hors du cadre traditionnel des syndicats, pousse ainsi les directions syndicales à reconnaître la légitimité des collectifs enseignants. Le 31 mai 2019, l’intersyndicale (FSU, CGT, Sud, CFE-CGC, Snalc) signe un premier communiqué conjoint avec les Stylos rouges et la Chaîne des Bahuts, appelant « tous les personnels à poursuivre les actions locales, à se réunir en assemblées générales pour organiser la grève le 17 juin, premier jour des épreuves du baccalauréat, et décider des suites », tandis que le Snes-FSU, premier syndicat des enseignants du secondaire, est contraint de soutenir et de défendre publiquement les grévistes. Au total, c’est plus de 1 700 enseignant.e.s qui auront retenu plus de 130 000 copies, perturbant fortement les épreuves, sans parvenir toutefois à faire annuler ce premier « bac Blanquer ».

En dépit de quelques tentatives pour réactiver les Assemblées Générales de grévistes, la mise en place effective de la réforme Blanquer du lycée, à la rentrée 2019, n’a pas donné lieu à un retour massif de la mobilisation. C’est avec la réforme des retraites que les AG enseignantes sont à nouveau apparues comme un instrument d’organisation de la grève, riche de l’expérience de la lutte contre la réforme du baccalauréat.

Dans l’académie de Toulouse en particulier, le fonctionnement en AG s’est immédiatement imposé comme un cadre d’organisation privilégié pour ceux qui ont cherché à construire la grève reconductible. Organisée et animée par des enseignant.e.s grévistes, syndiqués ou non, l’AG-Educ a en effet rassemblé dès le 5 décembre plusieurs centaines de personnels de l’Education, représentatifs des différents secteurs et originaires de tout le bassin toulousain : des enseignant.e.s exerçant de la maternelle au supérieur (BTS, IUT, Université…), des titulaires, contractuels, vacataires, mais aussi d’autres travailleurs de l’Education Nationale (ATSEM, AESH, CLAE, territoriaux…). L’AG a ainsi pu, dans les premiers temps de la mobilisation, imposer plusieurs fois ses décisions quant à la poursuite de la grève, décidant notamment de la reconduction. Le 5 décembre, les 258 grévistes de l’AG ont voté à l’unanimité la poursuite de la grève pour 5 jours, appel qui a ensuite été relayé par les différentes organisations syndicales enseignant.e.s (FSU, CGT, Solidaires, FO…). Signe d’une forte aspiration à s’organiser eux-mêmes, par-delà les divisions ou les appartenances syndicales, les grévistes ont aussi tenté de faire émerger des AG locales dans le bassin toulousain (à Ramonville, à Colomiers, dans le Lauraguais, à Muret, à Auterive…), qui ont pu faire remonter leurs propositions au sein de l’AG centrale.

Parallèlement, l’AG-Educ toulousaine a aussi porté de fortes aspirations à la convergence des secteurs en lutte, participant activement à la construction d’assemblées interprofessionnelles. Une assemblée inter-professionnelle à l’échelle de Toulouse s’est réunie dès le mois de décembre, à l’initiative de la « commission interpro » de l’AG-Educ. Au contraire du cadre dit « Interluttes » pré-existant, qui ne représentait que peu de secteurs réels, et de l’Intersyndicale, cantonnée à l’appel de « temps forts », cette « Interpro » a tenté de réunir des secteurs réellement en grève
Fonctionnant dans un premier temps par délégations d’Assemblées Générales ou de syndicats là où il n’y avait pas d’AG, elle s’est étendue en janvier avec la tenue d’une AG Interpro ouverte qui a rassemblé près de 400 cheminots, avocats, profs, gilets jaunes, étudiants, travailleurs du privé… De même, dans le bassin toulousain, l’AG interprofessionnelle de Colomiers a fait office de précurseur pour le développement d’AG interprofessionnelles locales. Ces AG sont à l’origine de l’organisation d’actions communes, comme l’occupation des locaux d’AXA le 10 janvier, l’envahissement des vœux de Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, le 16 janvier, et des galeries La Fayette le 29 janvier. A Toulouse, les enseignant.e.s sont ainsi apparus comme un secteur d’avant-garde de la grève, au côté des cheminots.

