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A Montpellier, FO Transports mobilise

Interview d’un syndicaliste FO en grève le 12 : « Mailly s’est déconnecté de la base »

Malgré la trahison et les moqueries de Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force Ouvrière, la fédération FO transports appelle à la grève le 12 septembre. A Montpellier, la TAM sera en grève suite à un préavis déposé par la CGT et FO. Interview d'un syndicaliste FO combatif.

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Crédits photos : Tramway de Montpellier
Propos recueillis par Dom Thomas

Le contenu des ordonnances Macron confirme les velléités anti-ouvrières du gouvernement. Au sein de ton syndicat, quelles ont été les réactions après cette annonce ?

On s’attendait à quelque chose de très dur, et on a découvert des textes qui nous renvoient un siècle en arrière. Quand on a une lecture globale des ordonnances, on peut être inquiet pour tous les travailleurs de tous les secteurs. C’est aussi le début de la fin des syndicats, une mort à feu doux : au bout de trois mandats, voire moins, le patron te met à la porte car tu l’as trop cherché pendant tes mandats. Aux prud’hommes, tes indemnités sont plafonnées : c’est évident que la relève syndicale aura tendance à être plus douce avec le patron – si relève il y a.

Ta fédération a rejoint l’appel du 12 septembre, en opposition à la ligne nationale dictée par Jean-Claude Mailly. Mardi, un communiqué de la commission exécutive a désavoué le secrétaire général. Localement, quelles ont été les réactions face à cette situation ?

Je ne te cache pas que beaucoup de militants ont été surpris. Localement on a mis du temps pour réagir pour enfin appeler à faire grève. Je trouve le communiqué de la commission exécutive assez juste et bien plus proche de notre réalité que de celle de notre secrétaire général, qui à mon avis, à force de trop négocier dans les bureaux des technocrates, a perdu la base : il s’est déconnecté. Avec tout le respect que je lui dois, il dit qu’il a sauvé les meubles… Mais si on n’a plus de quoi acheter du pain, payer son loyer, qu’on doit s’endetter jusqu’à l’os et qu’on n’a plus de toit, à quoi serviront les meubles ?

Dans ton secteur (transports publics), pour pouvoir déposer un préavis de grève, il faut le faire 14 jours à l’avance. Est-ce que tu peux nous expliquer l’impact que ça a sur votre capacité à vous mobiliser, à l’heure où la direction de la SNCF s’apprête à porter un coup très fort contre le droit de grève des cheminots ?

Une grève ça se prépare, et dans le transport public, depuis la loi 2008, les conducteurs doivent se déclarer grévistes 48h avant. Puis on est astreint à cinq jours d’alarme sociale ainsi que huit jours pour le préavis : c’est seulement le 14e jour qu’on peut finalement se mettre en grève. La date du 12 septembre a été fixée par la CGT et SUD bien avant que le gouvernement publie les ordonnances le 31 août, et vu le calendrier (conseil d’État le 22 septembre) il fallait être vigilant pour prendre position. Notre syndicat a posé une alarme le dernier jour où il était encore possible de poser un préavis. Après le 31, on espérait que Jean-Claude Mailly appelle à une grève générale, sachant qu’au moment de la loi El Khomri on a fait grève et qu’on a voté pour son abrogation lors du dernier congrès. Les ordonnances sont juste la suite de la loi travail 1, ça aurait été logique !

Quelques jours avant le 12 septembre, bien malin serait celui qui pourrait estimer l’ampleur de la mobilisation. Comment cela se passe sur ton lieu de travail ? Qu’est-ce qui est prévu pour mobiliser la base ?

J’espère qu’il y aura du monde dans la rue le 12 septembre ! De notre côté on en parle au café à la pause, et on fait des opérations mail. On verra : si les travailleurs comprennent la gravité de la situation, nous pourrons encore mettre la pression aux gouvernements. Rappelez-vous la Guyane : c’est le meilleur exemple d’une grève générale et du poids que les travailleurs ont une fois qu’ils sont réunis.

L’unité des rangs semble à la fois indispensable pour répondre aux attaques, et difficile à mettre en œuvre à échelle nationale pour l’instant. Quelles sont les réactions localement face à ce constat de division ? Et localement, est-ce qu’un large arc de résistance se forme ?

On ne devrait pas être dans le calcul de qui a négocié quoi ?! FO ou SUD ou, etc. on arrête les fantasmes de la CIA ou je sais pas quoi, le patron te virera si tu remplis ton rôle syndical et ce quelle que soit la couleur de ta carte. Les conditions de travail prendront un coup avec la suppression du CHSCT. La division fera le jeu du MEDEF. Pour l’instant les forces sont éparpillées : j’espère que le 12 sera le jour où pourra se créer un front commun des travailleurs.


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