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Bataille des retraites

Mobilisation étudiante à Brest : « ils devront nous écouter s’il y a un mouvement illimité des facs »

A Brest, après l'occupation de la fac Victor Segalen qui a été expulsée par les CRS, les étudiants continuent de structurer le mouvement contre la réforme des retraites. Une étudiante de l’université de Sciences et Techniques nous raconte comment la mobilisation s’organise.

Révolution Permanente Brest

20 février 2023

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Crédits photo : Correspondant Brest

Révolution Permanente : Comment a été impulsée la mobilisation contre la réforme des retraites à Brest ?

Depuis le début du mouvement, la mobilisation étudiante se structurait doucement dans les facs. A partir de la manifestation du 7 février, les jeunes qui étaient descendus dans la rue ont décidé d’aller occuper la fac de lettres Victor Segalen. L’université a été occupée de mardi à vendredi matin, jour où on s’est fait dégager par la police sur ordre du président de l’UBO (Université de Bretagne Occidentale).

Le lendemain, suite à la manifestation du 11 février, nous avons organisé une Assemblée Générale où se sont réunis étudiants et soutiens. Cette AG a fait un peu « polémique », car on s’est rendus à l’université Segalen pour faire l’AG dans un amphithéâtre. La police est rapidement arrivée sur la fac et nous a évacué par peur qu’une nouvelle occupation se mette en place. On est tous sortis sur le parvis de l’université, et des jeunes qui contestaient la venue de la police se sont fait gazés, frappés au visage, et un.e camarade a été embarqué. On est donc partis tous ensemble devant le commissariat pour exiger sa libération.

Révolution Permanente : Pour toi, pourquoi votre mobilisation fait systématiquement face à la répression ?

Suite à l’expulsion de l’université Segalen, le doyen de l’UBO a publié une réponse pour se justifier, en expliquant qu’il cherchait à maintenir « la continuité pédagogique ». C’est plutôt culotté, car l’université c’est un endroit où on se construit intellectuellement, mais aussi socialement, et des expériences de mobilisations comme celles-ci permettent d’éveiller les consciences. D’autant plus qu’aujourd’hui, on se mobilise contre une réforme qui va avoir un impact sur notre génération, mais pas seulement. C’est pour cela que pendant l’occupation, tout le monde était invité à participer aux Assemblées Générales, pour discuter ensemble des suites de la mobilisation.

Si on est à l’université, c’est aussi pour en apprendre sur le monde, et empêcher les étudiants de se mobiliser, c’est parce qu’il y a une certaine peur que les étudiants se rassemblent contre l’autorité. Ils savent très bien qu’on est nombreux, et quand les étudiants se soulèvent, on a une véritable force. Surtout qu’il y a la réforme des retraites, mais il y a également un ras-le-bol général contre le gouvernement, et que même si le gouvernement recule sur la réforme, on n’arrêtera pas de se mobiliser, parce qu’il y a trop de choses qui ne vont pas dans ce gouvernement. On en est conscient et on veut pas se laisser faire.

Révolution Permanente : Par quels moyens cherchez-vous à étendre la mobilisation, et comment vois-tu les suites à adopter ?

A la fac de lettres, il y avait énormément de personnes touchées car le campus était occupé. Mais dans les universités de sciences et de droit, certains étudiants n’avaient même pas entendu parler de la mobilisation ! Moi, je suis étudiante en première année de sciences à l’UBO. Avant, j’étais à Youth For Climate et c’est une expérience qui a ouvert ma conscience politique. Depuis, je n’avais pas recommencé à militer, et au début du mouvement je ne mobilisais pas car j’avais cours. Mais depuis que je suis allée à l’occupation de l’université et dans les Assemblées Générales, je me suis rendue compte que ça m’avait manqué.

Les Assemblées Générales sont des lieux de débats, où j’apprends pleins de choses, sur la vie politique mais aussi sur moi-même, sur ce que je peux faire ou pas : il y a des gens qui étaient timides au début de la mobilisation, qui aujourd’hui sont à la tribune des Assemblées Générales. Et les AGs sont très organisées, on se structure en différentes commissions qu’on réorganise tout le temps en fonction de l’évolution de la mobilisation et on a également pour projet de partager nos méthodes pour aider les autres facs à s’organiser. Il y a de plus en plus d’étudiants qui veulent entrer dans la mobilisation, et c’est important car plus on est d’étudiants mobilisés, plus on pourra avoir un impact.

Après le 16 février, on prévoit des actions pour rythmer la mobilisation. Mais personnellement, je pense que sur le long terme, si toutes les universités de France sont occupées de manière illimitée à partir du 7 mars, ils vont être obligés de nous écouter. D’une ville à l’autre et d’une fac à l’autre, c’est encourageant de voir que les autres se battent aussi, et je pense que ça pourrait engendrer une réaction de l’État. S’il y a une mobilisation générale, il ne peuvent pas rester sans rien faire.


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