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VIOLENCES PATRIARCALES

Morandini, journaliste bourgeois et réactionnaire de CNews, jugé pour corruption de mineurs

Ce lundi, Jean-Marc Morandini était jugé pour avoir échangé des messages à connotation sexuelle avec deux adolescents et en avoir incité un autre à se dénuder lors d'un casting. Une affaire qui illustre à nouveau l'impunité qui règne dans le milieu des médias réactionnaires, protégés par le système.

Gabriella Manouchki

25 octobre 2022

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Photo : ALAIN JOCARD / AFP

Ce lundi avait lieu le procès de Jean-Marc Morandini au tribunal correctionnel de Paris. Toujours en poste chez CNews, il a comparu pour des faits survenus entre 2009 et 2016 dans trois affaires distinctes. Dans chacune d’entre elles, le schéma est le même : il est entré en contact avec de jeunes hommes mineurs sur les réseaux, utilisant sa position de pouvoir dans le champ médiatique pour exercer sur eux des pressions visant à obtenir des images à caractères sexuel. Concernant l’affaire de 2009, il a même tendu un piège à sa victime en lui proposant de participer à un casting pour un projet - dont il n’a jamais parlé à ses proches et pour lequel il n’a pas entamé de démarches d’acquisition des droits, rapporte L’Obs.

Pendant le procès, le présentateur a osé se défendre des accusations terribles qui lui sont faites en invoquant« l’imprudence »", la « maladresse » ou encore « l’humour », ne formulant aucun regret envers les victimes qui ont eu le courage de venir témoigner à la barre. Selon L’Obs, à la question « Quand vous réclamez une photo d’un adolescent nu à 41 reprises en 50 jours, est-ce que vous estimez que c’est une blague ? » posée par la présidente du tribunal, il a simplement répondu « Oui ». Face à l’affaire du "traquenard", il a prétexté « l’oubli », expliquant qu’il ne se souvenait pas de la victime parmi la quinzaine de jeunes hommes qu’il aurait vu pour ce prétendu projet. Concernant une autre victime, il a également cherché à justifier ses actes en expliquant : « Il y a un lien qui s’est créé entre nous. Est-ce qu’il y a de la séduction ? La réponse est oui », avant de préciser qu’il avait trouvé dans les échanges à sa charge une « soupape de décompression » à ses heures d’antenne.

La défense qu’a pu tenir Morandini dans le cadre de ce procès, en lien avec la peine d’un an de prison avec sursis requise contre lui pour des faits qualifiés de « corruption de mineurs », expriment non seulement une banalisation extrême des faits qui lui sont reprochés, selon une rhétorique qui rappelle les heures les plus sombres de la télévision française, mais aussi l’impunité dont il bénéficie en tant que figure médiatique phare de l’empire Bolloré. En effet, les témoignages donnent à voir le déploiement systématique d’un dispositif de prédation, caractéristique des poids lourds de l’arène médiatique qui n’hésitent pas à utiliser leur statut de présentateur et le prétexte de situations professionnelles pour arriver à leurs fins, dans la droite lignée des méthodes que les nombreuses victimes de Patrick Poivre d’Arvor ont mis en lumière. Dès 2016, de la même manière que PPDA, il a utilisé l’arme de la plainte pour diffamation pour mettre ses victimes sous silence quand l’affaire des castings avaient été révélée - ce qui ne l’a pas empêché de rester l’une des figures principales de CNews. L’une des victimes des faits pour lesquels il est jugé a d’ailleurs choisi de retirer sa plainte « pour échapper à la pression médiatique », toujours d’après L’Obs. La peine retenue par la justice exprime de ce point de vue un net « deux poids deux mesures », quand dans le même temps Darmanin se vante d’expulser des sans-papiers au motif qu’ils auraient commis des agressions sexuelles.

Cinq ans après #MeToo, cette nouvelle affaire nous rappelle la nécessité de la libération de la parole pour la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, mais aussi de nommer clairement qui sont nos ennemis dans ce combat : le système capitaliste, son État et sa justice, qui permettent à des hommes tels que Morandini, payé par Bolloré pour marteler l’idée que les étrangers seraient responsables de "l’insécurité", d’utiliser son influence pour infliger de violences patriarcales à des adolescents.


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