L’AG-Educ : un premier pas pour que la grève appartienne vraiment aux grévistes

Exemple avancé d’organisation de la base des travailleuses et travailleurs en grève, le cas de Toulouse a montré aussi certaines limites propres aux AG éducation. Ces limites, qui ont conduit à une désertion progressive de l’AG centrale à Toulouse, doivent nous interroger sur les freins qui ont empêché l’instauration d’un véritable rapport de force dans la première phase de la grève. Si l’AG toulousaine a, au début du mouvement, imposé un calendrier dépassant les appels syndicaux (le 5 décembre, l’intersyndicale n’envisageaient la grève reconductible que comme une des « formes possibles » à la poursuite du mouvement), elle ne s’est jamais réellement pensée comme une voie alternative au programme et aux journées saute-mouton de l’intersyndicale, et en premier lieu de la direction de la FSU, premier syndicat dans l’enseignement. Dès le milieu du mois de décembre, la bataille pour imposer une véritable reconductible dans l’Education Nationale a ainsi disparu des débats. Face aux difficultés à entraîner ses collègues pour reconduire la grève sans un appel ni plan de bataille conséquent des syndicats, l’AG a glissé vers la logique de « temps forts » proposée par l’intersyndicale, qui consiste à ne faire grève qu’un (ou deux) jours par semaine, stratégie qui a déjà montré son inefficacité en 2018, lors de la mise en place de la réforme ferroviaire. Dès lors, l’AG s’est contentée de valider le calendrier proposé par l’intersyndicale, votant pour le principe une reconductible très peu suivie dans les faits, tout en proposant parfois des actions supplémentaires.

La politique menée par les directions syndicales dans la grève, n’a pas permis de radicaliser le rapport de force et a, à l’inverse, joué un rôle de contention de la colère et de sa nécessaire contagion à d’autres secteurs. En effet, les directions syndicales ne se sont pas donné les moyens de leurs mots d’ordres et n’ont pas organisé, matériellement et concrètement, l’extension de la grève et l’approfondissement du rapport de force. Elles ont privilégié une stratégie de pression par la rue, visant à mieux négocier ensuite avec le gouvernement. L’exemple de la caisse de grève est parlant. Ce sont les grévistes eux-mêmes, qui se sont organisés au sein de l’AG-Educ pour mettre en place cet outil déterminant pour maintenir le rapport de force dans la durée.Appuyés par des étudiants, ceux-ci ont pu renforcer la grève en palliant en partie les difficultés propres à la reconductible, dans un secteur où les salaires sont souvent peu élevés.

Au niveau national, la FSU, principal syndicat enseignant, s’est montrée particulièrement frileuse, n’appelant systématiquement qu’à une ou deux journées de grève, laissant le soin aux grévistes isolées dans leurs secteurs d’organiser les suites de la mobilisation. La FSU, « partenaire social » du gouvernement, a rejoint les autres directions syndicales dans la mise en place d’une « trêve de Noël » (concrètement, rien entre le 19 décembre et le 9 janvier), ne proposant aucune journée d’action pendant les congés de fin d’année. Dans les faits, cela a fragilisé le mouvement, via l’isolement de la RATP et la SNCF. Pourtant, la période des vacances scolaires aurait pu constituer un moment privilégié pour construire la convergence et la coordination avec les autres secteurs en lutte, notamment les cheminots.

Au niveau local, le cas de Toulouse est exemplaire de la manière dont les directions syndicales ont pu jouer contre les grévistes, notamment en empêchant toute convergence avec les Gilets Jaunes. A l’initiative de la direction locale de la CGT, l’intersyndicale a fait le choix de modifier l’horaire des manifestations, qui, pendant plusieurs semaines, ont commencé à 10h, alors même que les Gilets Jaunes appelaient depuis le début du mouvement à défiler à 14h.

Le plan de bataille des directions syndicales représente dés lors un élément à l’origine de l’essoufflement du mouvement dans son ensemble et, par conséquence, du découragement observé dans l’AG toulousaine. En effet, les difficultés à mobiliser des collègues non-grévistes ou à dialoguer avec d’autres secteurs pour les faire entrer en lutte ont majoritairement été analysées comme un manque d’initiative et une incapacité individuelle des grévistes à convaincre et organiser la grève au-delà de l’avant-garde déterminée présente aux AG. Petit à petit, les AG ont accepté le constat selon lequel les collègues ne suivraient pas la reconductible et n’étaient pas prêts à se lancer dans un conflit plus dur. Les actions, et en particulier les actions interprofessionnelles, ont alors été pensées comme un moyen pour remédier à la démoralisation et remplacer la grève, devenue difficile - voire impossible - sans l’appui d’un programme et d’un plan de bataille à la hauteur de la combativité de la base. On a ainsi pu assister à un détournement de l’AG-Educ vers les assemblées interprofessionnelles, perçues comme plus à même d’organiser ces actions. Les difficultés à prendre en main la grève et à proposer des orientations en propre s’observent également par le biais des AG de secteur qui se sont constituées dans la région toulousaine. Pensées avant tout comme un outil pour réunir des grévistes afin d’organiser des actions pour étendre la grève au niveau local, elles se sont, pour la plupart, fondues dans des interprofessionnelles locales.

