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Ouvrez les frontières !

Mort d’un ressortissant français en centre de détention des services d’immigration américaine

Le communiqué de presse de l’agence de contrôle des frontières des États-Unis précise que l’homme est né en Angola, comme pour dire « ce n’est quand même pas tout à fait un Français ». Une mort qui vient s’ajouter à la longue liste des immigrés décédés en centre de détention aux USA, victimes des politiques impérialistes et anti-immigration.

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Crédit photo : U.S. Immigration and Customs Enforcement

On ne connaît pas encore l’identité exacte de l’homme, mais l’on sait qu’il avait 40 ans, qu’il était détenu depuis plus d’un mois, qu’il était de nationalité française et qu’il était né en Angola. Cette information vient même avant la mention « de nationalité française » dans le communiqué de l’ICE, l’agence de police douanière et de contrôle des frontières aux États-Unis. Rassurez-vous, semblent-ils dire, l’homme est « native of Angola » avant d’être un « citizen of France ». Une personne racisée de plus morte en détention, circulez, il n’y a rien à voir.

L’ICE, une agence de répression qui n’en est pas à sa première victime

L’ICE, ou Immigration and Customs Enforcement, n’en est pas à son galop d’essai. L’agence a été créée en vertu du Homeland Security Act de 2002, en plein boom répressif post-11 septembre. Englobant la répression de l’immigration dans la lutte anti-terroriste, comme les pays impérialistes savent si bien le faire, elle dispose de nombreux centres de détention à travers le pays, où sont enfermées environ 34 000 personnes dans l’attente de leur expulsion ou de leur procès.

Si on ne connaît pas encore les circonstances exactes de sa mort, et si on sait qu’il a été hospitalisé avant sa mort, on ne peut qu’être méfiant envers la qualité des soins qui lui ont été apportés, ainsi qu’envers ses conditions de détention, connaissant le passif de l’ICE avec les détenus malades.

L’homme est la quatrième personne à mourir dans un tel centre depuis octobre. Selon de nombreuses sources, les détenus malades sont maltraités par l’agence ; ceux qui suivent un traitement reçoivent parfois les mauvais médicaments, les malades ne sont pas traités à temps, et aucun suivi psychologique n’est prévu pour les maladies mentales, ce qui a déjà provoqué des crises de scarifications et d’automutilation chez certains patients. Des enfants non vaccinés et non pris en charge sont déjà morts de maladies que l’on sait pourtant parfaitement soigner, comme la grippe.

Bras armé de la politique anti-migrants aux USA

ICE est, depuis sa fondation, critiquée pour ses pratiques barbares. Depuis 2018, l’agence applique la politique « tolérance zéro » du président Donald Trump envers l’immigration illégale, qui prévoit notamment de séparer les familles ayant émigré ensemble ; en cas d’arrestation, les enfants sont donc séparés de leurs parents et placés dans des centres de détention pour… enfants. Si depuis Trump a signé un décret pour mettre fin à ses séparations, dans la réalité il n’est pas appliqué.

Les conditions de vie sont déplorables dans ces centres, dans lesquels, selon certaines sources, les enfants dorment sur des tapis de mousse à même le sol et n’ont accès aux douches qu’une fois par semaine. Qui plus est, aucune mesure n’est prévue pour “rendre” ces enfants à leurs parents ; pire, une enquête de l’Associated Press dévoile que certains de ces enfants sont ensuite placés et adoptés par des familles états-uniennes, leurs parents biologiques perdent alors leur garde et ne peuvent plus jamais les revoir.

Les conditions de détention ne sont pas meilleures côté adultes ; ils subissent violences et maltraitances diverses de la part des gardiens, ils n’ont pas de droits de visites, on leur refuse souvent d’appeler leurs familles ou des avocats, les non-anglophones n’ont peu ou pas d’accès à des interprètes… En moins de dix ans, 1 224 femmes ont déclaré avoir été victimes de violences sexuelles de la part de gardiens dans ces centre de détention. Seuls 2% de ces plaintes ont été l’objet d’enquêtes internes à l’agence.

Par ailleurs, comme partout, la police devient rapidement le bras armé du capital contre l’organisation des travailleurs. Ce fut le cas cet été, quand des travailleuses immigrés et fraîchement syndiqués d’une entreprise agroalimentaire du Mississipi ont gagné leur procès contre leur employeur, qu’elles accusent de harcèlement sexuel. Juste après cette victoire, les services de l’immigration et des douanes ont effectué la plus grande descente sur un lieu de travail de l’histoire des États-Unis.

L’an dernier, l’ICE a arrêté 140 travailleurs syndiqués d’une usine d’emballage de viande dans l’Ohio, une semaine seulement après que celle ci ait été condamnée à verser une amende de plus de 200 000 $ pour du matériel dangereux ayant causé la mort d’un travailleur sans papiers.

Contre la politique criminelle anti-migrants, une riposte populaire et ouvrière est nécessaire !

La mort de cet homme est un illustration de plus de la barbarie de ces politiques anti-immigration répressives, que ce soit aux État-Unis ou en Europe, qui compte aussi bon nombre de centres de rétentions qui n’ont rien à envier aux centre de l’ICE. Aux États-Unis, l’opposition à cette politique et forte, et s’incarne dans des tentatives de blocage des centres, pour empêcher les agents de l’ICE d’opérer, mais aussi par des exemple encourageants d’organisation des ouvriers en solidarité aux migrants. Les travailleurs de l’usine Wayfair, qui produit du mobilier, se sont ainsi mis en grève lorsque leur patron a signé un contrat avec l’ICE pour produire leur mobilier carcéral.

Le période de lutte qui s’est en train de s’ouvrir contre la politique anti-immigration et la recrudescence de l’impérialisme américain, peut non seulement accélérer l’usure de la stabilité du gouvernement Trump, mais aussi poser les bases – tel que l’ont montré les travailleurs de Wayfair – pour l’unification de la classe ouvrière américaine, dont une grande partie est issue de l’immigration ; elle peut ainsi lier la lutte contre sa propre exploitation à l’internationalisme, et donc à la lutte contre l’impérialisme américain.


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