La nécessité de se coordonner et reprendre en main le calendrier

Toutefois, l’heure ne doit pas être au découragement. Le rôle joué par la Coordination RATP-SNCF ainsi que l’entrée en scène de nouveaux secteurs stratégiques, comme les raffineries ou l’énergie, et, dans l’Education Nationale, la tenue des E3C, ouvrent des perspectives pour une nouvelle étape dans la mobilisation contre la réforme des retraites, et, plus généralement, contre le modèle social imposé par un gouvernement au service d’un monde libéral et capitaliste.

Si l’on constate qu’à Toulouse, la mobilisation contre les E3C n’a pas donné lieu à une opposition aussi spectaculaire que dans d’autres villes françaises, la dynamique de contestation reste présente (rassemblement et jet de manuels scolaires devant le rectorat le 15 janvier, blocage du lycée Saint-Sernin et piquet de grève devant le lycée Déodat de Séverac pour la tenue des épreuves mi-janvier, manifestation devant le collège et le lycée à Pins-Justaret le 6 février, démission des élus au CA du lycée Déodat de Séverac…). En réactivant les AG mises en place en juin, en les faisant tenir jusqu’au mois de février, les personnels de l’Education Nationale ont montré qu’ils étaient capable de se saisir des ressources qu’ils ont eux-mêmes construites pour continuer à organiser la lutte. De même, la construction d’une interprofessionnelle à Toulouse et dans plusieurs villes de la région démontre une véritable aspiration à la convergence, qui doit désormais s’incarner dans une politique de prise en main de la lutte par les travailleuses et travailleurs des secteurs mobilisés. La généralisation de la grève à tous les secteurs ainsi que l’organisation et la coordination des grévistes à la base sont centraux pour imposer nos revendications, car ils permettent l’émergence de forces en capacité d’imposer un rythme et un calendrier ne se limitant pas aux velléités négociatrices des directions syndicales..

L’exemple de la coordination RATP-SNCF à Paris peut dès lors être une source d’inspiration pour rompre avec la politique de conciliation, et, en fin de compte, d’encadrement et de pourrissement du mouvement encouragée par les directions syndicales. Rassemblant les grévistes indépendamment de leur affiliation syndicale, celle-ci a joué dès le début du mouvement un rôle de contre-pouvoir en imposant par exemple son propre calendrier durant la « trêve de Noël », ce qui a permis de faire durer le mouvement au-delà des fêtes de fin d’année et de conserver le moral des grévistes malgré les difficultés. Pour construire un véritable rapport de force, les enseignant.e.s ne doivent pas hésiter à mettre en place un programme et un plan de bataille alternatifs et à exiger que les directions syndicales l’appuient et le suivent. Non seulement en insistant sur les facteurs de convergence des luttes, mais aussi en appelant à une grève reconductible massive dans tous les secteurs et en rejetant toute négociation sur le dos des grévistes, seul moyen pour l’emporter face à l’offensive du gouvernement. A Toulouse, cette démarche a commencé à s’incarner dans des interventions ponctuelles, comme par exemple l’exigence auprès des syndicats, et en premier lieu la FSU, d’appeler à une grève de 72h. Plusieurs motions émanant de l’AG centrale, mais aussi des AG de secteur, ont aussi interpellé la CGT pour demander le retour des manifestations à 14h, en convergence avec les Gilets Jaunes. L’AG est-francilienne, dans un appel rédigé le 6 février, a quant à elle demandé aux directions syndicales d’appeler à une « Black Week », c’est-à-dire à une grève d’une semaine dans tous les secteurs, du 16 au 22 mars. L’expérience de ces dernières semaines a effet montré qu’avec l’appui d’un plan de bataille clair à l’échelle nationale, la mobilisation reste massivement suivie dans l’Education Nationale, et peut s’étendre à d’autres secteurs :après plus de deux mois de grève, les journées appelées par l’intersyndicale restent des temps de mobilisation importante, ce qui montre leur capacité à mobiliser et à mettre massivement en grève.

La bataille n’est pas finie. Les bilans de la première phase de la mobilisation témoignent de l’importance que les grévistes s’organisent à la base et de manière coordonnée afin de prendre en main la grève et ses rythmes, pour ne pas subir le calendrier de la défaite proposé par l’Intersyndicale, mis en place dans une logique de négociation de la régression sociale. L’émergence d’un plan de bataille débouchant sur une véritable grève générale est central pour obtenir le retrait de la réforme, et au-delà. Pour cela, il est aujourd’hui central que les secteurs mobilisés depuis le début de la bataille s’unissent, préparent et construisent ensemble cette grève générale. En ce sens, la« Rencontre nationale pour la grève générale » impulsée par la Coordination Ratp-SNCF, la CGT Raffinerie Grandpuits et la CGT Energie Paris apparaît comme l’un des premiers cadres qui tente de se donner les moyens de cet objectif et auquel les travailleurs de l’Education pourraient se lier. Les enseignant.e.s, qui représentent aujourd’hui plus de 850 000 travailleuses et travailleurs en France, doivent en effet prendre confiance en leurs forces.


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